En 2015, plus de 100 enfants ont été affectés par le choléra à Lubirhya, petite ville du Nord-Kivu. UNICEF, avec ses partenaires, a mis en place un projet innovant pour garantir un meilleur accès à l’eau et ainsi assurer la santé des enfants.

Lubirhaya : une ville à deux facettes

Lubirhya – Petite ville frontalière avec l’Ouganda, située à l’entrée du Parc du Virunga, au pied du majestueux Rwenzori, dans le territoire de Beni, Nord Kivu. Une route sépare la ville en deux. D’un coté, il s’agit d’une ville normale, et bien que l’accès a l’eau soit limité, les personnes peuvent se procurer de l’eau potable en allant aux bornes fontaines voisines. De l’autre coté de la route, démarre la délimitation du Parc du Virunga. Pourtant, depuis plus de 10 ans, près de 18.000 personnes s’y sont installées. On y trouve des bâtiments officiels, des magasins, le poste de santé et le centre de traitement de choléra.

18000 habitants dépendants d’une unique source d’eau

La population est là mais les infrastructures n’ont pas suivi. La petite Sifa, 7 ans, vit de ce coté de la route. Tout près de là, coule la rivière Lubirhya. Cette rivière marron, où toute la population vient faire sa lessive et puiser de l’eau. Voilà la seule source d’eau qui existait pour Sifa et ses 18.000 voisins.

Rivière Lubirhya

Personne ne le savait mais cette eau était même très contaminée à cause des défécations qui s’y déversaient pendant la saison des pluies. Et c’est pour ça que chaque année, et de façon de plus en plus virulente, sa famille, ses amis, ses voisins étaient frappés par une grave maladie : le choléra. Avec l’épidémie de 2015, qui a affecté plus de 500 personnes dont 20% d’enfants de moins de 5 ans, UNICEF a décidé qu’il fallait agir. Une réponse d’urgence a d’abord eu lieu, et le partenaire Solidarités à travers le RRMP (Réponse Rapide aux Mouvements de Population) a permis de réduire nettement le nombre de cas.

Une réponse à long terme pour lutter contre le choléra à Lubirhaya

Mais UNICEF savait que, simplement quitter les lieux après cette grave épidémie, signifierait que demain, tous ces habitants retourneraient à la rivière et continueraient à avoir le choléra.

Des discussions ont eu lieu avec tous les acteurs concernés – jusqu’au plus haut niveau – pour trouver une solution à long terme. UNICEF, et son partenaire MEDAIR, ont alors proposé un projet ambitieux et innovant : la construction d’un forage de plus 60 mètres de profondeur, avec une pompe submersible. Pour permettre un fonctionnement durable et réduire au maximum les coûts d’entretiens, le système serait alimenté par un système de panneau solaire. Ainsi, la population pourrait être totalement indépendante.

Système mis en place par UNICEF et MEDAIR

Toutes les parties concernées ont été impliquées. Le gouvernement de la RDC s’est particulièrement investi dans ce projet puisque le Premier Ministre lui-même s’est prononcé en sa faveur et l’une des agences gouvernementales spécialisées, le SNHR (Service National d’Hydraulique Rurale), a engagé ses fonds propres pour le creusage du forage situé du côté du Parc Virunga. L’ICCN (Institut Congolais pour la Conservation de la Nature), qui est l’institution en charge de la protection et la préservation du Parc du Virunga, a aussi rendu possible ce projet en allant sur place pour déterminer avec MEDAIR et les autorités locales, l’emplacement des futures bornes de distributions d’eau.

Les enfants de Lubirhya ont accès à l’eau potable

Grâce à l’implication de tous ces acteurs clés et de la communauté locale, au partenaire MEDAIR, à UNICEF et grâce aux financements du gouvernement japonais, ce projet totalement innovant et nouveau en Zone Est de la RDC, a été un succès.  Le choléra a reculé dans ce village, jadis foyer des épidémies et plus de 10.000 personnes ont accès à une propre et saine. Sifa et tous ses camarades ne tombent plus malades.

Demain matin, à son réveil, Sifa et tous les enfants de Lubirhya, boiront enfin de l’eau propre. Célestine, maman de 4 petites filles en témoigne :

Sifa devant une borne d’eau potable

« Avant, mes enfants étaient souvent malades et avaient des diarrhées. Mes filles avaient constamment des problèmes d’infections urinaires. Désormais, grâce à ces 10 bornes fontaines installées dans l’ensemble du village, les enfants ne tombent plus malade et sont en bonne santé. »

Regardez le reportage vidéo à Lubiryha, en CLIQUANT ICI