En République démocratique du Congo, où les violations des droits humains à l’encontre des femmes sont répandues, une initiative de justice mobile est en cours pour aider les femmes à rassembler des preuves, à enregistrer et transmettre leur témoignage par le biais d’un appareil mobile, en vue de traduire les responsables en justice. Ainsi, même dans les régions de la RDC où il n’existe pas de tribunaux, les victimes de violence peuvent envoyer des SMS vers les villes dotées d’un système judiciaire en place et espérer que leur affaire sera entendue et que justice sera faite.
Les téléphones mobiles autonomisent les femmes d’autres manières aussi. Ils peuvent faciliter l’entrepreneuriat des femmes, comme les Grameen village phones, au Bangladesh, qui permettent aux entrepreneurs locaux d’acheter un service de téléphonie mobile par le biais de Grameen Telecom et de le revendre au sein de leur village (Cohen 2001).
Les femmes micro-entrepreneurs à Mumbaï, telles que les esthéticiennes ou les tiffin-wallahs (les personnes qui livrent des repas chauds dans des “ tiffins “ aux employés de bureau), utilisent les applications mobiles pour construire leur clientèle, ce qui leur permet d’être indépendantes des propriétaires de salons ou de restaurants qui prélèveraient normalement une part de leurs profits.
Ces nouvelles plateformes peuvent aider les femmes à être plus indépendantes en leur permettant d’accéder directement aux informations en toute confidentialité. Là où autrefois les femmes avaient besoin de membres masculins de la famille pour servir d’intermédiaires, les plateformes mobiles leur permettent à présent de prendre leurs propres décisions. Par exemple, la Self Employed Women’s Association (SEWA), un syndicat comptant plus de 1,1 millions de femmes actives dans le secteur informel en Inde, utilise des SMS pour envoyer tous les jours aux travailleuses agricoles informelles des informations à jour sur les prix des produits de base, afin de les aider à déterminer quand et où obtenir le meilleur prix pour leurs produits et pour élargir leur capacité à planifier des cultures et à prendre des décisions éclairées sur les récoltes. À ce jour, au moins 20 000 femmes ont utilisé le système SMS de SEWA. SEWA affiche également les prix sur des “ tableaux d’affichage “ informatiques dans les villages pour celles qui n’ont pas de téléphone mobile et elle teste un système de gestion mobile utilisant un système interactif de réponse vocale pour aider les membres qui sont illettrés ou qui ne maîtrisent pas la technologie.
L’initiative appuyée par l’ONU Business Call to Action (Appel à l’action des entreprises) travaille en partenariat avec le secteur privé en Afrique et en Asie du Sud pour offrir un accès à des numéros de téléphone à faible coût, permettant aux bénéficiaires de se connecter à n’importe quel téléphone mobile avec un numéro unique. Au lieu de partager les numéros de téléphone, ce qui limite l’accès aux informations privées et aux services critiques, les utilisateurs peuvent passer et recevoir des appels par eux-mêmes. Cela aide des millions de pauvres, notamment des femmes, qui sont traditionnellement confrontées à des problèmes d’accès.
Les atteintes aux droits humains dans les régions éloignées du Congo passent généralement inaperçues, car la guerre et le manque d’infrastructures empêchent l’aide d’atteindre les endroits qui en ont le plus besoin. Voix des Kivus est un système pilote de “ crowd-seeding “ intégré au logiciel libre FrontlineSMS qui utilise les téléphones mobiles pour rassembler des informations en temps réel sur des événements qui se produisent dans des zones difficiles d’accès de la RDC. Le “ crowd-seeding “ fonctionne en limitant le nombre de personnes qui peuvent envoyer des informations, permettant ainsi de valider en quelque sorte les sources d’informations. Dans les villages pilotes, trois représentants, à savoir un chef de village traditionnel, une femme et une personne élue, détiennent chacun un téléphone portable et reçoivent un crédit mensuel, une “ fiche de codes “ des violations potentielles des droits humains et une formation leur montrant comment envoyer et utiliser les SMS. Les données envoyées sont transmises dans une base de données et chaque semaine un bulletin est généré et diffusé aux organisations, au gouvernement et aux décideurs pour les informer de ce qui s’est produit la semaine précédente et à quels endroits. Lors de la phase pilote, les détenteurs de téléphone ont envoyé des milliers de SMS signalant des attaques, des enlèvements, des maladies touchant les cultures et des inondations, ce qui démontre non seulement le grand intérêt des participants, mais également les possibilités de recueillir des données d’excellente qualité depuis des zones éloignées. Le succès de ce projet suggère qu’obtenir des données en temps réel vérifiables dans des régions difficiles d’accès est moins onéreux et nécessite moins de supervision que prévu.
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