Depuis quelque temps les appels à la désobéissance civile se multiplie en RDC, lancés surtout par les « mouvements citoyens », tels La Lucha, Filimbi, etc., et certains partis politiques. Il est donc utile de préciser ce que recouvre cette notion de « désobéissance civile ».
Selon Wikipedia, la désobéissance civile est le refus assumé et public de se soumettre à une loi, un règlement, une organisation ou un pouvoir jugé inique par ceux qui le contestent, tout en faisant de ce refus une arme de combat pacifique. Le terme fut créé par l’américain Henry David Thoreau dans son essai La Désobéissance civile, publié en 1849, à la suite de son refus de payer une taxe destinée à financer la guerre contre le Mexique. Si la désobéissance civile est une forme de révolte ou de résistance, elle se distingue pourtant de la révolte au sens classique. La révolte classique oppose la violence à la violence. La désobéissance civile est plus subtile : elle refuse d’être complice d’un pouvoir illégitime et de nourrir ce pouvoir par sa propre coopération. Le principe même du pouvoir politique pourrait rendre possible l’efficacité de cette action.
L’idée de la résistance à une loi injuste a existé bien avant le xixe siècle. On peut la faire remonter à la jus resistendi (« droit de résistance ») du droit romain1 et on peut dire que La Boétie, dès le xvie siècle, a démontré l’efficacité du procédé. Il montre dans le Discours de la servitude volontaire que le pouvoir d’un État repose entièrement sur la coopération de la population. Ainsi, dès l’instant où la population refuse d’obéir, l’État n’a plus de pouvoir. Un peuple peut donc résister sans violence par la désobéissance et provoquer l’effondrement d’un État illégitime, car, disait-il, le pouvoir le plus féroce tire toute sa puissance de son peuple. Encore faut-il une prise de conscience générale et le courage des premiers militants pour que ce principe puisse être efficace. C’est principalement Gandhi en Inde, Martin Luther King aux États-Unis,
Mandela en Afrique du Sud, les Grands-Mères de la Place de Mai en Argentine et la contestation du pouvoir soviétique dans les années 1980 qui en ont montré l’efficacité.
Le principe est utilisé aujourd’hui au sein des démocraties pour lutter contre certaines lois lorsque les militants estiment que la légalité — qui dépend de la majorité et / ou d’une certaine inertie — ne parviendra pas à modifier ces lois.
Dans le livre Pour la désobéissance civique, José Bové et Gilles Luneau préfèrent ce terme à la traduction phonétique de l’anglais « désobéissance civile ». Ils définissent six critères à réunir conjointement pour caractériser ainsi un acte:
- c’est un acte personnel et responsable : il faut connaître les risques encourus et ne pas se soustraire aux sanctions judiciaires
- c’est un acte désintéressé : on désobéit à une loi contraire à l’intérêt général, non par profit personnel
- c’est un acte de résistance collective : on mobilise dans l’optique d’un projet collectif plus large
- c’est un acte non violent : on a pour but de convertir à la fois l’opinion et l’adversaire, non de provoquer une répression ou une réponse armée ; toute attaque aux biens ne peut avoir qu’une dimension symbolique
- c’est un acte transparent : on agit à visage découvert
- c’est un acte ultime : on désobéit après avoir épuisé les recours du dialogue et les actions légales
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Photo de titre : Un agent de la MONUSCO en train de filmer le sit-in des militants de la LUCHA devant le Quartier général de la MONUSCO à Goma, pour protester contre les massacres de Beni. Samedi 14 mai 2016. Photo Monusco/Toussnel Chery.
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