Les femmes accomplissent toujours, en 2017, la majorité des tâches ménagères. Pourquoi cette dynamique s’installe-t-elle et comment trouver des solutions ? Une BD signée Emma, intitulée Fallait demander, tourne beaucoup depuis sa parution sur FaceBook. Elle traite d’un sujet malheureusement toujours d’actualité : la répartition inégale des tâches ménagères entre hommes et femmes.

 

 

 

Les tâches ménagères… en tâche de fond

Ce qu’Emma explique dans cette BD, c’est le concept de charge mentale. Comme les femmes sont plus responsables des tâches ménagères que les hommes, elles y pensent en permanence.

 

C’est une tâche de fond qui occupe leur cerveau même pendant les moments de détente.

Est-ce qu’on aura de quoi faire à manger ce soir ? Est-ce qu’on a de l’eau à la maison ? Est-ce que la lessive est sèche ?   Est-ce que les enfants ont étudié leurs leçons ?

Ces questions, et mille autres, empêchent de se détendre totalement. La vie quotidienne grignote les loisirs.

Les tâches ménagères, un automatisme ?

Le titre de la BD est parlant : Fallait demander. Mais comme l’explique Emma, penser à demander, indiquer précisément ce qu’il faut faire, c’est déjà un effort !

Une fois qu’on a un peu vécu dans un logement, on sait ce qu’il y a à faire. On a des yeux pour voir le linge qui traîne, les enfants qui n’ont pas fait leur leçon, le salon qui n’est pas propre, le repas du soir à préparer, etc.

Se reposer sur l’autre pour recevoir un planning prêt à l’emploi, ce n’est pas exactement faire sa part de boulot.

Les tâches ménagères, encore et toujours une affaire de femmes

En 2010, en France par exemple, les femmes consacraient en moyenne un peu plus de trois heures par jour aux tâches domestiques (le ménage, la lessive, faire les courses, payer les factures et autres trucs administratifs…).

Soit 78 minutes de plus que les hommes, qui y accordent 1h45. Au Congo, la situation est probablement pire (Si vous avez des statistiques, envoyez les à Debout Congolaises !)

Les choses ont évolué et le temps dédié aux tâches ménagères dans la journée des hommes a augmenté, (NDLR de DC : cela reste à vérifier en RDC !) mais on est toujours loin de l’égalité.

Pourquoi les hommes ne font-ils pas leur part de tâches ménagères ?

Parce que le patriarcat existe ! Les hommes et les femmes sont éduqué•es dans une société sexiste. On va apprendre aux petites filles à aider en cuisine, dans la maison, leur montrer comment coudre, repasser, ranger. Chez les garçons, on valorisera plutôt le sport…  Et ça se répercute à l’âge adulte. Dans bien des réunions de famille, les femmes sont à la cuisine, mettent la table, apportent les plats, rangent le tout ensuite pendant que messieurs digèrent tranquillement en buvant la bière.

On ne va pas se mentir, pour les messieurs c’est une position très confortable. Je pense que beaucoup d’hommes se sentent un peu mal de laisser leur compagne faire le gros du boulot, mais à la fin, ils profitent tout de même de leurs heures de loisirs supplémentaires et du confort d’un foyer propre, d’une bière servie par madame, etc.

Du coup, ils n’insistent pas forcément pour que la situation change.

Mais pourquoi continue-t-on à accepter cette inégalité qui nous pourrit la vie ?

Pourquoi laisse-t-on les hommes faire moins de tâches ménagères ?

En partie à cause de ce qu’Emma décrit dans sa BD, ce côté « dis-moi quoi faire », comme s’ils n’avaient pas la présence d’esprit d’analyser une situation et d’agir en conséquence. Au final, on se retrouve à faire une partie du boulot en pensant à leur place. Autant tout faire d’un coup, hein.

Mais il y a aussi un élément récurrent et assez insidieux, le fameux « Il ne sait pas bien faire ». Parfois, les hommes font mal les trucs en se disant (plus ou moins consciemment) que comme ça, on leur foutra la paix et on les fera nous-mêmes la prochaine fois. Parfois, cependant, ils sont de bonne volonté mais l’exigence en face est telle qu’on ne leur donne pas le temps d’apprendre. On leur prend le truc des mains, on les remplace, on dit « C’est bon, je vais le faire ». Et là, on rate une occasion d’enseigner une tâche pour ne plus avoir à se la taper en permanence !

Et si on arrêtait de faire le gros des tâches ménagères ?

La première méthode à laquelle je pense, c’est celle que j’appellerais « méthode de la Guerre Froide » : arrêter. De. Faire. Les. Trucs.

Ou ne faire que les siens. Laver sa vaisselle, passer ses fringues à la machine puis les étendre, racheter ses produits préférés et pas ceux de l’autre…

Le souci, c’est que ça ne fonctionne pas longtemps si la personne qui en fait moins a une haute tolérance au bordel, à la saleté. On finit par vivre dans un logement qui nous paraît incroyablement sale et mal rangé alors que l’autre n’a rien remarqué.

Parler de la répartition des tâches ménagères

Du coup, il faut en parler, plutôt. Posément, pas sous le coup de l’exaspération ou de la colère.

Expliquer son point de vue, détailler toutes les petites choses qu’on fait et qui paraissent tellement normales à l’autre qu’il ne les remarque même plus.

Lui montrer la BD d’Emma pour lui dire qu’on s’y reconnaît, et qu’il devient urgent de changer les choses.

Passer par une période « bête et méchante » pendant laquelle on pointe verbalement toutes les occurrences de « Fallait me demander » ou de tâche à moitié faite.

Prendre le temps de montrer à l’autre comment faire les choses qu’il ne maîtrise pas, pour se débarrasser de l’excuse « Je sais pas faire ».

Réfléchir à une répartition plus logique : au lieu de faire un système de tours rigide, on peut par exemple fonctionner par affinités. Tu fais à manger donc je gère la vaisselle…

La clé, c’est la communication et la bonne volonté.

Lire Fallait demander en entier en CLIQUANT ICI.

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