Tu te souviens qu’à l’école primaire nous avons appris qu’un verbe est « d’action »? Eh bien, un père est un verbe autant qu’une mère. Chudi devrait faire tout ce que la biologie lui autorise (c’est-à-dire tout sauf allaiter), Parfois, les mères sont si conditionnées à être tout à la fois, à tout faire à la fois, qu’elles contribuent elles- mêmes à diminuer le rôle des pères.

Tu trouveras peut-être que Chudi ne lui donne pas son bain exactement comme tu le voudrais, qu’il ne lui essuie pas les fesses aussi parfaitement que tu le ferais. Et alors? Que peut-il arriver, au pire? Son père ne va pas la tuer. Sérieusement. Il l’aime. C’est une bonne chose pour elle que son père s’occupe d’elle. Alors laisse-le faire, refrène ton perfectionnisme, fais taire ton sens socialement conditionné du devoir.

Occupez-vous de votre enfant à parts égales. Ce que signifie «à parts égales» dépendra bien sûr de vous deux, et vous devrez vous entendre là-dessus, en prêtant une attention égale aux besoins de chacun.

Cela n’implique pas forcément de partager littéralement à cinquante-cinquante, ni même de tenir des comptes au quotidien, mais si les tâches liées à l’éducation de l’enfant sont équitablement réparties, tu le sauras. Tu le sauras parce que tu n’auras pas la moindre rancoeur. Parce que quand l’égalité est réelle, la rancoeur n’existe pas.

Et, je t’en prie, bannis le vocabulaire de l’aide. Chudi ne t’aide» pas quand il s’occupe de son enfant. Il fait ce qu’il est censé faire. Quand nous disons que les pères «aident», nous suggérons que s’occuper des enfants est un territoire appartenant aux mères, dans lequel les pères s’aventurent vaillamment. Ce n’est pas le cas. Tu imagines le nombre de personnes qui seraient aujourd’hui plus heureuses, plus stables, et qui contribueraient bien mieux à la société si seulement leur père avait participé activement à leur enfance? Et ne dis jamais que Chudi fait du «baby-sitting»; les gens qui font du baby-sitting sont des gens qui ne sont pas, au départ, responsables du bébé.

Chudi ne mérite nulle louange ou gratitude particulières, et toi non plus d’ailleurs: vous avez tous les deux choisi de mettre un enfant au monde, et la responsabilité de cet enfant vous appartient à tous les deux à parts égales. Ce serait différent si tu étais mère célibataire, que ce soit par choix ou par la force des choses, parce que tu n’aurais pas alors la possibilité de «faire les choses ensemble». Mais tu ne devrais pas agir en «mère célibataire» si tu n’en es pas réellement une.

Mon ami Nwabu m’a dit un jour que, parce que sa femme était partie alors que ses enfants étaient petits, il était devenu « M. Maman», ce qui dans sa bouche signifiait qu’il s’occupait d’eux au quotidien. Pourtant cela ne faisait pas de lui un »M. Maman » mais simplement un papa.

 

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