Nouvelle injure aux femmes congolaises et nouvelle violation de l’article 14 de la Constitution : 6 femmes sur un gouvernement de 59, soit à peine 10% franchissent les portes du gouvernement. L’exécutif  de Bruno Tshibala compte moins de femmes que celui constitué par Samy Badibanga. Il compte six femmes (cinq ministres et une vice-ministre) contre huit (cinq ministres et trois vice-ministres) dans le gouvernement précédent. De plus aucune de ces 6 femmes n’occupent le fauteuil d’un « ministère régalien » ou d’un des « portefeuilles stratégiques » : Affaires étrangères, Intérieur et Sécurité, Justice, Plan, Economie, Budget,Défense, Finances, Communication et Médias, etc. Les femmes sont à nouveau cantonnées pour la plupart dans des ministères nettement moins « stratégiques » pour l’Etat Congolais :

Le Ministère des Droits humains revient à Marie Ange Mushobekwa, un ministère trompe l’œil, créé pour faire croire que le gouvernement se préoccupe des droits humains et qui pourrait plutôt s’appeler le « Ministère des 3 singes », l’aveugle, le sourd et le muet, puisque, en réalité, la Ministre du genre est payée pour ne rien voir, entendre et surtout ne rien dire au sujet des innombrables atrocités, violations des droits humains et du droit international humanitaires commises dans ce pays.

Le Ministère de la Jeunesse et Initiation à la nouvelle citoyenneté est attribué à Maguy Kiala et celui de la Culture et Art à  Astrid Madiya. Elles ne pourront pas faire grand-chose puisque les budgets de ces ministères sont tellement minces qu’ils suffisent à peine à rétribuer le personnel des cabinets ministériels et à financer leurs « missions » dans les provinces et à l’étranger.

La Vice-ministre du Budget, Maguy Rwakabuba, sera payée pour ne rien faire puisque chacun sait que les vice-ministres ne sont là que pour ajouter quelques places à la grande mangeoire gouvernementale et pour assister aux cérémonies d’inauguration lorsque le Ministre est « empêché ».

Le Ministère « Genre, enfant et Famille » revient évidemment à une femme, Chantal Safu. Le problème est que l’intitulé même de ce ministère témoigne de l’ignorance de ce que signifie « Genre ». En associant machinalement ce terme à « famille » et « enfant » on réduit en effet le genre aux domaines réservés traditionnellement aux femmes : la famille, l’éducation et le soin des enfants, etc. Or, « le genre » ce n’est pas cela comme auraient pu s’en apercevoir les plus hauts dirigeants de notre pays s’ils avaient lu seulement l’exposé des motifs de la Loi n° 15/013 du 1eraoût 2015 portant modalités d’application des droits de la femme et de la parité : « Des inégalités de droits, de chance et de sexe persistent entre les hommes et les femmes et font perdre à la République Démocratique du Congo l’utile contribution des femmes à la réalisation de ses objectifs de développement humain durable. Cette persistance des disparités entre homme et femme est constatée dans presque tous les domaines de la vie nationale, particulièrement dans les domaines politique, économique, social et culturel, disparités qui entraînent inéluctablement des discriminations entravant la mise en œuvre adéquate de la parité homme-femme ». Un ministère du genre digne de ce nom n’a donc pour mission essentielle que de faire progresser tout ce qui est défini dans cette loi à son article 3 :

  • L’équité entre les sexes : répartition juste et équitable des bénéfices, récompenses et des possibilités entre les femmes, les hommes, les filles et les garçons ;
  • L’équité de genre : démarche de reconstruction sociale fondée sur la justice naturelle qui conduit à l’égalité des sexes par rapport aux rôles et responsabilités dévolus aux hommes et aux femmes ;
  • La parité homme-femme : égalité fonctionnelle qui consiste en la représentation égale entre les hommes et les femmes dans l’accès aux instances de prise de décision à tous les niveaux et dans tous les domaines de la vie nationale, sans discrimination ; outre le principe du nombre, elle indique aussi les conditions, les positions et les placements ;
  • L’intégration de la dimension genre : processus consistant à identifier les écarts dus au sexe et à s’assurer que les préoccupations et expériences des femmes, des hommes, des filles et des garçons font partie intégrante des exercices de conception, demise en œuvre, de suivi et d’évaluation des politiques et programmes dans toutes les sphères, de sorte qu’ils en tirent également profit ;

Cette « intégration de la dimension de genre » par TOUS les ministères de ce gouvernement devrait être la SUPER-PRIORITE de la ministre du Genre, en commençant par la mise en place des structures chargées de la mise en œuvre de la Loi, le Comité interministériel et le Conseil National du Genre et de la Parité. Le Comité Interministériel est un organe de haut niveau, composé des Ministères ayant dans leurs attributions le genre, la femme et la famille, l’emploi, la jeunesse, le plan, les affaires sociales, la santé, l’éducation et la justice. Il a pour mission d’impulser la dynamique de l’évolution des questions relatives aux droits de la femme et de la parité( Article 29). Le Conseil National du Genre et de la Parité est un mécanisme inclusif composé des représentants des institutions, des Ministères concernés et des forces vives œuvrant pour la promotion de la femme. Il a pour mission de : – promouvoir l’appropriation, par les femmes et les hommes, de la dimension genre ; – formuler et proposer les politiques, programmes et mesures nécessaires à la mise en œuvre de la parité et des droits de la femme. Le Décret du Premier ministre, délibéré en Conseil des Ministres, qui fixe l’organisation et le fonctionnement du Comité interministériel et du Conseil National du Genre et de la Parité (Article 31) n’a pas encore été pris par les gouvernements Matata et Badibanga. Le sera-t-il par le gouvernement Tshibala ?

Tout cela démontre une fois de plus, depuis le sommet de l’Etat, en passant par le premier ministre, jusqu’aux caciques et ventriotes de la Majorité présidentielle (MP) ainsi que du (vrai et faux) Rassemblement de l’Opposition (RASSOP), l’absence totale de volonté politique pour faire progresser la parité et l’égalité des chances entre hommes et femmes dans notre pays.

Si vous voulez que cela change, Debout Congolaises !