Tous les 5 ans, les Etats membres des Nations Unies font l’objet d’un examen par leurs pairs dans le domaine des droits humains. Avec cet Examen Périodique Universel, le Conseil des droits humains des Nations Unies rappelle aux Etats leurs obligations en matière de respect et de mise en œuvre de tous les droits humains et libertés fondamentales. Lors de cet Examen, chaque Etat présente les mesures qu’il a prises pour améliorer la situation des droits humains, et les autres Etats peuvent faire des recommandations pour demander des actions supplémentaires et amener l’Etat à agir par la pression morale de la communauté internationale.
En mai 2019, la République démocratique du Congo passera cet Examen et devra donner des preuves des progrès accomplis depuis son Examen de 2014. La société civile a la possibilité de faire sa propre analyse et de la présenter aux autres Etats de l’ONU, afin de leur donner une image plus complète de la réalité dans le pays. C’est pourquoi le Mouvement des survivant.es de viol et violences sexuelles en RDC, la Fondation Panzi, la Fondation Mukwege et la Fondation du Prix Right Livelihood ont décidé de soumettre un rapport conjoint pour que la réalité des violences sexuelles soient bien comprises par les autres Etats et qu’ils émettent des recommandations fortes envers le gouvernement congolais.
Intitulé « La voix des survivantes de violences sexuelles en temps de conflit », notre rapport se base sur le vécu et les besoins des survivantes, ainsi que leurs recommandations. Le rapport démontre pourquoi les violences sexuelles en RDC doivent continuer d’être considérées comme des crimes de guerre. Sur la base de données et de faits concrets, il met en évidence la persistance de l’impunité en RDC, le manque d’accès aux réparations et de réhabilitation holistique pour les victimes, et l’inaction du gouvernement en termes de prévention et de promotion de l’égalité femmes-hommes. Le rapport présente 12 recommandations concrètes pour le gouvernement congolais.
« Le Congo entier est un pays traumatisé. Ce n’est pas seulement la femme qui a subi les viols qui est traumatisée. Des enfants sont parfois forcés de violer leur maman, des papas leurs filles. D’autres enfants sont témoins du viol, ça a été le cas de mon petit frère. Il faut travailler avec la communauté toute entière pour faire face au traumatisme. » (Une survivante de Kavumu, 2018)
En avril 2019, Tatiana Mukanire, coordinatrice du Mouvement des survivant.es en RDC, et membre de SEMA, le Réseau mondial des victimes et survivantes pour mettre fin aux violences sexuelles liées aux conflits, sera à Genève pour présenter les principaux points du rapport et faire des recommandations auprès des autres Etats, en vue de la réunion du Conseil des droits humains en mai. La présence de Tatiana à Genève, comme porte-parole de ce rapport, est un signe fort pour la reconnaissance des survivantes. Nos quatre associations considèrent qu’il est urgent que les survivantes portent leur voix directement au plus haut niveau, pour briser le silence, renverser la honte liée au viol, et donner leur vision d’un monde dans lequel les violences sexuelles liées aux conflits ont été abolies.
Vous trouverez ici le rapport complet en français (qui donne toutes les sources des chiffres et des citations). Et ici une fiche synthétique avec les principales analyses et les recommandations.
Find the summary of our joint report in English here.
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