Wendie Renard a débuté très fort la Coupe du monde 2019 en inscrivant deux buts..Wendie Renard a débuté très fort la Coupe du monde 2019 en inscrivant deux buts.. GONZALO FUENTES / REUTERS

La défenseuse, auteure de deux buts vendredi face à la Corée, est l’une des figures emblématiques du football français. A 28 ans, celle qui a tout gagné avec Lyon, veut enfin triompher avec l’équipe de France.

Par deux fois, vendredi 7 juin au Parc des Princes, elle a survolé la défense sud-coréenne à la fin de la première période du match d’ouverture de la Coupe du monde de football. Bien sûr, du haut de son mètre 87, les adversaires accusaient un handicap important de taille mais son timing et sa précision ont également joué un grand rôle dans ce doublé inscrit en quelques minutes. Les Bleues ont idéalement débuté leur Mondial grâce à ce succès (4-0) face à la Corée du Sud. Et à 28 ans, Wendie Renard a, d’entrée, répondu présente.

Forte de 110 sélections et 22 buts dont 13 inscrits sur corners, l’arrière centrale évolue déjà depuis huit ans en équipe de France et dispute sa troisième Coupe du monde consécutive. Avant cet instant de grâce, elle n’avait jamais marqué en neuf matchs lors d’un Mondial : « Cela fait du bien sûr le plan personnel. Collectivement ces buts sont très importants car ils interviennent juste avant la mi-temps et ça nous a permis de rentrer au vestiaire avec trois buts d’avance. Cela procure des émotions très fortes et on pense à beaucoup de personnes. À mon papa notamment si vous voulez savoir (décédé lorsqu’elle était enfant). »

En 2011, l’inexpérimentée Wendie Renard avait participé avec ses coéquipières tricolores à la fracassante émergence des Bleues sur la scène médiatique. Équipe surprise du Mondial allemand, la France avait atteint les demi-finales après une défaite épique face aux Etats-Unis. « J’étais une petite jeune avec beaucoup de joueuses d’expérience. Nous n’étions pas attendues », se souvient-elle.

Malgré une autre demi-finale encourageante l’année suivante, lors des JO 2012, à Londres, les Bleues ont depuis connu quelques désillusions et une série impressionnante d’éliminations, parfois décevantes, en quarts de finale de l’Euro 2013, du Mondial 2015, des JO 2016 et de l’Euro 2017.

Une des patronnes

Ces échecs ont marqué la joueuse mais ne l’empêchent pas d’afficher ses ambitions. « On reste sur plusieurs échecs qui font très mal. J’ai envie de positiver et de me dire que le petit déclic qui nous a manqué ces dernières années, celui qui consiste à être plus des tueuses devant le but, dans la surface adverse, va enfin se produire, confiait-elle au Monde quelques semaines avant le tournoi, Surtout que l’on évoluera à domicile avec le soutien de notre public. »

De presque débutante en 2011, la Martiniquaise, née à Schoelcher – la ville nommée en hommage à Victor Schoelcher, qui a œuvré pour l’abolition de l’esclavage – est devenue, au fil des années, l’une des patronnes de l’équipe de France.

Aux côtés de la gardienne Sarah Bouhaddi, des milieux de terrain Amandine Henry, Elise Bussaglia ou encore Gaëtane Thiney, Wendie Renard prend son rôle très au sérieux auprès des plus jeunes joueuses : « J’ai beaucoup d’expérience en club et en sélection. Les anciennes se doivent d’encadrer les jeunes. Mon rôle est d’amener mes coéquipières le plus loin possible. »

Le mètre 87 de la défenseuse centrale des Bleues a été utile sur ses deux buts de la tête consécutifs à des corners.
Le mètre 87 de la défenseuse centrale des Bleues a été utile sur ses deux buts de la tête consécutifs à des corners. Francois Mori / AP

27 trophées

Débarquée à l’âge de 16 ans à l’Olympique lyonnais, après un test raté au centre national de formation et d’entraînement de Clairefontaine, elle a depuis tout gagné et plus encore au sein de sa ville d’adoption. Wendie Renard, c’est 27 trophées répartis ainsi : 13 titres de championne de France, 6 Ligues des champions et 8 Coupes de France.

Son palmarès, son talent et son gabarit atypique en ont très vite fait l’une des joueuses emblématiques du football français et aussi mondial. En 2016, elle avait par exemple été choisie comme ambassadrice de la ville de Lyon pour l’Euro masculin. Un statut qui lui a été à nouveau décerné en vue de la prochaine Coupe du monde de rugby qui se déroulera en France en 2023.

« La reconnaissance du public et des spécialistes, ça fait plaisir. Je sais d’où je viens. Tout ça a une saveur particulière, d’autant plus pour moi venant des îles, à 8 000 km de la métropole. Il faudrait demander aux gens qui me choisissent. Peut-être parce que je suis naturelle, respectueuse et combative », analyse-t-elle, un grand sourire aux lèvres.

« La même sur le terrain et en dehors »

En 2017, à l’intronisation de Corinne Diacre, Wendie Renard avait mal vécu la fin de son capitanat chez les Bleues, première décision forte de la nouvelle sélectionneuse. Deux ans après, la page semble être définitivement tournée : « Je n’ai pas compris certaines choses. Je suis passée à autre chose. Je ne vais pas m’attarder sur ça. Je reste la même sur le terrain et en dehors. Je connais mes valeurs, ce que mes parents m’ont inculqué. »

L’ancienne capitaine des Bleues n’a désormais plus qu’un objectif, limpide et ambitieux : « Mon objectif, c’est de gagner la Coupe, me battre pour le maillot de mon pays que j’ai toujours respecté. »

Pour espérer triompher le 7 juillet à Lyon, l’équipe de France aura besoin de tous ses atouts et d’une forte tête comme Wendie Renard.

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