Pourquoi un web magazine ou un magazine que l’on peut lire « en ligne » (online) sur internet ? Pourquoi pas plutôt une radio communautaire ou de proximité centrée sur le genre ? Y aura t-il un public, une audience pour ce nouveau type de média en ligne accessible seulement à travers l’internet ? Ces questions nous sont souvent posées. Nous y répondons en expliquant quels avantages offre un « magazine en ligne » par rapport à un « magazine papier » ?

  • Un web magazine est peu coûteux pour le producteur puisque l’Internet a permis de diffuser plus facilement des informations. La création et la mise à jour régulière d’un site ou blog web, propulsé par WordPress, comme c’est le cas pour « Debout Congolaises ! » sont considérablement moins coûteuses que la publication d’un périodique papier ou la gestion d’ une radio associative ou communautaire.
  • Un web magazine est peu coûteux et même gratuit pour les lecteurs et lectrices ou plutôt pour les internautes puisque l’accès à un web magazine peut se faire sans paiement via un smartphone, une tablette, un laptop ou un desktop.
  • Un web magazine est accessible à un public qui s’élargit rapidement de plus en plus aujourd’hui, particulièrement celui des jeunes et des jeunes filles.
    • Une étude du cabinet Deloitte, datant du lundi 16 février 2015, met en avant le fait que l’Afrique compterait, d’ici 2017, près de 350 millions de smartphones connectés. « Le marché est stimulé par une forte croissance des économies africaines et catalysé par l’arrivée des smartphones low cost qui démocratisent l’accès au numérique», explique le cabinet dans un communiqué envoyé à l’AF
    • Pourtant, Denis Verloes, de TV5 Monde souligne le fait que « l’Afrique n’est pas en avance, comme certains peuvent le croire. Mais ils ne passeront pas par l’écran d’ordinateur que nous connaissons. Ils n’ont pas de réseau suffisant pour cela, ils vont donc directement faire le saut entre la télé et des supports de type mobile, qui, pour 100 euros et un peu de prépayé en Afrique permettent d’accéder à la télé via le mobile, découpé en tronçons, en petits sujets ou petites vidéos… Ils ne passeront pas par le web sédentaire, ils vont directement sur le web mobile »[1].
    • Selon une autre étude portant sur la RDC “ Media and telecoms landscape guide – DRC” les médias en ligne encore peu utilisés vu la faible pénétration d’internet ont quand même un avenir certain : « Relatively few Congolese have access to the internet. It remains the exclusive preserve of the educated urban elite. The International Telecommunications Union (ITU) www.itu.int estimated that only 1.2% of the population used the internet in 2011. The minority who do go online are enthusiastic users of social media, especially Facebook. There were 848,000 Facebook users in DRC in November 2012[2], according to the internet traffic analysis website www.socialbakers.com[3].
    • Une autre étude congolaise de la société Target confirme la tendance de l’augmentation de l’accès à l’internet via les smartphones : « RDC : 84pc des Congolais accèdent à Internet sur support mobile» : « 459 panélistes congolais ont répondu au cours d’une période de deux mois à un questionnaire en ligne sur leurs habitudes sur Internet. Cette étude riche en enseignements montre que 84% des internautes sondés consultent Internet sur un support mobile (smartphone ou tablette). 29% des participants ont affirmé consulter internet via un ordinateur portable ou fixe d’un cybercafé, tandis que 21% consulte internet via un ordinateur fixe ou portable du bureau. ».

La  pénétration très forte et rapide des smartphones en RDC permet donc de penser que la lecture de la presse en ligne est le moyen par lequel les congolais(e)s accéderont le plus facilement à l’information (et même à la connaissance en général). Ne pas recourir à ce (multi)média d’avenir, c’est rater, entre autres pour les femmes et les filles, une énorme opportunité offerte par les TIC.

  • Un web magazine qui est donc multimédias permet d’aller très en profondeur sur un sujet. En cliquant sur les liens dans un article traitant d’un sujet le lecteur ou la lectrice va pouvoir se rendre sur un site web spécialisé sur ce sujet, ou sur un article abordant la même problématique ou encore écouter une interview d’un(e) expert(e) ou regarder une vidéo via YouTube, etc. Cette navigation ou surf sur Internet n’est pas possible ni en presse écrite ni en radio mais est extrêmement facile et enrichissante grâce à un web magazine multimédias bien conçu.
  • Un web magazine facilite fortement la réactivité et l’interactivité puisque le lecteur peut réagir à un article, laisser un commentaire, s’abonner à un bulletin d’information, une newsletter qui seront envoyé sur son appareil pour l’avertir de nouvelles publications ou posts sur le magazine. Des articles, des reportages audio ou vidéo peuvent même être envoyés à la rédaction du web magazine par des journalistes/correspondants/pigistes se trouvant même dans des endroits reculés du pays pourvu qu’ils aient accès à une connexion internet (ce qui devient de plus en plus facile grâce, entre autres, au modem miniature et au smartphone).
  • Un web magazine permet facilement à l’internaute de s’engager dans des actions citoyennes qui lui sont proposées et qui peuvent être très variées : s’abonner, se faire membre, signer une pétition (via Avaaz ou change.com), mais aussi envoyer un email ou un texto à une autorité, etc. « Debout Congolais(e)(e) » entend recourir régulièrement à ces méthodes modernes de mobilisation grandement facilitées par les NTIC et s’inscrit donc dans le courant de la « citoyenneté numérique », c’est-à-dire l’exercice d’une citoyenneté active recourant aux outils numériques et aux réseaux sociaux. A titre d’exemple, en 2017-2018, le projet « SentinELLES » de surveillance citoyenne du processus électoral,à travers un réseau d’alerte précoce sur les « pratiques néfastes » en période électorale (incitations à la haine et à la violence, infractions à la loi électorale, non-respect du code de conduite des partis politiques, violations des libertés publiques, etc.), pourra être facilement mis en œuvre par « Debout Congolaises ! » en utilisant un logiciel ou une application d’action citoyenne tel que Ushahidi[4].
  • Un web magazine « Debout Congolaises ! » peut être produit à bas coûts par des femmes journalistes formées et équipées pour la pratique du « journalisme multimédia » et du «  journalisme mobile » (mobile journalism / MoJo).

Le numérique bouleverse le métier du journaliste et oblige les médias traditionnels à s’adapter. De nouveaux médias et de nouveaux métiers appellent inévitablement de nouvelles pratiques professionnelles, qu’elles soient journalistiques et techniques. Les femmes journalistes congolaises ne doivent pas être marginalisées mais doivent participer à cette évolution et maîtriser les technologies de l’information et de la communication afin de proposer une nouvelle offre d’information au public en déclinant un contenu sur plusieurs supports. Aujourd’hui en effet, sur internet, une même information peut se décliner en texte, enrichi par un contenu photo, audio et vidéo ce qui s’appelle du « journalisme multimédia ». Le journalisme multimédia peut aujourd’hui se combiner avec le « journalisme mobile ». De quoi s’agit-il ? Alors que la consommation d’information sur mobile va en augmentant et que le smartphone sera bientôt dans (presque) toutes les poches, surtout celles des jeunes, pas seulement en Europe mais même en RDCongo, les journalistes semblent encore à la traîne lorsqu’il s’agit d’utiliser leur téléphone comme un outil professionnel de production. Le « journalisme mobile » consiste justement à utiliser toutes les possibilités offertes par un smartphone (ou une tablette). Tourner et monter une vidéo ou enregistrer et monter une interview audio sur son téléphone intelligent (smartphone) est aujourd’hui facilement réalisable, en utilisant un kit d’iReporter comprenant un smartphone, des applications (souvent gratuites) de prise de photos, de filmage vidéo, d’enregistrement audio, de montage, de mise en ligne, etc. ainsi que des accessoires (pied, microphone, rallonge, etc.) peu coûteux.

 

Le déficit d’information et de formation sur les outils du  Journalisme multimédia  et du  Journalisme mobile  est encore trop grand en RDC, particulièrement pour les femmes, raison pour laquelle une formation  en ligne en « Journalisme multimédia » et en « Journalisme mobile » sera proposée, au démarrage,  aux journalistes de la rédaction et au:x correspondantes provinciales du  web magazine « Debout Congolaises ! » qui se veut donc un média-école ou un web magazine-école qui permettra aux femmes journalistes de comprendre et de participer à l’évolution des médias d’informations numériques, de maîtriser les outils et la production de contenus multimédia sur internet.

 

NOTES

[1] http://journalismemobile.com/lafrique-eldorado-du-mobile/

[2] Ces chiffres datant de 2011-2012, on peut  considérer qu’ils doivent être revus fortement à la hausse en 2016.

[3] Cette étude ajoute d’autres précisions : Like most Congolese media, the majority of local news websites are highly politicised. They also range dramatically in quality. There are very few stand-alone news and current affairs websites which are not aligned with a particular political camp  Many news websites trade in rumours presented as fact, especially those managed by the Diaspora. The internet is widely used by Congolese emigres to keep in touch with events back home. There are no reliable figures for the number of Congolese living abroad, but the International Organisation for Migration has estimated that they number between three and six million.. Most live in other African countries, but there are also a large number in France and Belgium.

[4] Ushahidi utilise le concept de crowdsourcing au service de la cartographie sociale. La plateforme collecte des témoignages envoyés par courrier électronique et SMS, et les place sur une carte accessible en ligne.