Comme beaucoup de parents, Lynne Polvino aide sa fille Hazel, 6 ans, à faire ses devoirs. Mais le 23 mai dernier, cette mère est tombée sur un exercice assez dérangeant. On demandait aux enfants de compléter un texte avec les mots manquant. Le problème, c’est que l’histoire comportait des clichés sexistes. Elle raconte la vie d’une petite fille nommée Lisa, qui est triste parce que sa mère retourne au travail, ce qui engendre plein de problèmes en conséquence à la maison… Par exemple, à cause de cette situation, le papa doit cuisiner. Sauf que bien évidemment, il n’est pas doué à ça. Agacée par cet exercice, Lynne Polvino a décidé de le publier sur Facebook…. Mais elle ne s’est pas arrêtée là, car elle a également proposé une version réécrite de l’énoncé, de manière non-sexiste !

Dans la version originale, on peut par exemple lire : « Ce matin était horrible. Lisa devait arriver à l’école à l’heure. Son père devait arriver au travail à l’heure. Maintenant, sa mère était aussi dans le rush. Le père de Lisa a fait le petit-déjeuner, mais il n’était pas vraiment bon. Il a demandé à Lisa de faire la vaisselle. Elle n’a pas vraiment aimé non plus. »

Donc si on comprend bien, quand la maman travaille, ça ne se passe plus bien du tout à la maison. Sympa. Heureusement, l’histoire se finit bien car elle revient plus tôt de son emploi pour passer la soirée avec sa fille. Quelle est cette morale ?!

La version corrigée par Lynne Polvino présente un tout autre message : « La matinée s’est très bien passée. Lisa devait arriver à l’école à l’heure. Sa mère devait arriver au travail à l’heure. Son père est en congé paternité pour s’occuper du petit frère de Lisa et contribuer à l’égalité de la répartition des tâches ménagères. Personne n’était dans le rush parce que le papa avait tout sous contrôle. (…) Il a fait laver la vaisselle par Lisa, car tous les êtres humains devraient apprendre à nettoyer leurs affaires et celles des autres. (…) Le soir, sur le chemin du retour à la maison, elle a pensé : « Je me demande si je deviendrai ingénieure comme maman quand je grandirai, ou prof ou quelque chose d’autre encore. Je peux faire tout ce que je veux ! (…) Lisa était contente de grandir dans une société libérée de sexisme et de misogynie. »

Interrogée par Pride qui relaie l’histoire, la mère à l’origine de ce post Facebook explique son mécontentement : « À notre époque, continuons-nous à dire aux enfants que les femmes qui travaillent en dehors de la maison rendent leur famille malheureuse ? Et que les pères ne font habituellement pas des tâches telles que la cuisine ou la vaisselle ? »

Car on ne le dira jamais assez mais les représentations stéréotypées ont un impact sur les enfants et sur la société en général. Dans un article de Justine publié en juillet 2016, on pouvait lire :

« Psychologiquement, la menace du stéréotype est dangereuse : l’une de ses conséquences peut être le désinvestissement des personnes stigmatisées dans certains domaines. 

Pour les chercheur•ses, cela peut expliquer en partie pourquoi les filles se tournent moins vers les filières scientifiques, ou pourquoi certains groupes sociaux subissent des échecs académiques importants. » L’important est donc de toujours faire attention à présenter des schémas différents et non de répéter encore et encore des stéréotypes !

 

Par Anouk Perry | 2 juin 2017 |