Un baby-foot mettant à l’honneur les joueuses de l’équipe américaine en amont de la Coupe du monde féminine 2019, à New York, le 29 mai. MIKE LAWRIE / AFP

 

La médiatisation du football féminin a entraîné la féminisation des termes employés dans ce sport. Mais certains arbitrages sont encore à faire, observe Adrien Pécout, journaliste au « Monde ».

Analyse. Les footballeuses ont fait leur entrée sur les terrains, sur les écrans de télévision… puis dans les pages des dictionnaires. Ouvrons le Larousse ou le Robert, édition 2019, année de la Coupe du monde féminine de football, qui se tient en France jusqu’au 7 juillet : aux occurrences « gardien de but », « défenseur », « attaquant », « buteur », les deux dictionnaires prévoient à chaque fois une définition féminisée. Pour certains de ces termes, la réponse est simple : « gardienne de but », « buteuse », « attaquante ». Pour d’autres, les lexicographes hésitent encore entre deux possibilités de féminin : ils autorisent, ainsi, « défenseure » ou « défenseuse ». C’est que la reconnaissance des footballeuses dans le pays – et donc la façon de les nommer, de les faire apparaître – reste un processus inachevé.

Le match « entraîneuse/entraîneure » semble le plus indécis, car le plus chargé de représentations. Les dictionnaires retiennent le premier terme. Corinne Diacre, qui occupe cette fonction en équipe de France, préfère le second. Le premier lui convient moins, à cause, bien sûr, de son « autre signification », rappelle-t-elle sur Europe 1. Une autre signification pourtant un peu datée : quand l’actrice Michèle Morgan jouait le rôle-titre du film L’Entraîneuse (1938), elle interprétait, en effet, une « femme employée dans un établissement de nuit pour engager les clients à danser et à consommer » (selon la définition du même Larousse).

Pour cette raison aussi, les journalistes de Libération ont déjà prévu de renoncer à l’usage d’« entraîneuse », « trop connoté ». Mais, sans se priver de parler d’une « sélectionneuse », d’une « défenseuse », d’une « ailière » (mot que reconnaît le Larousse, mais pas le Robert) ou encore d’une « milieu » (ce dernier terme étant épicène, sans variation de genre grammatical). Le 22 mai, le journal publiait un premier article pour expliquer « comment Libé a décidé de parler de la Coupe du monde féminine ».

 

SOURCE : Par    dans Le Monde