En Province du Tanganyika, la violence interethnique et les affrontements entre l’armée régulière et les milices ont entraîné le déplacement de 717.000 personnes. Parmi elles, Pascaline, 18 ans, était bien loin d’imaginer dans quelles circonstances auraient lieu son premier accouchement.

En juin 2016, Pascaline, son époux et sa belle-mère décident de quitter le village de Milambwe, situé à 50 kilomètres de la ville de Kalemie, pour sa cacher en forêt. Deux mois après leur départ, Pascaline constate l’absence de ses règles et en parle avec son mari. Il pensait que cela avait été provoqué par le traumatisme vécu par Pascaline avant la fuite.

« Trois semaines plus tard, je n’avais toujours pas mes règles… Inquiète, j’ai interrogé ma belle-mère qui m’a dit que je pouvais être enceinte. J’avais peur et je ne pouvais pas consulter un personnel de santé pour confirmer ma grossesse… Chaque semaine, je constatais que mon ventre durcissait… J’étais vraiment enceinte ! J’étais angoissée et très inquiète. Nous vivions dans des conditions non-hygiéniques, ce qui faisait courir un grand risque pour mon bébé et moi-même. Heureusement, ma belle-mère me donnait des conseils pour que ma grossesse se passe bien : travaux à éviter, aliments à éviter, tisanes pour les douleurs de dos, etc. J’appliquais les conseils de ma belle-mère, devenue ma sage-femme improvisée, sans réellement savoir comment évoluait ma grossesse. »

Pascaline, qui n’avait que 17 ans, était bien loin d’imaginer dans quelles circonstances aurait lieu son premier accouchement.

« En mars 2017, j’ai commencé à sentir de légères douleurs au bas ventre. Les contractions ont alors commencées. A chaque contraction, un cri déchirant sortait sans que je puisse le contrôler.  Cela a duré pendant 3 jours ! C’était insupportable. C’est au quatrième jour que les contractions étaient maximales. Après quelques poussées, bébé Simonie était là ! Le cordon a été coupé à l’aide d’un couteau tranchant, dont les conditions hygiéniques laissaient à désirer… Dieu seul sait comment l’enfant et moi  n’avons pas attrapé d’infection. »

Durant quatre jours, Pascaline a fait face à des douleurs atroces dans la forêt. La jeune fille qui rêvait d’une première grossesse encadrée sous la garde d’un personnel soignant qualifié a accouché sur botte de paille au fond de la forêt.

Pour chaque enfant, une chance de vivre

Bien que la RDC ait fait des progrès considérables en termes de réduction du taux de mortalité infanto-juvénile, qui est passé de 148 pour mille naissances vivantes en 2007 à 104 en 2017, le nombre de décès des nouveau-nés reste élevé. La situation est aggravée entre autres par les conflits et les crises qui empêchent les femmes enceintes de recevoir des soins de santé appropriés pendant l’accouchement.

Au Tanganyika, les conflits interethniques ont un impact dramatique sur la santé des mères et des enfants. La destruction de 30 structures sanitaires a réduit l’accès aux soins de santé pour la population affectée par la violence.

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SOURCE : PONABANA 

Basile Lange

Basile Lange est licencié en planification et organisation sociale de l’ISDR de Bukavu. Après 10 ans passés en tant qu’animateur communautaire dans la zone de santé urbaine de Lemba, ville province de Kinshasa, il est aujourd’hui Administrateur à la communication pour le développement au sous Bureau Unicef Kalemie.