Les femmes congolaises ont un pouvoir économique très  faible.  Ceci est dû au fait qu’un grand nombre de femmes sont au chômage. Ainsi certaines, pour pallier à cette faiblesse, se mettent à leur compte et créent des micro- structures  en vue de leur autonomisation économique.  Malheureusement nombre d’entre elles, connaissent plusieurs difficultés pour maintenir leur petites entreprises à flot.

« Nous croulons sous des taxes de toutes formes »  dit Madame Mbuyi  Jina  une menuisière  à son compte.  Une autre femme détentrice d’une boutique  d’’habillements  renchérit : «  la grande difficulté que nous rencontrons c’est la multiplicité des taxes. Parfois une même taxe nous la payons plusieurs fois ».  Ceci démontre  de quoi souffrent les micros entreprises  et surtout celles dirigées par des femmes.

Sur 240 femmes interrogées lors d’une enquête menée par ESSOR et UCOFEM à Lubumbashi 90% d’entre elles ont fustigé les tracasseries dont elles sont victimes. «  Parfois tu peux te retrouver avec  5 services au même  moment », dénonce  Rachel Kayombo une détentrice  d’un salon de coiffure dans la commune Kenya à Lubumbashi.

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Témoignage de Rachel

Il faut dire que ces préoccupations ne sont pas le seul apanage des femmes. Tous les tenanciers de petites structures  sont victimes de tracasseries  de la part des services de l’Etat.  Mais il faut dire que les femmes sont plus victimes car nombre de ces services, savent qu’elles sont moins informées sur les taxes qu’elles doivent payer. C’est d’ailleurs ce que confirme Monsieur Albert  Kalonji de l’ONG GERME : «  Les femmes sont souvent ignorantes des  démarches administratives  lors de l’ouverture de leur commerce. De plus elles ne connaissent rien aux taxes qu’elles sont censées payer. » Et d’ajouter : «  elles ont en plus un pouvoir de négociation très faible ».

Il est vrai que tout bon citoyen doit payer ses taxes, mais il est aussi vrai que trop de taxes tuent les taxes. Ce qui entraîne  souvent une fraude fiscale. Car les femmes se voyant acculées par des taxes préfèrent soudoyer le représentant de l’Etat.  « Moi par moment je suis obligé de corrompre pour que mon commerce ne soit pas fermé » dit madame  Kapinga   Albertine détentrice d’un dépôt de bière  au quartier Kasungami.

Ainsi pour Monsieur Albert, les femmes doivent suffismment être  informées sur les taxes qu’elles doivent payer. Il préconise des formations  et des sensibilisations à l’endroit de la femme entrepreneure.  Mais surtout une sensibilisation  de tous ces services des impôts. Les taxes pour chaque catégorie  ainsi que le montant à payer devront être affichés. Pour les petites structures, l’affichage devra se faire à la commune.  Autre chose les femmes doivent savoir exiger des documents lorsqu’elles doivent payer telle ou telle taxe. Au besoin, au lieu d’attendre que les services viennent auprès d’elles  pour percevoir l’argent, elles doivent prendre le devant et payer  au guichet  des  services concernés. Ce faisant elles ne pourront pas être  tracassées à longueur  de journée comme c’est le cas à l’heure actuelle.

Il faut aussi dire que l’Etat doit prendre des mesures concrètes pour favoriser un bon climat des affaires même pour ces petites structures qui contribuent un tant soit peu à l’économie du pays. Et permettre ainsi une autonomisation de la femme.   Ceci ira dans le sens de la  loi numéro  15/013 du 1er août  2015  portant modalités d’application des droits de la femme et de la parité qui  fustige toute pratique néfaste à l’endroit des femmes. L’article  9 stipule «  l’Etat prend des mesures pour éliminer  toute pratique néfaste aux droits  de la femme en matière de  droits à la propriété , a la gestion , a la jouissance  et à la disposition des biens ». Le  protocole de la SADEC sur le genre et le développement  abonde dans le même sens en son article 17,  alinéa  1 qui exige des Etats membres d’adopter des lois et des mesures en faveur de l’entreprenariat.

La RDC a donc intérêt  à favoriser  l’autonomisation des femmes.  Les agents  des services de l’Etat chargés de percevoir les taxes ne doivent pas faire crouler les femmes en ne  leur faisant payer des taxes non existantes et éviter toutes tracasseries. Car  un pays ne pourra jamais  vivre une réelle émergence sans l’apport des femmes.

Godlive Nyemba

Correspondante Debout Congolaises Lubumbashi