Comment ces étudiant.e.s ont-elles -ils pu suivre une formation et obtenir un diplôme sans quitter leur pays et sans interrompre leur activité actuelle ?
Pour Selam Kairu qui vit à Nairobi au Kenya, les cours qu’elle a suivis à Darden, école supérieure de commerce de l’université de Virginie, située à environ 12 000 km de chez elle, ont joué un rôle majeur dans le développement de son activité.
Depuis qu’ils ont entrepris des études en ligne avec l’école Darden, Kairu et son mari Ken qui ont monté ensemble une agence d’assurance, ont augmenté leurs ventes, automatisé leurs processus de demande d’indemnisation, transformé leur stratégie de marketing et élaboré un plan stratégique destiné à guider leur entreprise pour les années à venir
Et tout ce travail, ils l’ont réalisé sans même avoir mis les pieds en Virginie.
Kairu et son mari font partie des nombreuses personnes à avoir bénéficié d’un programme de bourses d’études destinées aux étudiants africains souhaitant suivre les cours de l’école en ligne. L’école Darden a lancé cette initiative baptisée Africa Scholarship Cohort en 2016, en partenariat avec le centre d’enseignement à distance pour l’Afrique qui siège au Kenya et la plateforme de formation en ligne Coursera. Cette initiative s’inscrit dans le prolongement de partenariats antérieurs dans la région qui avaient été mis en place par Michael Koenig, alors adjoint principal des programmes d’étude de l’école Darden.
Depuis le lancement du programme, l’école à fourni environ 3500 bourses aux étudiants africains de 37 pays. Les bourses couvrent le montant des cours en ligne et incluent les frais d’inscription et le prix du certificat après obtention du diplôme. Les étudiants sont libres de suivre divers cours proposés en ligne par les membres du corps professoral de Darden sur des sujets tels que la stratégie commerciale, le design-thinking, la gestion de projet et les stratégies de croissance.
« S’ils le souhaitent, ils peuvent suivre une spécialisation en stratégie d’entreprise en cinq cours et obtenir leur diplôme avec un certificat. »
« Ces cours les dotent des compétences fondamentales et indispensables pour le marché, renforcent leurs aptitudes à la résolution des problèmes, augmente leurs capacités professionnelles et leur employabilité » estime Sidiki Traore, fondateur et président du centre de formation à distance pour l’Afrique. « Nous avons assisté à de belles réussites sur tout le continent. »
Certains étudiants comme Kairu se sont servi des cours de l’UVA pour faire évoluer la société qu’ils avaient déjà créée par eux-mêmes. Depuis que Kairu a débuté ses cours, plusieurs de ses employés ont également demandé et reçu des bourses.
« Grâce à ce que j’ai appris, j’ai pu développer mon entreprise ». J’ai amélioré mon sens des affaires et je suis devenue une meilleure dirigeante. En affaire, je suis devenue plus critique et plus stratégique dans mes prises de décisions » déclare-t-elle. « J’ai encouragé avec joie non seulement mon équipe au bureau mais également les autres hommes et femmes d’affaires à suivre les cours. »
Liz Wachuka qui réside à Dar es Salaam en Tanzanie affirme que les cours lui ont permis de « reconsidérer ses produits et services et de donner un nouveau souffle à son entreprise. » Elle est en train de mettre au point un programme en ligne d’acquisition de compétences destiné aux adolescents et aux jeunes adultes et finit actuellement un livre sur le même sujet.
Liz Wachuka à droite, prenant la parole lors d’une présentation. À sa gauche, Michael Koenig, administrateur de l’école Darden. (contribution photo)
« Chacun de mes cours a eu un impact direct sur mon entreprise », a-t-elle reconnu. « Une fois dotée des outils qui m’ont permis de prendre des décisions éclairées, ma façon de penser a totalement changé. »
D’après Kristin Palmer, directrice des programmes d’apprentissage en ligne de l’UVA, ce programme a permis aux étudiants de trouver un emploi et de réussir dans de nombreux domaines. L’un d’entre eux a développé sa propre entreprise de produits de cosmétiques, un autre a démarré une activité de conseil en utilisant les stratégies du design-thinking qui lui avaient été enseignées par Darden. D’autres encore ont accédé à des postes de direction dans différentes entreprises en Afrique et ils encouragent activement leurs collègues et leurs collaborateurs à s’inscrire aux cours. »
« Suite à quoi, plusieurs étudiants se sont inscrits à nos cours et nous les avons à notre tour soutenus dans leurs démarches pour qu’ils obtiennent des aides financières complémentaires. » a expliqué Palmer. « Il y a tant de gens qui ayant accès à ce matériel, ne tarissent plus d’éloges sur la façon dont il est en train de changer leur vie. »
Très satisfaits du succès de ces trois dernières années, Palmer et Traore sont désireux d’étendre encore davantage ce projet. L’automne dernier, ils ont lancé un programme de bourses d’études qui vise tout particulièrement les femmes entrepreneurs. Afin d’introduire davantage de cours en ligne en Afrique et en Amérique latine, ils participent en outre au programme mené par le « Presidential Precinct » de l’UVA, qui met l’accent sur le gain d’autonomie des jeunes dirigeants partout dans le monde.
Par ailleurs, Traore s’intéresse tout particulièrement aux étudiants qui ont un accès limité à Internet. Il affirme que le programme au format flexible permet déjà aux étudiants de se servir de tout type d’appareil à leur disposition.
« Ce mode d’accès à la formation a été très bien accueilli car il s’adapte facilement à toutes les situations rencontrées pour apprendre, que ce soit depuis un ordinateur, un téléphone portable ou un cybercafé » a-t-il rapporté. « La grande majorité des Africains doit faire face au défi de la pauvreté, de la technologie, du pouvoir et de l’accès à Internet. Notre approche a d’abord consisté à s’introduire dans les grandes villes où la résistance est moindre, et à travailler avec les ministères, les grands groupes, et les centres communautaires pour s’assurer que nos cours allaient être adoptés. »
Les cérémonies de remise de diplôme s’avèrent également être un outil très puissant. Lorsque les étudiants terminent leur spécialisation, le centre de formation à distance pour l’Afrique organise une cérémonie de remise des diplômes lors de laquelle ils seront présentés avec leur certificat en main.
« Les familles, les amis et les groupes les plus sceptiques peuvent ainsi constater que c’est possible et bien réel. Pour notre part, nous gagnons ainsi la confiance des gens et augmentons la participation à nos cours. » a affirmé Traore.
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