Un processus électoral libre, transparent et surtout apaisé est gravement mis en danger par les agissements négatifs ou mauvaises pratiques de médias, de partis politiques, de candidats et d’ autorités politico-administratives qui se livrent à des incitations à la haine et à la violence, des discours divisionnistes et manipulatoires dans leur propagande électorale et dans les médias, à divers abus et violations des règles du jeu de la compétition électorale, à des violations des droits de l’homme et des libertés fondamentales, etc.

Ces agissements négatifs peuvent compromettre le processus électoral et engendrer de graves tensions et même des conflits violents. C’est pourquoi  il est indispensable, pour la société civile et les organisations de femmes, non seulement de surveiller, mais aussi de prévenir ces discours d’incitation à la haine et à la violence et les autres abus et pratiques dommageables en période électorale à travers la mise en oeuvre de plusieurs activités ou mécanismes de prévention de la violence électorale

  1. L’EVALUATION DES RISQUES DE VIOLENCES ELECTORALES DANS LES CIRCONSCRIPTIONS ELECTORALES
  • En utilisant l’outil de prévention « Cartographie des partis politiques implantés dans la circonscription de ……………………………….. » en vue de l’évaluation des risques de violences électorales, il est possible de prévenir la survenance de différents incidents (discours de haine, incitation ou usage de la violence, etc.).

 

  1. LA MISE EN PLACE D’UN RESEAU D’OBSERVATRICES DU PROCESSUS ELECTORAL

La CENI   a planifié la tenue des élections  pour le 23 décembre 2018. L’Observatoire de la parité veut donc impliquer en grand nombre les femmes dans ce processus électoral non seulement en tant qu’électrices et aussi candidates, mais aussi en tant que observateurs ou plutôt observatrices (à long ou court terme des élections.

Par un Communiqué CENI 030/CENI-RDC/18, la CENI a annoncé le début de l’opération d’accréditation des observateurs nationaux et internationaux (et aussi témoins, journalistes, etc.) du processus électoral en cours. Ce processus est essentiel et les femmes doivent absolument s’y impliquer. Les observateurs court terme sont actifs essentiellement le jour des élections. Notons que le processus électoral, déjà largement entamé, ne se limite pas au jour du scrutin, et que les observateurs long terme doivent, eux, surveiller l’ensemble du cycle électoral, ce qui inclut des questions à long terme essentielles pour l’intégrité des élections comme l’inscription des électeurs, l’enregistrement des partis politiques et des candidats, la campagne électorale, le respect des droits de l’homme (y compris la participation des femmes et des minorités), le rôle des médias, le vote, le dépouillement, la compilation des résultats et le contentieux. Une bonne observation de toutes ces opérations électorales peut permettre d’éviter les contestations et donc les risques de violences électorales. Malheureusement jusqu’à ce jour, la CENI n’a pas favorisé l’accréditation de ces observateurs à long ter

Pour connaître les modalités d’accréditation des observateurs-trices nationales, CLIQUEZ ICI.

  1. LA FORMATION D’UN RESEAU D’OBSERVATEURS-TRICES DE LA SOCIETE CIVILE SPECIALISE(e)S DANS LA SURVEILLANCE/ALERTE PRECOCE DES INCITATIONS A LA HAINE ET A LA VIOLENCE ET AUTRES MAUVAISES PRATIQUES DANGEREUSES

Un tel  réseau d’observateurs-trices électoraux de la société civile, spécialisé dans le monitoring des incitations à la haine et à la violence et des autres mauvaises pratiques dangereuses pour le processus électoral apaisé et pour la paix sociale, est d’une nécessité primordiale en RDC. La mise sur pied d’un tel réseau implique non seulement le recrutement d’un grand nombre d’observateurs-trices, mais aussi leur formation à  la méthodologie de surveillance/alerte précoce (monitoring/early warning) :

  • des incitations à la haine et à la violence, des discours divisionnistes et manipulatoires de partis politiques et des candidats y compris à travers les médias
  • du non respect de la loi électorale et des obligations figurant dans le Code de bonne conduite des partis politiques, des regroupements politiques et des candidats aux élections
  • des violations des droits de l’homme liées à la période pré-électorale, particulièrement la violation des libertés fondamentales, comme la liberté de réunion, d’expression, de manifestation, etc. dont les autorités politico-administratives, le secteur de sécurité (Police, FARDC, Agences de renseignements, etc.) peuvent être rendus responsables

Aujourd’hui, une telle formation ne nécessite pas nécessairement l’organisation d’ateliers (très coûteux et qui ne touchent qu’un nombre limité d’apprenants le plus souvent dans les grands centres urbains) mais peut se réaliser très aisément grâce aux NTIC via un smartphone et une connexion Internet (comme le fait déjà l’Observatoire de la parité à l’intention des femmes candidates à travers sa Clinique électorale en ligne).

 

La mise en place d’un tel réseau SentinELLES des élections a été proposée par l’Observatoire de la parité (CLIQUEZ ICI) mais n’a pas rencontré jusqu’à présent l’attention et l’intérêt des partenaires techniques et financiers. Ce type de réseau a pourtant déjà été mis en place à l’occasion des élections dans plusieurs pays africain sous la forme de WOMEN’S SITUATION ROOM ou salles de gestion de crise pour les femmes promouvant des élections pacifiques en Afrique

 

  1. LA PRODUCTION ET LA DIFFUSION DE PROGRAMMES RADIOPHONIQUES D’INFORMATION ET DE SENSIBILISATION A LA RESISTANCE AUX DISCOURS D’ INCITATION A LA HAINE ET A LA VIOLENCE

Les médias peuvent jouer un grand rôle pacificateur. Par ex. en RDC lors des élections de 2011, La Benevolencija/RDC a produit une série de sketches « Wenye kiu » (Les assoifés) traitant en profondeur des thématiques telles que les conséquences dangereuses de l’incitation à la violence, les diverses formes dans lesquelles le discours de haine s’exprime durant la campagne électorale, la non acceptation des résultats de l’élection et ses graves dangers, etc. Tous ces programmes avaient pour objectif  de doter les auditeurs de connaissances, notamment sur les règles du jeu électoral, leur permettant d’adopter une attitude critique et de désapprobation face aux mauvaises pratiques des partis politiques et candidats, des médias, des autorités et surtout de se comporter en « témoins actifs » capables de réagir et de contrecarrer les incitations à la haine et à la violence et autres mauvaises pratiques. Ces programmes ont été diffusés hebdomadairement par les 30 radios partenaires de La Benevolencija au Nord et Sud Kivu, au Maniema et en Province Orientale.

Des sessions de formation à l’intention des journalistes peuvent aussi être organisées afin, entre autres, de prévenir la diffusion de discours d’incitation à la haine et à la violence et de les préparer plutôt à organiser le débat électoral démocratique et pluraliste sur leurs antennes.

  1. LES ACTIVITES DE PREVENTION A TRAVERS L’ORGANISATION DE TABLES RONDES  ET DE SESSIONS DE FORMATION SUR « CONNAITRE LES REGLES DU JEU ET LES RESPECTER »

Des Tables Rondes peuvent être organisées réunissant les autorités politico-administratives, la Police Nationale, les autorités judiciaires, les institutions d’appui à la démocratie concernées par l’exercice des libertés publiques (la CENI, l’instance de régulation des médias, etc. ), les partis politiques candidats aux élections, les médias (les chaines de radio locales ), les organisations locales de défense des droits de l’Homme, les organisations de femmes, etc.

Les objectifs poursuivis par de telles Tables Rondes sont :

  • Faire connaître « les règles du jeu électoral » :
    • les dispositions Constitutionnelles, légales et de bonne conduite existantes  dans le pays sur les pratiques dommageables pour le processus électoral : discours d’incitation à la haine (hate speach) et à la violence,  utilisation de la violence  (actes de vandalisme à l’égard des symboles des partis politiques adverses, constitution de milices ou de groupes paramilitaires, etc.)
    • la règlementation régissant l’activité des médias en période électorale
    • les libertés publiques, les droits et devoirs fondamentaux du citoyen lois dont le respect est essentiel en période électorale : libertés d’association, d’expression, de manifestation et réunion pacifiques, de presse , etc.
  • Présenter les différents mécanismes de régulation et d’autorégulation : le pouvoir judiciaire, les institutions d’appui à la démocratie (CENI, Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication, etc.) disponibles pour réagir aux mauvaises pratiques et sanctionner leurs auteurs.
  • Examiner les voies et moyens permettant, dans la ou les circonscriptions concerné.e.s, de prévenir ou de faire cesser des incitations à la haine et à la violence, des violations des libertés fondamentales.
  1. LA MISE EN PLACE PAR LES PARTIS POLITIQUE EN COMPETITION D’UN COMITE DE MEDIATION OU DE FAIR PLAY ELECTORAL

Ce type de comité est prévu en RDC par le Code de bonne conduite des partis politiques pour:

  • Renforcer une atmosphère de confiance et de paix en vue de l’aboutissement heureux du processus électoral;
  • Aider à la prévention et à la résolution pacifique des conflits et incidents électoraux entre partis politiques.

Par exemple, lors des dernières élections, le Comité de médiation de la circonscription de Goma a, lors de sa première réunion, débattu d’un incident électoral très fréquent, l’arrachage des affiches, calicots, drapeaux, etc. des partis adverses. Les partis politiques présents, tant de la majorité que de l’opposition, ont adopté une Déclaration commune à diffuser dans les médias dans laquelle ils demandent à leurs membres, militants, supporters, etc. de ne plus arracher les symboles des partis politiques adverses. Les organisations de femmes peuvent être à la base de la création de tels Comités

  1. UNE « SEMAINE POUR LA PAIX ELECTORALE »

La période de publication des premiers résultats provisoires des élections par la Commission électorale est souvent celle de la contestation post-électorale et donc la semaine de tous les dangers pour le pays et sa population. L’avenir est incertain et dangereux. Chacun des candidats, sûrs d’avoir gagner, se préparent « à ne pas perdre » et donc à contester le scrutin. On peut craindre que cette contestation ne se fasse pas par les voies légales et pacifiques mais par la violence.  Les ONGs locales, la société civile, les Eglises et surtout les simples citoyen.ne.s redoutent l’embrasement général et les violences post-électorales. C’est le moment de lancer d’urgence, avec l’appui des médias, une  « Semaine pour la paix électorale » visant à diminuer les très grands risques de violences post-électorales qui pourraient éclater.  Cette  » Semaine pour la paix électorale » , de sensibilisation de la population à travers les médias, consistera, entre autres, à encourager toutes les radios à lancer sur leurs ondes des appels :

– Appel à  l’acceptation des résultats par les candidats, les partis politiques et leurs supporters  ou à leur contestation pacifique et légale

–  Appel au calme et à la non violence,  à tous ceux qui seraient tentés d’exprimer leur déception, mécontentement, frustration par des actes de violence et de vandalisme

–  Appel à la neutralité des forces chargées du maintien de l’ordre et  à un usage non excessif de la force et des armes à feu lors d’éventuelles manifestations publiques, etc.

En vue de soutenir et faciliter la diffusion sur leurs ondes de ces différents appels pour un climat post-électoral apaisé, les radios de la RDC pourraient, durant toute cette semaine, trouver et télécharger sur un blog ou un site web www.paixelectorale.net différents documents, suggestions de programmes, ainsi que des sketches, spots et autres productions  « pacificatrices ».