Si la RDC parvenait à améliorer la parité entre les hommes et les femmes, et à faire disparaître progressivement la plupart des discriminations à l’encontre des femmes, elle pourrait, à long terme, réaliser un gain économique de l’ordre de 6 à 8 milliards de dollars. Tel est le principal constat du dernier rapport de la Banque mondiale sur la situation économique de la RDC, qui paraît au moment où la conjoncture commence à montrer des signes d’essoufflement, après des années de forte croissance. « Malgré ce léger repli dû à la baisse du prix des matières premières  et aux troubles sociaux survenus ces derniers mois, l’économie congolaise se porte bien. Notre rapport constate toutefois que les inégalités hommes-femmes sont toujours importantes, notamment en matière de débouchés économiques et professionnels. Or, les femmes sont un atout économique pour le pays qui pourrait accéder plus rapidement au statut d’économie à revenu intermédiaire s’il réduisait les disparités entre les hommes et les femmes », explique Pierre Laporte, directeur des opérations de la Banque mondiale en RDC.

Intitulé « Et si l’émergence était une femme ? Comment la RDC pourrait gagner au moins six milliards de dollars », ce cinquième rapport soutient qu’une politique en faveur de la parité hommes-femmes pourrait aider la RDC à devenir un pays à revenu intermédiaire. Il souligne que des femmes mieux éduquées, avec de meilleurs accès aux soins de santé et plus de poids dans les institutions politiques, les entreprises et les familles, auraient des effets positifs sur l’ensemble de la société congolaise. Les auteurs du rapport, qui espèrent susciter le dialogue et favoriser l’échange d’idées, formulent également plusieurs recommandations et un plan d’action

Le rapport note que le succès de bon nombre de pays industrialisés et émergents s’explique en partie par l’élimination des inégalités hommes-femmes. Or, la RDC demeure l’un des pays du monde où les disparités entre les femmes et les hommes sont les plus fortes. Malgré des efforts sur le plan législatif, les femmes n’accèdent toujours pas aux mêmes niveaux d’éducation et débouchés professionnels que les hommes. Elles ont besoin d’un meilleur accès aux soins de santé et au planning familial.

Jacques Morisset, économiste en chef de la Banque mondiale pour la RDC, et auteur principal du rapport, explique que « la promotion de la parité hommes-femmes en RDC suppose une démarche triple : d’abord, une politique volontariste qui vise à réduire les inégalités à l’encontre des femmes, en particulier dans le domaine de l’éducation, ensuite, l’identification de champions et encore mieux de championnes capables de porter cet agenda et, enfin, la bonne gestion des coûts d’ajustement qui pourraient survenir dans les familles et sur le marché du travail au cours de la mise en œuvre de cette politique. »

La parité hommes-femmes est une obligation sociale et humanitaire, mais c’est aussi un instrument important de politique économique pour tout pays qui souhaite devenir un pays à revenu intermédiaire le plus rapidement possible.

ATTENTION ! Cet article est publié dans notre rubrique « Infaux ».

Nous avons remplacé dans l’article original consacré à la Côte d’Ivoire, le nom de ce pays par RDC et l’adjectif « ivoirien.ne » par « congolais.e » , en rouge dans le texte. Nous pensons en effet que tout ce qui y est dit pourrait très bien s’appliquer aussi à la RDC, si du moins l’on parvient à faire bouger nos gouvernants et à leur faire respecter la parité hommes-femmes qui est une obligation constitutionnelle dans notre pays.