Les téléphones mobiles permettent aux citoyens de participer aux processus de prise de décision politique et socio-économique, en proposant de nouvelles perspectives pour réaliser les objectifs clés de gouvernance relatifs aux élections, à l’engagement civique et à l’accès aux informations par le biais des TIC. 

Une des premières plateformes parmi les plus connues pour recueillir et recenser les opinions des citoyens est Ushahidi, une plateforme en logiciel libre d’abord lancée au Kenya pour rendre compte des témoignages de violence et violations des droits humains qui se sont produites à la suite des élections contestées de 2007. Ce simple logiciel libre, alliant système d’information géographique (SIG) et technologie mobile, a permis aux Kenyans de soumettre par e-mail et SMS leurs témoignages d’émeutes, de viols, de décès et de réfugiés bloqués, les lieux de provenance étant ensuite indiqués sur une carte sur le site Internet. À la fin, plus de 45 000 témoignages ont été publiés en temps réel, c’est-à-dire davantage que le nombre combiné de témoignages recueillis par les journalistes et les observateurs électoraux.

Cette plateforme Ushahidi a également contribué à créer une base de données et des archives historiques des incidents pendant les élections, qui peuvent à présent servir de référence et être accédées pour des recherches électorales et pour une planification future d’élections. Sa conception, ne nécessitant qu’un téléphone mobile basique avec une fonctionnalité SMS, lui a permis d’être largement adoptée dans d’autres systèmes de surveillance, tels que le recensement des besoins communautaires à Chisinau (Moldavie), le suivi des maladies des plantes en Argentine et le suivi de la corruption en Égypte. Elle a également été adoptée en Afrique du Sud pour assurer un suivi des témoignages de xénophobie, en Inde pour diriger Vote Report India, une plateforme de surveillance des élections par les citoyens, et au Mexique pour surveiller les élections.

La plateforme Cuidemos el voto au Mexique a, par exemple, permis aux citoyens de signaler des irrégularités lors des élections en 2009 par SMS, e-mail, Twitter et sur le site Internet de Cuidemos el voto. Les témoignages ont ensuite été recensés pour constituer ce qui est devenue la première plateforme formelle d’observation électorale en Amérique latine.

En Afrique de l’Est, elle a été utilisée pour faire l’inventaire des stocks de médicaments et en République Démocratique du Congo et en Afrique du Sud pour signaler les actes de violence.

Al Jazeera s’en est également servi dans la Bande de Gaza pour recueillir des récits de violence auprès de témoins oculaires en 2008 et en 2009. Lorsque les tremblements de terre ont frappé en Haïti et au Chili en 2010, Ushahidi s’est alliée à plusieurs universités, organisations de la société civile (OSC) et agences des Nations Unies pour aider les efforts d’intervention humanitaire. En Nouvelle-Zélande, Ushahidi a été utilisée pour créer la Carte de Restauration de Christchurch afin d’aider les survivants du tremblement de terre à trouver de la nourriture, de l’eau, des installations sanitaires, du carburant, des distributeurs automatiques de billets et des soins médicaux. Et au Japon aussi, à la suite du tremblement de terre et du tsunami de 2011, une Carte de Restauration du Japon a été élaborée pour aider les efforts humanitaires sur place.

Lors des élections, les téléphones mobiles et les plateformes mobiles innovantes ont été des outils essentiels pour surveiller les cas de fraude et pour mobiliser les citoyens.

Que ce soit par le biais d’une surveillance systématique et organisée effectuée par des bénévoles formés ou bien par le biais d’une collecte de données générées par les citoyens, des plateformes mobiles sont créées et perfectionnées tous les jours pour aider à améliorer les processus électoraux dans le monde entier (Cullum 2010). Même si les informations rassemblées par “ crowdsourcing “ ne peuvent remplacer une vérification “ officielle “ des faits, les citoyens sur place peuvent à présent commenter les élections en temps réel et diffuser récits, photos et vidéos instantanément, par SMS ou par appel vocal.

Lors des élections nigérianes de 2011, par exemple, le projet Swift Count a recruté et formé 8 000 observateurs pour envoyer un total de 35 000 rapports par SMS par jour depuis les 4 000 bureaux de vote. Ces messages ont permis de tenir informés la commission électorale et les observateurs internationaux du processus de vote et des incidents potentiels de corruption. Cela a permis de valider les élections et de fournir des données importantes pour les analyses statistiques.  L’application reVoDa, conçue par Enough is Enough (EiE), a également permis aux citoyens nigérians dotés de téléphones plus sophistiqués équipés de la fonction GPRS d’agir en tant qu’observateurs électoraux et de faire des rapports en ligne via leur téléphone sur le site reVoDa.

Les téléphones mobiles ont également été utilisés pour couvrir les élections au Bénin, au Liban et en Afghanistan.

En Estonie, un opérateur de téléphonie mobile a créé le premier service mobile d’identification, permettant aux citoyens de voter aux élections parlementaires de mars 2011 via leur téléphone mobile, une première dans le monde. L’identifiant du téléphone mobile permet aux utilisateurs de vérifier leur identité sur Internet, permettant de remplacer la signature manuscrite par une signature numérique “ juridiquement contraignante “. Parallèlement, des discussions sont actuellement en cours pour accroître le recours au vote électronique. Bien que ce type de vote soit déjà largement utilisé dans le secteur privé et dans les élections non-officielles, les élections nationales et les référendums ont d’autres exigences en termes de sécurité et de vérification, y compris la garantie d’un vote libre et confidentiel, et d’authentification des électeurs.9 Le vote mobile devra être amélioré avant de pouvoir être adopté de manière efficace pour les élections nationales.