Un talent discriminé.
Rares sont les filles qui décident et arrivent à devenir des chanteuses ou musiciennes en Afrique sans se buter à des stéréotypes de tous genres, contrairement à certains hommes. Dans certaines pays africains, il est déjà problématique pour un homme de choisir la carrière musicale (chanteur ou instrumentiste ou encore les deux à la fois) et de l’exercer sans se faire épingler par la famille comme un futur inutile pour la famille ; pire son paria.
Le pire est chez la jeune fille : contrairement à son homologue de sexe masculin, la croyance populaire la prédispose à la prostitution, au vagabondage, bref elle la rend d’office exclue du mariage ; comme si toutes les filles devraient aspirer au foyer en tant qu’unique « débouché » pour la réussite d’une femme dans la société africaine.
D’autre part, devenir une chanteuse professionnelle requiert aussi bien une vocation mais surtout une formation et plus : se donner le temps de bien répéter pour bien chanter seule ou en groupe devant un public, être studieuse et endurante, emprunter une filière telle l’orchestre, le chœur, une formation en conservatoire, être autodidacte, savoir exiger un cachet à la hauteur de la qualité et de la durée de ses prestations, etc.
Le déficit d’une formation classique.
En plus de la discrimination dont font l’objet des candidates filles à la carrière musicale par rapport aux hommes (qui ont plus de chance d’imposer leur choix), les filles sont confrontées à l’autodidactie. Rares sont celles qui empruntent le créneau académique ou la formation diplômant. Les hommes aussi sans doute. Ignorantes, pour la plupart du solfège, elles ne peuvent accéder facilement et rapidement à des répertoires de styles variés ; ce qui rend leur chant ou musique très souvent monotone.
Selon le site Black women of industry : « De nos jours, les artistes africaines, bien que (très) talentueuses, connaissent des difficultés à percer dans le domaine de la musique. Pourtant, ce secteur est en sans cesse renouvellement. Certains visages féminins se dessinent progressivement au sein de l’actualité musicale en Afrique (et à l’international) grâce à des sonorités éclectiques et des paroles engagées. »
Au-delà des obstacles de tous bords.
En Afrique centrale, les années d’avant l’indépendance et d’après (surtout les décennies 70 et 80) ont vu émerger des « divas » ou femmes de grand talent telles Myriam Makeba (Afrique du Sud), Nayanka Bell (Côte d’Ivoire), Bella Bellow (Togo), Abby Surya (Congo- Brazzaville), Monique Seka (Côte d’Ivoire), la Sénégalaise Coumba Gawlo, Aïcha Koné l’ivoirienne, Angélique Kidjo (Bénin), la sud-africaine Brenda Fassie, Cesaria Evora, la capverdienne, la gabonaise Patience Dabany, etc.
Dans un passé récent, la République Démocratique du Congo a tiré son’épingle du jeu par le nombre élevé de ses chanteuses sur le continent. La doyenne de toutes fut Lucie Eyenga Moseka ; puis vinrent d’autres de grand talent : Abeti Masikini, Mpongo Love, M’Bilia Bel, Tshala Muana, Mukangi Déesse, etc.
Aujourd’hui, une nouvelle génération de chanteuses de talent attire l’attention de tout le continent africain : la camerounaise Charlotte Dipanda, la malienne Inna Modja, Aya Nakamura, l’ivoirienne Josey, la ghanéenne Jane Awindor, la nigériane Yemi Eberechi dite Yemi Alade ainsi que ses compatriotes Tiwa Sawage et Waje, la jeune chanteuse de Kinshasa Laurette la Perle, la tanzanienne Vanessa Mdee, Oumou Sangare, les congolaises de Kinshasa : Nathalie Makoma, Barbara Kanam, La Reine du Tchatcho, etc.
Pour découvrir toutes ces « 10 chanteuses à suivre de près », écouter leurs chansons et regarder leurs clips allez sur le site de Black women of industry en cliquant ici.
Prophétie d’un avenir présent.
Ces jeunes femmes chanteuses constituent une mine importante de stars de de demain. Elles sont en train de se faire un nom et de gagner en aura (car très présentes dans les grandes discothèques du continent africain et de quelques capitales occidentales branchées sur la musique du continent noir) et en dividendes (de par les sollicitations discographiques et scéniques dont elles font l’objet). Autant elles sont inspirées, autant elles inspirent leurs jeunes sœurs désireuses d’aborder la carrière de chanteuse.
Selon toujours le site (http://www.
Grâce à elles, le monde danse aux rythmes de toute l’Afrique : de l’Afro trap au Zulu en passant par l’Afrobeat, l’Akobo poussière, l’Azonto, le Baikoko, le Cool, le Catche, le coupé décallé, le Djembe, Hiphop Afrique, le Kizomba, le Kuduro, le Makossa, le Mapouka, le Mbalax, le Reggae, la reine Rumba congolaise des deux Congo sans oublier le Zouglou, le zouk, le Wolosso et le Soukouss, notamment.
Faustin Muliri, Journaliste culturel
Bukavu, le 28 mars 2017
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