Du Népal au Pérou, du Maroc à Madagascar, portrait d’une jeunesse révoltée

Du Népal au Pérou, du Maroc à Madagascar, portrait d’une jeunesse révoltée

Chaque semaine, “Courrier international” – que Debout Congolaises a fait le choix de relayer régulièrement – explique ses choix éditoriaux. Nous revenons cette semaine sur les manifestations de la génération Z qui ont éclaté ces dernières semaines un peu partout dans le monde. Dans ce numéro, nous avons choisi de donner la parole à ces jeunes qui, de Katmandou à Rabat, d’Antananarivo à Lima, de Jakarta à Belgrade, dénoncent des élites corrompues, revendiquent plus de justice sociale et un renouveau démocratique. Autant de témoignages traduits de la presse étrangère.

La une de “Courrier international” daté du 23 octobre 2025.“On les disait déconnectés de la politique, des conflits sociaux et des revendications sociales. Or ils font évoluer, à travers leur mobilisation, les concepts de leadership, de maturité et d’engagement citoyen”, écrit Carlos Paucar dans le quotidien péruvien La República.

En quelques semaines, les mouvements de révolte de la génération Z, ces jeunes nés entre la fin des années 1990 et le début des années 2010, ont essaimé sur tous les continents : en Asie d’abord, dès la mi-août, où les manifestations pour davantage de justice sociale en Indonésie ont été violemment réprimées ; au Népal, ensuite, où le gouvernement a fini par tomber ; aux Philippines, enfin, faisant craindre une “contagion” jusqu’en Inde. “De Colombo à Katmandou, la jeunesse en révolte embrase l’Asie du Sud”, titrait Al-Jazeera mi-septembre, dans un article traduit par Courrier international.

Au même moment quasiment, c’est au Pérou que la jeunesse choisit de se faire entendre. Le détonateur : la réforme des retraites ; mais c’est contre la corruption et la violence des gangs que les manifestants se mobilisent. Le gouvernement finira par reculer sur les retraites. Le 9 octobre, la présidente, Dina Boluarte, est destituée, ajoutant un peu plus à la confusion.

“Moins de stades, plus d’hôpitaux et plus d’écoles” : au Maroc, pendant des semaines la jeunesse défile pour réclamer simplement “le droit à une vie digne”, avant que le couperet ne s’abatte sur les manifestants. En début de semaine, la justice marocaine a prononcé de lourdes peines contre une vingtaine de jeunes manifestants. De lourdes condamnations qui montrent aussi que le régime n’a pas entendu le message de la jeunesse. Pas plus qu’il ne l’a entendu à Madagascar, où le mouvement de contestation a pourtant fini par emporter le président Andry Rajoelina.

Voilà pour les principaux faits. Ces crises, qui couvent pour certaines depuis des semaines, nous les avons chroniquées régulièrement dans l’hebdomadaire. Cette fois, c’est aux protagonistes de ces protestations que nous avons voulu donner la parole. Au moment où certains mouvements semblent chercher un second souffle, il nous semblait important de comprendre ce qui les a motivés, ce qui les réunit.

À lire les témoignages que nous publions dans ce dossier, on comprend mieux le malaise qui traverse cette génération. “Nous ne sommes pas des jeunes paresseux, nous essayons de vivre”, explique simplement un manifestant cité par Al-Jazeera. “Notre combat ne fait que commencer. Nous ne laisserons pas ces partis politiques corrompus revenir au pouvoir.” Cette fois, c’est un jeune Népalais qui a perdu son frère dans les manifestations qui exprime sa détermination à un journaliste de la Deutsche Welle.

“Ce n’est pas politique. C’est une question de survie.” “Nous ne voulons pas de problèmes, juste la reconnaissance de nos droits.” Voilà ce que revendiquent ces jeunes qui réclament partout davantage de justice sociale, la fin de la corruption et dénoncent les élites au pouvoir depuis trop longtemps.

En quelques semaines, un Premier ministre et deux présidents ont déjà fait les frais − directement ou indirectement – de ces mouvements qu’on aurait tort de prendre à la légère : très connectés, les membres de la génération Z “regardent de près ce qu’il se passe ailleurs”, explique le magazine The Diplomat. Ainsi, les Népalais de 2025 répondent aux jeunes Bangladais qui ont fait tomber le gouvernement de Sheikh Hasina en août 2024. Lesquels Bangladais se sont eux-mêmes inspirés du mouvement de jeunesse du Sri Lanka de 2022.

En 2024, le Kenya avait lui aussi été secoué par des manifestations très importantes. Un an plus tard, le régime est toujours en place, mais le mouvement de protestation a mué. La génération Z a mis le pouvoir sous surveillance. Sur les réseaux sociaux émerge “une révolution que personne n’a vue venir”, analyse le journaliste et juriste Gitobu Imanyara dans une chronique publiée par le quotidien The Standard. La jeunesse est devenue une vigie qui rend compte et dénonce les activités du gouvernement, occupant un espace délaissé par la presse et l’opposition.

Même chose en Serbie, où, depuis un an, les étudiants, qui réclament un système judiciaire indépendant et des institutions transparentes, ont réinventé des formes de mobilisation qui permettent de rouvrir des espaces de débat public. Un espoir pour les autres mouvements de protestation partout dans le monde.

À lire aussi prochainement dans Debout Congolaises : 

  • Témoignages. Les jeunes Péruviens dans la rue : “On ne demande pas la lune, juste une vie tranquille”
  • De Colombo à Katmandou, la jeunesse en révolte embrase l’Asie du Sud
  • Opinion. À Madagascar, la Gen Z bouscule les modes de contestation
  • Témoignages. Au Népal, la jeunesse aspire à un “renouveau démocratique”
  • Opinion. Dans les rues du Maroc, la génération Z redécouvre la politique… et la répression
  • Analyse. En Serbie, le mouvement des étudiants rouvre des espaces de débat dans la société

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