L’ONG Plan International a réalisé une série de photo immortalisant la nouvelle vie de jeunes filles tombées enceintes alors qu’elles étaient adolescentes. Elles racontent leurs difficultés et leurs espoirs pour elle et leur enfant.

Elles sont plus de 2 millions dans le monde. Elles avaient entre 13 et 15 ans lorsqu’elles sont tombées enceintes. Certaines étaient déjà mariées à ce moment-là, la plupart n’ont jamais eu de cours d’éducation sexuelle, n’ont jamais entendu parler de contraception (ou n’y ont pas accès) et ne savaient même pas qu’on pouvait tomber enceinte en ayant un rapport sexuel. Si elles débordent d’amour pour leur enfant et n’ont pas de regrets, ce passage soudain d’adolescentes à mères, avec les nouvelles responsabilités que cela implique, a bouleversé leur vie et peut-être contrarié l’avenir dans lequel elles se projetaient.

L’ONG Plan International, en collaboration avec la UNFPA (United Nations Population Fund) a souhaité mettre en lumière leur parcours de vie, leur histoire et un phénomène malheureusement encore trop souvent ignoré dans les statistiques et stratégies mondiales ainsi que les risques auxquels ses jeunes filles s’exposent, à travers une série de photos, shootées par Pieter ten Hoopen, et de témoignages émouvants recueillis par la journaliste Sofia Klemming Nordenskiöld au quatre coins du monde.

Des récits déchirants

« Je ne savais pas du tout comment on tombait enceinte. Je ne savais même pas que je l’étais, confie Mulenga, 14 ans.

Nous n’avions rien appris de tout cela à l’école et j’avais peur de l’accouchement. J’ai cru que j’allais mourir. » Aujourd’hui mère d’une petite fille en bonne santé, la jeune Zambienne qui rêvait de devenir docteur est très partagée sur la maternité et ce que cela signifie pour son futur. « Je n’aime pas être une mère, mais j’aime mon enfant. Je suis inquiète pour son avenir, si je pourrai lui acheter des choses comme du savon ou des vêtements. »

Zainab, 15 ans, est Syrienne. Elle a fui la guerre avec sa famille et vit aujourd’hui dans un camp en Jordanie. Mariée très jeune, elle est déjà mère de deux garçons. « J’aimerais bien utiliser un contraceptif. Je n’en ai encore jamais pris. J’ai entendu dire que certains avait des effets secondaires. » « Mes enfants sont toute ma vie maintenant. Je ne veux pas retourner à l’école. J’ai pour responsabilité de prendre soin d’eux, de mon époux, de ma maison. C’est tout. »

En Haïti, Lumilene fait partie des milliers de personnes qui vivent encore sans toit depuis le terrible séisme de 2010.

Maman d’une petite Clairina, l’adolescente de 15 ans a voulu avorter mais sa mère l’en a dissuadé et elle a connu un accouchement très douloureux. Elle évoque les difficultés auxquelles doivent faire face les jeunes filles comme elle et les femmes en général. « Je ne suis pas la seule dans mon école à être mère. Malheureusement, les parents de la plupart des filles sont très pauvre et certaines se prostituent pour avoir un peu d’argent. La violence est courante. Des amies à moi ont été violées. C’est dur pour une fille de dire non ici. »

« J’avais rencontré ce garçon à l’école, raconte Ana, 15 ans, de Colombie. Depuis que je suis tombée enceinte, nous n’avons plus de contacts, il estime n’avoir aucune responsabilité. Je suis de retour à l’école mais c’est difficile de continuer ses études et d’être une mère en même temps. Je dois faire mes devoirs, laver les vêtements de Karen, lui donner son bain…C’est parfois compliqué. » La jeune fille ne manque cependant pas de motivation. Elle a décidé de vivre seule avec sa fille et travaille dur pour avoir un jour un travail et pour pouvoir offrir un bel avenir à sa fille.

C’est aussi ce que désire, à des milliers de kilomètres, au Burkina Faso, Kiswendsida, tombée enceinte à l’âge de 14 ans. « C’était de mon petit-ami. Quand ma famille l’a découvert, ça s’est très mal passé et je ne le vois plus depuis. J’ai continué à aller à l’école alors que j’étais enceinte et une semaine après avoir donné naissance à ma fille, j’y suis retournée. Je ne voulais pas abandonner mes études. »

Rabeya a 16 ans et a déjà vécu plusieurs grossesses. « Depuis que j’ai 13 ans, j’ai été enceinte 3 fois. Kushum est ma première fille et la seule qui ait survécu, confie la Bangladaise. 

Je ne veux pas avoir d’autres enfants. Je n’en ai plus l’énergie. Je suis heureuse avec mon enfant unique et je suis contente que mon mari soit d’accord sur ce point. »

Tous ces portraits font partie d’une exposition itinérante dans le cadre de la campagne #childmothers de Plan International.

Pour la découvrir et approfondir le sujet, rendez-vous sur www.childmothers.org ou sur le site de Plan International.

Source : Un article de Laure Gautherin dans le magazine en ligne « Au féminin » du 31 décembre 2016