Arrange – toi pour lui montrer que le mariage n’est ni un accomplissement , ni ce à quoi elle devrait aspirer. Un mariage peut être heureux ou malheureux, mais ce n ‘ est pas un accomplissement .

Nous conditionnons les filles afin qu’elles aspirent au mariage, mais pas les garçons , ce qui entraîne dès le départ un grave déséquilibre. Les filles deviendront des femmes qui seront obnubilées par le mariage. Les garçons deviendront des hommes qui ne seront pas obnubilés par le mariage. Les femmes épouseront ces hommes. La relation est automatiquement inégale, parce que l’ institution compte plus aux yeux de l’une que de l’autre . Est – ce donc surprenant que dans tant de mariages les femmes sacrifient davantage et qu’elles y perdent tellement, parce qu’elles doivent constamment entretenir un échange inégal ? L’une des conséquences de ce déséquilibre, c’est ce spectacle si lamentable et si banal de deux femmes se disputant publiquement un homme , tandis que ce dernier garde le silence.

Quand Hillary Clinton était candidate à la présidence des États – Unis, le premier terme utilisé pour la décrire sur son compte Twitter était « Épouse ». Le premier terme utilisé sur le compte Twitter de Bill Clinton, son mari, est « Fondateur » , et non « Mari ». (À cause de cela, j’ai une affection irraisonnée pour les très rares hommes qui se décrivent en premier en tant que « mari ».) Curieusement , personne ne trouve bizarre qu ‘elle puisse ainsi se définir comme une épouse, alors que lui ne se définit pas comme un mari . Cela nous paraît normal car c’est tellement courant. Dans notre monde, le rôle des femmes en tant qu’épouses et mères importe toujours bien plus que tout le reste .

Après avoir épousé Bill Clinton en 1975 , Hillary Clinton a gardé son nom , Hillary Rodham . Elle a fini par ajouter « Clinton » et , au bout d ‘ un moment, elle a abandonné « Rodham » en raison de pressions politiques ( parce que son mari risquait de perdre des électeurs , outrés de voir que sa femme avait conservé son nom ). Lire cette histoire m’a non seulement fait réfléchir à la façon dont les électeurs américains semblent avoir des attentes rétrogrades envers les femmes, concernant le mariage, mais aussi à ma propre expérience avec mon nom.

Tu te souviens qu’un journaliste a décidé un jour de son propre chef de me donner un nouveau nom – Mme Nom du mari — en apprenant que j’étais mariée , et que je lui ai demandé d’arrêter parce que ce n’était pas mon nom. Je me souviendrai toujours de la sourde hostilité manifestée par certaines femmes en réaction à cela. Fait intéressant, c’était d’ailleurs les femmes les plus hostiles, de façon générale, et beaucoup d’entre elles ont persisté à m’appeler par ce qui n’était pas mon nom, comme pour réduire ma voix au silence. J’ai réfléchi à cela, et j’ai pensé que, peut – être, pour beaucoup d’entre elles, mon choix était une façon de remettre en cause ce qu’elles considèrent com la norme.

Même certains de mes amis ont fait des commentaires comme : « Tu as réussi, et donc ce n’est pas un problème que tu gardes ton nom.» Ce qui m’a conduite à me demander : pourquoi faut-il qu’une femme réussisse professionnellement pour justifier de conserver son nom ?

La vérité, c’est que je n’ ai pas gardé mon nom parce que j’ai réussi. Si je n’avais pas eu cette chance d’être publiée et lue par beaucoup de gens, j’aurais quand même gardé mon nom. J’ai gardé mon nom parce que c’est mon nom. J’ai gardé mon nom parce que j’aime mon nom .

Il y aura des gens pour dire : « Pourtant, ton nom est aussi symbole de patriarcat, puisque c’est celui de ton père.» En effet. Mais tout ce que je dis , c’est ceci : qu’il me vienne de mon père ou de la Lune, c’est le nom que je porte depuis que je suis née, le nom avec lequel j’ai traversé les grandes étapes de ma vie, le nom auquel je réponds depuis mon tout premier jour de maternelle, par une matinée brumeuse , quand ma maîtresse a dit : « Répondez “ présent  » si vous entendez votre nom . Numéro un : Adichie ! »

Mais surtout , toute femme devrait avoir le droit de garder son nom : dans la réalité cependant, il y a une énorme pression sociale qui pousse à la conformité. Bien sûr, il y a des femmes qui souhaitent prendre le nom de leur mari, mais il y en a aussi qui n’ont pas envie de se conformer à cette norme, mais à qui cela coûterait juste trop d’énergie (mentale, émotionnelle, et même physique) de s’y soustraire . Combien d’hommes, selon toi, seraient prêts à changer de nom en se mariant ?

Je n’aime pas beaucoup le titre de « Mme » parce que la société nigériane lui accorde trop de valeur. J’ai trop souvent vu des hommes et des femmes évoquer avec fierté ce titre de Mme, comme si celles qui n’étaient pas des Mmes avaient d une certaine façon échoué quelque part. On peut choisir d’ être Mme, mais charger ce titre d’une telle importance comme le fait notre culture, me semble problématique.

La valeur que nous accordons au titre de Mme implique que le mariage change le statut social de la femme, mais pas celui de l’homme. ( Peut-être est-ce pour cette raison que tant de femmes se plaignent que les hommes mariés continuent à « se comporter » comme s’ils étaient célibataires ? Si notre société exigeait des hommes mariés qu’ils changent de nom et prennent un nouveau titre, différent de M. , leur comportement changerait peut-être également ? Tiens donc ! ) Mais plus sérieusement, quand toi , à vingt – huit ans et un master en poche, tu passes en une nuit d’Ijeawele Eze à Mme ljeawele Udegbunam, cela exige sûrement de ta part non seulement une certaine énergie mentale pour renouveler passeport et permis, mais aussi un changement d’ordre psychique, une sorte de nouvelle naissance. Cette « nouvelle naissance » n ‘ aurait pas tant d’importance si les hommes aussi devaient en passer par là. Je préférerais qu’on se mette à utiliser Mme de la même façon que M . Un homme est M . , qu’il soit marié ou non , une femme sera Mme, qu’elle soit mariée ou non . Apprends donc à Chizalum que dans une société véritablement juste, on ne devrait pas attendre des femmes qui se marient des changements qu’on n’attend pas des hommes.

Voici une solution maligne : tout couple qui se marie devrait prendre un nom entièrement nouveau , choisi comme ils le souhaitent tant que les deux sont d’accord , de sorte qu’au lendemain du mariage le mari et la femme puissent se rendre gaiement main dans la main auprès des services municipaux afin de changer leurs passeports , permis de conduire , signatures , initiales , comptes bancaires , etc .

 

 Les suggestions précédentes :

Pour une éducation féministe.  Suggestion N°1 : Sois une personne pleine et entière.

Pour une éducation féministe : Suggestion N°2 : « Faites les choses ensemble ».

Suggestion N°3 pour une éducation féministe : « Apprends-lui que les « rôles de genre » n’ont absolument aucun sens »

Méfie-toi des pièges de ce que j’appelle le féminisme LIGHT ! Suggestion n°4 pour une éducation féministe

Pour une éducation féministe : Suggestion N°5 : « Apprends à lire à Chizalum. Apprends-lui à aimer les livres »

« Apprends-lui à questionner les mots » Suggestion N°6 pour une éducation féministe  

 

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