Les femmes et les filles effectuent 2/3 du travail mondial pour… 5 % du revenu mondial. La plupart du travail des femmes n’est pas salarié. En fait, la moitié de la population humaine se charge quasi bénévolement des soins essentiels à la survie de l’humanité. Le travail des femmes dans le monde n’est pas reconnu, ni valorisé. Les femmes du monde entier sont appelées à faire de cette grève un mouvement global depuis le 8 mars 2000. Cet appel est depuis suivi par des femmes dans plus de 60 pays, chaque 8 mars.

Officialisée par les Nations Unies en 1977, la Journée Internationale des Femmes trouve son origine dans les luttes des ouvrières et suffragettes du début du XXe siècle, pour de meilleures conditions de travail et le droit de vote. C’est une journée de manifestations à travers le monde : l’occasion de faire un bilan sur la situation des femmes. Traditionnellement les groupes et associations de militantes préparent des manifestations, pour fêter les victoires et les acquis, faire entendre leurs revendications, afin d’améliorer la situation des femmes. La Journée internationale des femmes reste aujourd’hui d’une brûlante actualité. Car tant que l’égalité entre les hommes et les femmes ne sera pas atteinte, nous aurons besoin de la célébrer.

 

Une grève internationale des femmes annoncée dans cinquante pays

Pour la première fois à l’occasion de la Journée des droits des femmes, des organisations d’une cinquantaine de pays se mobilisent de manière coordonnée, pour « un jour sans femmes ».

Manifestation pour le droit à l’avortement à Varsovie, le 3 octobre 2016.
Manifestation pour le droit à l’avortement à Varsovie, le 3 octobre 2016. JANEK SKARZYNSKI / AFP

Que se passerait-il si les femmes cessaient au même moment toute activité, au travail et à la maison ? C’est le pari de la Grève internationale des femmes, prévue dans une cinquantaine de pays mercredi 8 mars, en réponse à la violence « sociale, légale, politique, psychologique et verbale que les femmes subissent sous différentes latitudes »« Si nos vies ne valent rien, produisez donc sans nous ! », proclame le site qui recense les diverses mobilisations.

Et c’est une première. Jamais les actions organisées à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes ne l’avaient été de manière coordonnée sur les cinq continents, avec le même slogan (« la solidarité est notre arme ») et sous les mêmes bannières.

Une mobilisation planétaire

Des organisations de plus de cinquante pays ont adhéré à l’initiative de la Grève internationale des femmes, en particulier en France, aux Etats-Unis, en Allemagne, en Italie, en Espagne, en Ukraine, en Russie, en Turquie, en Israël, au Pakistan, au Tchad, au Sénégal ou encore au Brésil, au Pérou, au Mexique, en Corée du Sud, en Thaïlande ou au Cambodge.

Aux Etats-Unis, les organisatrices de la Women’s March, la manifestation monstre du 21 janvier contre Donald Trump, se sont elles aussi ralliées au mouvement. « Il est temps de repolitiser la journée des femmes, proclament-elles dans une tribune publiée dans le GuardianElle a longtemps été célébrée avec des brunchs, des fleurs et des cartes de vœux. Mais à l’ère de Trump, il nous faut un féminisme d’action fédérateur. »

Bannière de la Grève internationale des femmes pour le 8 mars 2017.
Bannière de la Grève internationale des femmes pour le 8 mars 2017. Capture d’écran IWS

En France, les femmes sont invitées à cesser de travailler à 15 h 40 : leur salaire étant en moyenne 26 % moins élevé que celui des hommes, « c’est comme si elles arrêtaient tous les jours d’être payées à 15 h 40 », explique le site du collectif de 35 associations féministes, syndicats (CGT, FSU, Solidaires), ONG et organisations de jeunesse qui a rejoint le mouvement international. Des actions sont prévues dans une quarantaine de villes.

Lire aussi Journée des droits des femmes : un 8 mars revendicatif pour l’égalité salariale

Une initiative partie de Pologne

L’idée d’organiser les manifestations du 8 mars de manière coordonnée est née en Pologne, après la manifestation du 3 octobre 2016 pour le droit à l’avortement. Ce jour-là, des milliers de femmes vêtues de noir avaient décidé de faire grève – s’inspirant de la grève des femmes en 1975 en Islande – et avaient défilé à Varsovie pour protester contre un projet de loi visant à interdire totalement l’interruption volontaire de grossesse (IVG).

« Partout, ce sont les mêmes modes d’action, mais aussi les mêmes mots utilisés contre les féministes, comme “féminazi” »

Quelques jours plus tard, c’est au tour des Sud-Coréennes de descendre dans la rue pour défendre l’IVG. Puis, le 19 octobre, des centaines de milliers de femmes de presque toute l’Amérique latine quittent leur travail pendant une heure pour défiler, également vêtues de noir, à l’appel du collectif argentin Ni Una Menos (« pas une femme de moins »), contre les violences machistes.

La militante polonaise et écrivaine Klementyna Suchanow s’émeut alors de la similitude des mobilisations et des problématiques concernant les femmes. « Partout, ce sont les mêmes modes d’action, constate-t-elle, mais aussi les mêmes mots utilisés contre les féministes, comme “féminazi”, déjà courant aux Etats-Unis ou en Amérique latine, mais que l’on ne connaissait pas jusque-là en Pologne. Dès lors, je me suis demandé : pourquoi ne pas coordonner les mouvements de protestation ? »

Lire aussi Journée des droits des femmes : « En Pologne, nous savons comment faire les révolutions »

Après un échange avec une militante féministe argentine, un groupe Facebook est créé, bientôt rejoint par des femmes d’Irlande, d’Israël et d’Italie. L’idée d’un « jour sans femmes » le 8 mars 2017 naît de ces conversations. Très vite, les Argentines du collectif Ni Una Menos, particulièrement actives sur les réseaux sociaux et sur le terrain, sont invitées à se joindre à la mobilisation.

La Women’s March aux Etats-Unis et dans de nombreux pays, trois mois plus tard, démontre qu’il est possible que les femmes manifestent le même jour, au même moment, sur différents points du globe, pour défendre leurs droits.

Par  Publié le 07 mars 2017  dans Le Monde

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