« Participer aux élections ! Mais quand auront-elles lieu ces élections ? » Voilà la question que posent aujourd’hui beaucoup de congolais.es. La difficulté d’y répondre a pour conséquence un terrible danger. Dans le doute quant à la date de la tenue de ces fameuses élections, le risque est grand , en effet, de se démobiliser et d’attendre. L’Observatoire de la parité veutr combat ce risque de l’attentisme et rejoint sur ce point la position de la Lucha. Dans une déclaration, lue devant la presse locale à Goma, où le mouvement est basé, ses membres ont rappelé, le 22 février, que le mandat du président Joseph Kabila avait expiré il y a 60 jours et celui des députés il y a une semaine. Pour eux, le pays se retrouve désormais « sans aucune institution légitime ».[…]L’accord de la Saint-Sylvestre a reporté la présidentielle à la fin de l’année 2017, soit une année après le terme du mandat de Joseph Kabila. Un « moindre mal », pour Fred Bauma, l’une des figures emblématiques de la Lucha. C’est pourquoi le mouvement citoyen, même s’il considère que cet accord a violé la Constitution, a pris acte de ce compromis politique trouvé. « La Lucha exige le retour à l’ordre constitutionnel avant la fin de l’année 2017, par des élections présidentielle, législatives, provinciales et sénatoriales transparentes et démocratiques », souligne le communiqué. L’Observatoire de la parité partage cette position, veut aussi que les élections se tiennent en 2017 et veut surtout que la femme congolaise soit la grande gagnante de ces élections. Mais ATTENTION ! Il reste aujourd’hui moins de 10 mois pour encourager et préparer les femmes à participer à ces élections, une participation MULTIFORME. En effet participer aux élections, cela se fait de bien des manières.

Participer comme électrice 

Evidemment. Mais cela ne se fait pas tout seul. Il faut que les femmes s’enrôlent massivement. Cette opération est en cours dans plusieurs provinces, avec un succès mitigé quant à l’enrôlement des femmes comme l’a révélé le président de la CENI lors d’un échange sur le processus électoral avec quatre regroupements de femmes.  La responsabilité en incombe principalement à la CENI qui n’a développé aucun programme spécifique de sensibilisation pour encourager les femmes à s’enrôler.

De plus « La Lucha fustige les anomalies et les manquements graves observés jusqu’ici dans le processus d’enrôlement des électeurs dans plusieurs sites, notamment le monnayage de l’opération, la défectuosité ou l’insuffisance des équipements, l’enrôlement des étrangers, l’enrôlement d’enfants âgés de moins de 16ans, les doublons … De manière générale, cette opération se déroule en toute opacité, avec trop peu d’observateurs extérieurs, sans sensibilisation suffisante, et sans tenir compte d’un calendrier électoral global. La Lucha exige des mesures correctives immédiates de la part de la CENI, et, de la part de tous les acteurs concernés, un suivi plus minutieux de cette opération cruciale pour l’intégrité et la crédibilité des élections à venir ».

Participer comme observatrice, à court ou long terme

L’observation indépendante, non seulement de l’opération d’enrôlement mais aussi de toutes les opérations du processus électoral, est en effet essentielle pour garantir l’intégrité et la crédibilité des futures élections. Et les femmes doivent participer à cette observation, même si la CENI leur met des bâtons dans les roues.   L’Observatoire de la parité  a depuis le mois de juillet 2014 appelé les femmes à se proposer comme observatrices à long terme des élections, a collecté plus de 100 dossiers de demande d’accréditation, pour le seul Sud Kivu et a envoyé cette centaine de dossiers à la CENI via l’adresse accreditationceni@gmail.com DEPUIS PLUS DE 2 ANS ! La CENI, qui prétend encourager l’implication de la femme dans le processus électoral (!), N’A FOURNI AUCUNE CARTE ou BADGE D’ACCREDITATION A CETTE CENTAINE DE FEMMES, en complète violation de la loi électorale dans son Article 43 qui dit :  « L’accréditation est accordée au plus tard sept jours après le dépôt de la demande » (!!!).

Vous pouvez interpeller la CENI à ce sujet :

  1. Rendez vous sur la page des FAQ (Foire Aux Questions) du site de la CENI) en cliquant ici.  Dans le champ « Votre question » demandez à la CENI : « Pourquoi la CENI ne respecte-t-elle pas la loi électorale et ne délivre-t-elle pas les accréditations des observatrices et observateurs à long terme, entre autres celles mandatées par l’Observatoire de la parité ? ».
  2. Envoyez un SMS au N° 0997141007 de Mme Elodie NTAMUZINDA, commissaire femme à la CENI, issue de la société civile, avec le message : « Accréditez les observatrices à long terme », pour qu’elle se fasse le relais de cette légitime revendication.
  3. Si vous ne comptez pas être vous-même candidate aux prochaines élections, impliquez-vous comme observatrice à long terme mandatée par l’Observatoire de la parité. Pour connaître la procédure à suivre pour devenir observatrice long terme des élections, cliquez ici.

Participer comme témoin lors des scrutins

C’est une autre forme de participation accessible aux femmes mais qui n’est guère pratiquée par elles vu que les partis politiques massivement composés d’hommes ont des difficultés pour trouver des femmes disposées à être témoins dans les bureaux de vote les jours de scrutins.

Participer comme agent.e de la CENI

Une autre forme de participation au processus électoral est d’y prendre part en tant que préposé de la CENI. La Commission électorale nationale indépendante(CENI) a enregistré 180 911 candidats qui ont postulé comme  agents pour s’occuper des opérations d’identification et enrôlement des électeurs sur toute l’étendue  du pays, pour 63043 postes. Le test s’est déroulé du 11 au 17 juillet. La CENI ne fournit guère de statistiques désagrégées par sexe ni  sur le nombre de candidat.e.s ni sur les préposé.e.s sélectionné.e.s. Plusieurs de nos informateurs/trices nous indiquent que le nombre de femmes est très faible. Cela doit absolument changer lors des prochains recrutements.

Participer comme candidate

C’est évidemment essentiel si l’on veut progresser vers la parité. Les femmes doivent être encouragées à déposer leur candidature. Encore faut-il que la législation en vigueur ne contribue pas à les décourager. Or, c’est le cas.

Une loi électorale sexiste et contraire à la Constitution….

La loi électorale renferme plusieurs obstacles sérieux à la participation politique des femmes. Raison pour laquelle la Directrice de l’Observatoire de la parité en RDC – organisation non-gouvernementale de défense des droits de la femme et de promotion de la parité – Espérance MAWANZO BARUBIYO – a fait usage de son droit inscrit à l’article 162 de la Constitution « Toute personne peut saisir la Cour constitutionnelle pour inconstitutionnalité de tout acte législatif ou réglementaire », en saisissant la Cour Constitutionnelle en inconstitutionnalité de certaines dispositions de la loi électorale. Cette loi contient en effet un certain nombre de dispositions qui vont à l’encontre de l’esprit et de la lettre de la Constitution de la République, particulièrement de son article 14. Vous pouvez découvrir en détail ces « obstacles à la parité » en cliquant ici , et l’intégralité de la requête déposée en cliquant Ici.

La requête a été reçue par le greffier de la Cour constitutionnelle le 7 août 2015 ! 18 MOIS PLUS TARD LA COUR CONSTITUTIONNELLE N’A PAS ENCORE STATUE SUR CETTE REQUETE !

Une loi électorale qui doit donc être révisée

C’est en tout cas l’avis de tous les signataires de l’Accord politique signé le mardi 18 octobre à la cité de l’OUA. En effet, l’article 6  de cet accord prévoyait ceci : « Dans le but d’assurer l’équité et la transparence du processus électoral pour l’ensemble des citoyens congolais et en renforcement des autres instruments juridiques et normatifs existants, les Parties conviennent de ce qui suit : (…) Modification de la loi électorale, en vue notamment de tenir compte de la parité et de la personne avec handicap ». Cette petite ligne contient un très bel aveu : la loi électorale actuelle, révisée en janvier 2015 (cliquez ici)  ne tient pas compte de la parité. En effet, elle ne contient aucune mesure de discrimination positive (comme les quotas de femmes ou l’obligation pour les partis politiques de faire figurer des femmes sur les listes de candidat.e.s) mais a ajouté plusieurs obstacles aux candidatures de femmes (cliquez ici) .

Cette petite ligne contient aussi un argument sérieux pour le plaidoyer mené par le mouvement « Rien sans les femmes » pour une modification de la loi électorale en vue « de tenir compte de la parité ». Ce plaidoyer a démarré en 2015 lors des premières grandes actions de Rien Sans Les Femmes (cliquez ici) notamment par la remise d’une pétition à Kinshasa. Ce plaidoyer devrait se poursuivre en demandant une modification de la loi électorale, lors de la prochaine session ordinaire du Parlement, en éjectant de la loi tous les obstacles à la participation politique de la femme qui sont contraires à la constitution et en introduisant enfin le système des quotas de femmes, qui est le seul à avoir réussi à faire progresser vers la parité dans presque tous les pays voisins de la RDC.

Des candidates qui doivent être encouragées, renforcées et accompagnées

Si instaurer le système des quotas de femmes, dans ses formes les plus appropriées à la RDC, est une condition indispensable pour pouvoir progresser vers la parité, il n’en reste pas moins nécessaire d’encourager les candidatures féminines, de renforce les capacités des candidates pour qu’elles soient victorieuses et de les accompagner une fois élues. Dans ce but, l’Observatoire de la parité à ouvert une « Clinique électorale », à Bukavu, qui ne pourra donc couvrir qu’un territoire limité. Dans l’objectif de couvrir toutes les provinces et territoires de la RDC, l’Observatoire a donc décidé de créer une « Clinique électorale mobile », c’est-à-dire qui pourra être consultée via un laptop, une tablette, un mobile, un smartphone. Pour ce faire, tous les outils de renforcement des capacités des candidates seront mis en ligne, semaine après semaine, sur « Debout Congolaises » permettant ainsi aux candidates même situées dans les territoires les plus reculés de les consulter via un smartphone pour autant qu’elles trouvent un point d’accès à internet.

Pour avoir une idée de ce que la Clinique électorale « mobile » peut offrir, cliquez ici pour voir le DEPLIANT de la  Clinique électorale préparé en prévision des élections locales (qui ont été malheureusement reportées à une date indéterminée). Un dépliant adapté aux élections législatives nationales et provinciales sera disponible prochainement.

Pour consulter une des fiches de renforcement «  Etre candidate, est-ce un bon choix pour moi ? »