Mi-septembre, le journal britannique The Guardian révélait que les personnes qui représenteraient le Royaume-Uni à la 26e Conférence des parties (COP26), en novembre 2021, à Glasgow, étaient toutes des hommes.
C’est surprenant, à l’heure de l’égalité affirmée des genres ! Et cela marque un net recul par rapport aux COP précédentes, et au regard des objectifs annoncés par l’ONU. Pour répondre à ce « manquement » du Royaume-Uni, la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques travaille actuellement à un appel pour une meilleure représentation des femmes dans les négociations climatiques — et à une représentation tout court d’ailleurs —, rappelant le non-sens de leur absence dans les entités décisionnelles.
Le dérèglement climatique, un multiplicateur de difficultés quotidiennes pour les femmes
Il est statistiquement prouvé que les femmes subissent en première ligne le dérèglement climatique. Toute l’humanité est menacée, mais les populations pauvres sont les plus vulnérables face à ses effets, pour des raisons géographiques, souvent, et de difficultés accrues d’adaptation par manque de moyens.
Or, les femmes constituent 70 % des 1,2 milliard de personnes ayant un revenu inférieur à un dollar par jour, selon les données de la Banque mondiale.
En 2014, le 5e rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) établit clairement que les inégalités de genre existantes sont accrues par les risques liés au climat. Le dérèglement climatique agit donc comme un multiplicateur de difficultés quotidiennes pour les femmes. Vu le rôle qu’elles occupent traditionnellement dans la gestion du foyer, de l’alimentation et des tâches domestiques, les femmes vivant en milieu rural voient leur charge de travail augmenter à cause, notamment, des phénomènes de désertification ou de stress hydrique. La gestion au jour le jour des économies d’énergie, des déchets, de l’alimentation, de la santé continue d’incomber majoritairement aux femmes. Pourtant, si elles avaient le même accès que les hommes aux ressources productives, y compris l’accès au marché du travail, elles pourraient nourrir 150 millions de personnes supplémentaires dans le monde.
- Les femmes possèdent des savoir-faire spécifiques dans la préservation des ressources naturelles, la protection de la biodiversité, ou la gestion d’une agriculture durable.
Selon cette même répartition des rôles, les femmes possèdent également des savoir-faire spécifiques dans la préservation des ressources naturelles, la protection de la biodiversité, ou la gestion d’une agriculture durable, grâce auxquels elles peuvent mettre en place des stratégies alternatives, écologiques et durables, et devenir de véritables actrices du changement.
La croyance que les hommes font de meilleurs leaders pénalise les femmes
Dans le monde, les femmes détiennent donc des savoirs et des compétences qui pourraient être utiles à tous, sans même parler de leur éducation au care, le soin aux autres. Elles sont aussi plus réticentes au risque, dès lors qu’il s’agit d’avoir recours à des technologies pouvant avoir des conséquences négatives sur l’environnement et la société — comportement qui peut se révéler utile quand le progrès technologique s’impose aux dépens de la cohésion sociale.
Pourtant, en 2020, seulement un siège politique sur quatre dans le monde est occupé par une femme dans les parlements nationaux. Le chiffre a doublé depuis 1995.
Comment accepter qu’une partie de la population décide pour tous ? C’est le cas dans une grande majorité des organisations politiques, malgré des évolutions liées à des exigences de quotas. Dans les COP climat, la représentation des femmes est ainsi passée de 15 % en 2008 à 25 % en 2019. Seulement. Le maintien de cet écart peut s’expliquer notamment par le fait qu’une grande proportion de la population (43 % des femmes et 53 % des hommes) pense que les hommes font de meilleurs leaders. Cette croyance se retrouve dans les votes.
Ces différents chiffres montrent une évolution certaine des mœurs, mais indiquent aussi que les anciens schémas de pensée ont une forte résilience. En effet, au final, les femmes demeurent majoritairement exclues de l’élaboration des politiques. Or, sans représentation, la prise en compte du genre dans les problématiques environnementales et climatiques, pourtant essentielle, ne peut pas être quantitativement et qualitativement satisfaisante.
Revalorisons la voix de la jeunesse, des femmes, et leur prise en compte dans les négociations climatiques
L’association internationale CliMates entend revaloriser la voix de la jeunesse, des femmes, et lutte pour leur prise en compte dans les négociations climatiques. Forts de notre expérience de participation à la dernière COP climat et au vu de l’actualité, nous nous faisons porte-parole de ce besoin de représentation et de connaissances sur le lien entre genre et climat, notamment dans la section Gender and climate change (Genre et changement climatique), formée en 2017.
Constat : il existe une fracture fondamentale entre ceux qui prennent les décisions et ceux qui en subissent les effets. Les femmes sont légitimes à participer aux prises de décision. La justice environnementale et climatique constitue le pan judiciaire de ce rééquilibrage, nous en représenterons la voix citoyenne.
Militons donc pour une meilleure représentation des femmes dans les organes de décision et de négociation climatiques. Nous appelons chacun.e des lectrices et lecteurs de cette tribune à œuvrer en ce sens à toute échelle, notamment en mettant en valeur les femmes de son entourage, pour les encourager à prendre une place dans l’espace public.
Sensibilisons nos proches, nos employeurs et nos collectivités à l’apport des femmes à la transition écologique et interrogeons-nous sur la raison de leur sous-représentation dans les organisations à visée écologique.
CliMates est une association internationale alliant réflexion et action, dans le but de renforcer la voix de la jeunesse sur la problématique du réchauffement climatique. La section Gender and climate Change (Genre et changement climatique) est née en 2017, pour sensibiliser à l’intégration des questions de genre dans les problématiques environnementales.
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