Si vous êtes un homme, on peut dire que votre expérience de la discrimination sur base du sexe est relativement limitée.

Quand des femmes vous disent qu’elles se font régulièrement harceler dans la rue, quand elles vous racontent leurs expériences de discrimination, vous pouvez commencer par ne pas minimiser ni mettre en doute ces expériences par une remarque sceptique, du genre :

« Quand même, tu exagères, ça ne peut pas être si grave »
« Je pense que tu vois le mal partout »
« Il ne faut pas te victimiser comme ça »

C’est un fait : les hommes occupent dans presque toutes les sociétés, une position de privilège, héritée de l’histoire. Même si depuis le siècle dernier, on déconstruit activement ces privilèges des hommes, les mentalités évoluent lentement et les changements ne sont pas immédiats.

Vous ne voyez pas le problème ? C’est sans doute parce que vous n’avez pas conscience de la position de privilège que vous occupez. Il ne s’agit pas d’auto-flagellation – ce n’est pas de votre faute si vous êtes nés dans une société patriarcale, si vous avez reçu une éducation sexiste basée sur les stéréotypes de genre. En revanche, il vous appartient de prendre conscience des privilèges qui découlent de votre position sociale, dans toutes les sphères de la société. Quelques exemples…

  • Au travail :d’abord, il faut avoir conscience que, du simple fait que vous êtes un homme, vous accéder à des dizaines de métier qui sont quasi inaccessibles pour les femmes.  Autre exemple : Votre compétence n’est pas remise en question par le fait que vous soyez un homme alors que c’est souvent le cas si vous êtes une femme. Ou encore :  votre supérieur-e remettra rarement en question votre implication dans l’entreprise si vous lui annoncez que vous allez devenir père. Alors que si vous êtes une future maman… Avoir conscience de cette réalité, c’est déjà devenir un allié.
  • Dans l’espace public (rue, bars, etc.) : vous circulez librement sans que votre espace personnel ne soit envahi par des remarques, des injonctions, des insultes, voire des contacts physiques indésirables, des agressions. En tant qu’allié du féminisme, vous ne devriez pas participer au harcèlement de rue, parce que ce n’est jamais « inoffensif », ni « juste pour rire », c’est toujours irrespectueux et parfois à la limite de l’agression verbale et physique.

La liste serait longue, et pris individuellement, ces exemples peuvent vous paraître insignifiants. Mais c’est leur accumulation et leur récurrence qui amène au ras-le-bol de celles qui en font les frais.

Cette prise de conscience vous permet dans un second temps de prendre du recul sur l’éducation que vous avez reçue, et de corriger ainsi des réflexes sexistes que vous pouvez avoir. Mais c’est aussi et surtout l’occasion de redéfinir son identité propre en dehors des stéréotypes de genre.

Non, l’homme « le vrai » n’a pas à être conforme à un portrait-robot dicté par son genre. Chaque individu est libre de se définir. Vous aussi, vous supportez le poids des attentes que la société patriarcale fait peser sur votre genre. Personne n’a dit que la position de privilégié était toujours confortable : elle a aussi son lot d’inconvénients, même s’ils sont moindres comparés à la situation dominée de la femme.

Prendre conscience de votre position de privilégié vous permet de redéfinir votre identité autrement que par opposition / antagonisme à la féminité, et contribuer à démolir l’idée que les attributs dits « féminins » renvoient à la faiblesse / la fragilité / la vulnérabilité, etc., peut être un bon début.