Si le harcèlement sexuel est aujourd’hui unanimement reconnu comme un crime, je pense que les circonstances conduisant à des actes de harcèlement et les motivations des criminels peuvent varier d’une société à une autre. Mais la RDC est très forte en la matière et présente un terreau fertile à ce genre de comportements.

Beaucoup d’efforts ont été entrepris ces dernières années par l’Etat congolais pour réprimer le crime de viol, alors que ce fléau continue à ternir l’image de notre pays. Surtout, l’ensemble de la société a été sensibilisé à ce sujet. Toute victime de viol est désormais encouragée à dénoncer son bourreau. En plus, les autorités sont tenues de punir sévèrement ce genre d’acte.

Mais le harcèlement sexuel semble le parent pauvre de la lutte contre les crimes sexuels. Pire, aucun effort n’est fait en vue d’éveiller la conscience des Congolais au sujet d’un problème de société aussi réel. Aujourd’hui, un homme peut se donner le droit de faire un commentaire sur le physique d’une femme en toute impunité sans se rendre compte de la gravité de son acte.

Un supérieur hiérarchique peut se permettre de faire des avances incessantes et pressantes à son employé(e) et ne pas croire qu’il pourrait être traîné devant un tribunal. Un grand nombre de cas de harcèlement ne sont d’ailleurs pas connus et donc, sont supposés ne pas exister. Ils sont très peu nombreux, les Congolais qui sont conscients de ce fait.

Face aux victimes qui s’ignorent

Si le coupable s’ignore, la victime aussi. Nombre de femmes congolaises réagissent peu face au harcèlement sexuel. L’avocate Heidi Kabuya du barreau de Mbujimayi m’a informé que, depuis le début de sa carrière, elle n’a jamais entendu parler d’une affaire de harcèlement sexuel porté devant les tribunaux de sa ville. Est-ce à dire que cela n’existe pas dans cette ville ? Pas sûr. Ceci peut laisser croire que les victimes ont peur de porter plainte. Mais à y regarder de plus près, elles ignorent même jusqu’à la loi qui consacre la prison pour tout harceleur.

Comment réagissons-nous quand nous voyons un trentenaire harceler dans la rue une jeune étudiante ? Dans la plupart des cas, nous nous contentons de lancer un regard interloqué au harceleur sans plus. Au pire, nous restons passifs en nous disant que c’est tout à fait normal. Le jeune homme est peut-être en quête de sa dulcinée. C’est ainsi que notre attitude est un encouragement pour beaucoup de ces criminels en herbe.

Et vous, avez-vous d’autres raisons de croire que notre société est un terreau fertile pour les actes de harcèlement sexuel ? Laissez vos avis en commentaire.

Article publié sur Habari 

novembre 21, 2017 Guy Muyembe

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