A l’occasion de la célébration des 70 ans de la Déclaration universelle des droits de l’Homme le 10 décembre 2018, le Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes (HCE) appelle préférer l’expression « droits humains » à celle de « droits de l’Homme ».

L’utilisation du terme « droits de l’Homme » – même avec une majuscule qui, par ailleurs, ne s’entend pas à l’oral – n’est pas un détail sémantique sans importance. Cette appellation n’est pas neutre, elle s’inscrit dans une Histoire française qui a longtemps exclu et invisibilisé les femmes.

Continuer à perpétuer cet usage contribue à perpétuer les discriminations envers les femmes.

Le Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes (HCE) a tenu à rappeler que la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789, dans laquelle s’enracine l’utilisation persistante de « droits de l’Homme » en France, loin d’être universelle, excluait explicitement les femmes, et a longtemps permis de les écarter du droit de vote et de la vie politique. Jamais il n’a été dans l’intention des auteurs de la Déclaration de 1789 d’accorder aux femmes les mêmes droits qu’aux hommes. Faut-il ainsi rappeler que, lorsqu’en 1791 des femmes menées par Olympe de Gouges ont voulu compléter le texte de 1789 en proclamant une Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, elles ont été persécutées et de Gouges guillotinée ?

La Déclaration universelle des droits de l’Homme (Universal Declaration of Human Rights en anglais) adoptée par les Nations unies en 1948 est d’essence différente et s’adresse, elle, aux femmes comme aux hommes. Les traducteur.ice.s de la Déclaration en français ont d’ailleurs recouru le plus souvent à des termes autres que « homme » dans le corps du texte pour évoquer les droits conférés, à commencer par l’article premier (« Tous les êtres humains naissent libres et égaux en droit »). Ils et elles n’ont toutefois pas été jusqu’au bout de la démarche.

Le maintien de cet usage, « droits de l’Homme », isole désormais la France. La plupart des pays européens utilisent le terme « humain »  : « Human rights » en anglais, « Menschenrechte » en allemand, « derechos humanos » en espagnol, « diritti umani » en italien. Et même « droits de la personne humaine » au Québec francophone.

S’il n’est pas question de modifier les titres de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen ou de la Déclaration universelle des droits de l’Homme, afin de préserver les traces de l’Histoire, le HCE appelle néanmoins à utiliser l’expression « droits humains » pour tout autre usage afin d’en finir avec la logique discriminatoire encore véhiculée par la langue française.

 


• L’Avis du HCE relatif à la révision constitutionnelle « Pour une Constitution garante de l’égalité femmes-hommes » : bit.ly/2HI7eEv

• La Constitution révisée selon les recommandations du Haut Conseil : bit.ly/2Mscxcm