1) La parité va à l’encontre de l’idée de méritocratie.

Faux, au contraire :

– Les femmes sont tout aussi compétentes que les hommes, et « méritent » donc d’accéder au même niveau de responsabilités.

– Malgré leurs compétences, les femmes sont sous-représentées dans les instances décisionnelles. Cela est notamment dû aux pratiques de cooptation et aux discriminations. La parité permet de limiter ces pratiques. Elle favorise donc la méritocratie, en déverrouillant l’accès aux échelons de pouvoir.

2) La parité, c’est de la discrimination envers les hommes.

Faux :

– La parité a pour objectif de parvenir à l’égalité réelle entre les femmes et les hommes, plus spécifiquement à l’égal accès aux responsabilités politiques, économiques et sociales.

– Elle peut se traduire par l’instauration de quotas.
– La parité n’a pas pour objectif de remplacer un homme par une femme, mais de rétablir, à compétences égales, l’équilibre entre les deux sexes, dans les instances décisionnelles.

3) Si les femmes voulaient accéder au pouvoir, elles pourraient, rien ne les y en empêche.

Faux,

De nombreux facteurs viennent faire obstacle à l’accès des femmes aux responsabilités, notamment les stéréotypes sexistes qui mènent à la discrimination et à l’autocensure :

– Les stéréotypes seraient intégrés par les dirigeant.e.s, qui ne souhaiteraient pas nommer, engager ou promouvoir des femmes aux postes à responsabilités, parce qu’elles n’auraient prétendument ni les capacités, ni les qualités nécessaires pour diriger : trop sensibles, pas suffisamment tenaces, ambitieuses, engagées, ou encore dépourvues de l’autorité nécessaire. C’est de la discrimination.

– Les stéréotypes seraient intégrés par les femmes elles-mêmes. Elles penseraient alors ne pas être compétentes pour les fonctions de pouvoir. Les femmes s’autocensureraient et n’oseraient pas faire prévaloir leurs compétences.

– Les discriminations envers les femmes, encouragées par les stéréotypes, sont également liées au rôle, socialement construit, de mère : la grossesse, les congés maternités et ensuite le manque de disponibilité pour les réunions tardives par exemple, sont autant de facteurs qui discriminent les femmes. Une mère ne serait ainsi pas en mesure d’assumer des responsabilités, pour des raisons pratiques d’organisation.

– Les femmes sont, en effet, majoritairement affectées à la prise en charge des responsabilités familiales et des tâches domestiques10, et doivent s’organiser pour parvenir à articuler temps professionnel et temps privé.

– Les conditions d’exercice des responsabilités exigent une grande disponibilité et une grande mobilité.

– Les femmes sont, la plupart du temps, moins disponibles et moins mobiles :

  • –  Se pose donc la question de l’organisation du temps de travail pour permettre aux femmes, mais aussi aux hommes, de pouvoir assumer l’ensemble de leurs responsabilités, professionnelles et familiales.

–  Se pose également la question du partage des tâches domestiques et familiales entre les femmes et les hommes : un juste partage de ces tâches permettrait aux femmes de plus facilement s’investir dans leur carrière professionnelle et/ou dans un engagement citoyen. Cela permettrait également aux hommes de s’impliquer davantage dans leur vie familiale sans que cela affecte leur carrière ou leur engagement.

4)Le problème c’est que les femmes n’ont pas forcément envie d’obtenir des responsabilités : on ne trouve pas de femmes.

Faux :

– Les faits prouvent le contraire : en France, après la loi du 6 juin 2000, les listes pour les élections municipales des communes de 3 500 habitant.e.s et plus devaient être composées d’autant de femmes que d’hommes. À l’époque, les têtes de liste avaient craint de ne pas trouver suffisamment de candidates. Mais finalement, de nombreux viviers ont été découverts : parmi les militantes, les associations, les organisations syndicales, nombreuses sont les femmes à vouloir s’engager dans la vie citoyenne et politique. Concernant le monde professionnel, elles sont tout aussi nombreuses à souhaiter s’élever dans leur hiérarchie.

– Malgré le phénomène d’autocensure, les femmes volontaires sont suffisamment nombreuses pour que les dispositifs paritaires puissent être appliqués sans problème.

– Par ailleurs, il en va de la responsabilité de chacun.e de mener un travail d’éducation et de réflexion autour de cette question de l’autocensure, afin d’assurer à toutes les femmes qu’elles pourront assumer leurs fonctions sans contrainte. Se posent donc de nouveau ici les questions de l’organisation des temps de vie et du partage des responsabilités domestiques et familiales.

5) Les femmes sont de plus en plus nombreuses à faire des études longues, à se syndiquer, à adhérer à un parti politique : en laissant du temps au temps, elles parviendront naturellement aux plus hautes responsabilités.

Faux :

– De nombreux exemples viennent illustrer le fait que le temps ne suffit pas pour permettre aux femmes d’accéder aux postes à responsabilités :

  • –  En France, dans la fonction publique hospitalière, on dénombre 77% de femmes, et seulement 45% aux postes de direction. Les femmes ont toujours été nombreuses dans ce secteur, et ne sont pourtant jamais parvenues aux fonctions à responsabilités dans la même proportion. (C’est la même situation en RDC).
  • –  L’exemple est identique dans la magistrature : en 30 ans, le nombre de magistrates a augmenté de 230%, aujourd’hui 73% des élèves reçu.e.s à l’école nationale de la magistrature sont des femmes, pourtant, seulement 30% de femmes accèdent aux fonctions hors hiérarchie du parquet. (C’est la même situation en RDC).

6) La parité est une bonne chose car les femmes ont une pratique différente du pouvoir que les hommes.

Faux :

– Cette affirmation est due aux stéréotypes de sexe. Il n’existe pas de qualités féminines ou masculines par essence.

– La parité ne permettra pas une pratique différente du pouvoir parce qu’il sera en partie exercé par des femmes. En revanche, elle permet le renouvellement des « élites », ce qui peut favoriser le changement dans ces pratiques.

La parité ne doit pas se limiter à une représentation 50/50 dans les instances décisionnelles.
Elle doit également permettre de s’interroger
sur les conditions de travail, sur le partage des tâches, sur les stéréotypes sexistes,
et sur l’ensemble des obstacles structurels

qui empêchent les femmes de pouvoir pleinement exercer les fonctions à responsabilités
pour lesquelles elles sont aussi compétentes que les hommes.