En me promenant dans mon quartier à Bunia, j’ai rencontré Amina, 17 ans. La jeune fille, devenue mère à l’âge de 16 ans, nous raconte avec tristesse son histoire.
Trop de souffrances ont conduit Amina à rêver de mieux
Le quartier Bankoko à Bunia est connu pour son camp militaire nommé « OPAS ». En m’y promenant, j’ai rencontré une jeune fille qui m’a partagé son histoire.
« Je suis l’aînée d’une famille de 5 enfants. Mon père est un militaire et passe presque tout son temps en brousse. Vu l’insuffisance de son revenu, il ne pouvait nous scolariser mes frères et moi. Pour nourrir la famille, j’étais obligée d’accompagner maman au marché pour la vente de légumes. Un jour au marché, un jeune vendeur de viande m’a approché. Il m’a proposé de devenir sa petite amie. J’étais encore trop jeune pour accepter sa proposition mais influencée par ses cadeaux multiples, par mon entourage et par la misère à laquelle je fais face, j’ai accepté. Deux mois après, j’étais enceinte de lui. »
Amina a été chassée de la maison parentale pour être conduite auprès du jeune homme. L’arrangement à l’amiable est intervenu peu après. « Quand mes parents ont appris la nouvelle, ils m’ont conduit auprès du garçon. Mon père, très en colère, a menacé de poursuivre le jeune homme en justice, jusqu’à ce qu’il verse une somme de 150.000 francs congolais [environ 100$] pour essayer de calmer la situation. Depuis ce jour-là, je vis chez le garçon, avec mon enfant. »
Amina, 17 ans aujourd’hui, est mariée et mère d’un bébé de trois mois. Elle regrette d’être devenue trop rapidement mère. « J’ai toujours l’envie de reprendre le chemin de l’école. »
La situation des jeunes filles en Ituri
L’histoire d’Amina est fréquente dans la ville. De nombreuses jeunes filles de 13 à 17 ans ont des rapports sexuels avec des garçons des 15 à 25 ans, parfois même plus âgés. Lorsqu’une grossesse arrive, les jeunes filles sont emmenées chez le prétendant mari. Il suffit juste d’une petite somme d’argent pour calmer la situation.
Pourtant, la Convention des Droits de l’Enfant (CDE), dans son article 34, précise que l’État doit protéger l’enfant contre la violence l’exploitation sexuelle et la prostitution. Par ailleurs, l’article 48 de la Loi portant Protection de l’Enfant (LPPE) stipule que « les fiançailles et le mariage d’enfants sont interdits. »
Mon plaidoyer pour éradiquer les mariages précoces en RDC
Je demande aux parents de bien encadrer leurs enfants pour éviter les grossesses précoces. Si une grossesse arrive, ils ne doivent pas être corrompus par des petites sommes d’argent, au détriment de l’avenir de leurs enfants ! Les parents doivent prendre leurs responsabilités en main.
La communauté a également un rôle à jouer : chacun doit dénoncer tous les cas des violences sexuelles pour que les auteurs soient poursuivis devant la loi.
L’État congolais doit assurer l’application et le respect des différents articles de la CDE et la LPPE. Les auteurs de violations doivent être poursuivis tout comme les parent qui confondent leurs enfants avec des marchandises lors des arrangements à l’amiable.
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SOURCE : PonaBana
Article écrit par Andry, Enfant Reporter d’Ituri. Activiste des droits de l’enfant, Andry compte mettre en place une organisation de lutte contre les violences faites à la jeune fille. Pour lui, l’enfant est l’avenir de demain, il faut le protéger.
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