Deux mois après les manifestations qui ont secoué le royaume, les projets de loi votés au Parlement, les 1ᵉʳ et 9 décembre, instaurent des quotas de femmes et de jeunes et des incitations à s’engager, pour répondre à la demande d’une meilleure représentativité.
Durant deux semaines, du 27 septembre au 9 octobre – et à nouveau mercredi 10 décembre, où quelques centaines de manifestants sont sortis dans les rues –, le mouvement « gen Z 212 » (en référence à l’indicatif téléphonique du Maroc, +212) a fait entendre ses revendications en matière de justice sociale et de lutte contre la corruption jusque sous les fenêtres du Parlement, à Rabat.
L’Assemblée a été mise à contribution dès la mi-octobre pour tenter de calmer la contestation avec le vote d’un « effort budgétaire » pour 2026 prévoyant 140 milliards de dirhams (13 milliards d’euros) de dépenses supplémentaires consacrées à la santé et à l’éducation. Ces fonds doivent permettre la création de plus de 27 000 postes dans ces deux secteurs.
L’un des textes, relatif à l’organisation des partis politiques, impose ainsi des quotas. Au moins 30 % de femmes et 10 % de jeunes de moins de 35 ans devront désormais siéger dans les instances dirigeantes des partis. Le dispositif prévoit des incitations : chaque siège remporté par une femme ou un jeune donnera lieu à une aide publique multipliée par six. A l’inverse, si les partis ne respectaient pas ces nouvelles règles, ils perdraient le remboursement de leurs frais de campagne.
Mesures « cosmétiques »
Une autre disposition prévoit, par ailleurs, de rembourser les frais de campagne des candidats indépendants, non affiliés à un parti politique, à hauteur de 75 %. L’idée est de convaincre les jeunes de passer le cap de l’engagement citoyen en dehors des instances politiques historiques, objets d’une désaffection de la part des Marocains.
En 2025, selon un sondage national cité par le très officiel quotidien Le Matin, près de 95 % des interrogés déclarent ne pas faire confiance aux partis politiques, tandis que 70 % d’entre eux les considèrent comme « inefficaces » et/ou « déconnectés ».
A l’approche des élections législatives de l’automne 2026, « il y a une volonté d’instaurer une meilleure représentativité dans une société qui a évolué », souligne Mehdi Alioua, professeur de sociologie à l’université internationale de Rabat. Le même assure que ces projets de loi sont « dans les cartons depuis longtemps, mais la mobilisation de la génération Z a accéléré les choses ».
« La crise de confiance ne se résoudra pas uniquement par des textes législatifs », prévient Younes Siraj, secrétaire général de l’organisation de jeunesse du Parti du progrès et du socialisme. « Le rejet des canaux classiques par la “gen Z” tient moins à l’âge ou au genre des politiques qu’à des pratiques perçues comme fermées, verticales, peu transparentes, voire corrompues, et souvent déconnectées des réalités sociales », poursuit-il.
Interrogés par Le Monde, plusieurs jeunes issus du mouvement de la génération Z ont regretté des mesures « symboliques » et « cosmétiques ». « Ce n’est pas seulement le nombre de femmes ou de jeunes dans les partis qui nous importe, c’est surtout l’impact réel de la politique sur nos vies quotidiennes que, jusqu’à présent, on ne perçoit pas », témoigne Rania, 23 ans, étudiante en droit, qui n’a pas souhaité donner son nom.
Depuis le début de la mobilisation, la majorité des jeunes ayant rejoint le mouvement se revendiquent « apolitiques », refusant toute forme de rapprochement avec les formations marocaines. Leur repositionnement à l’égard de l’action partisane semble donc loin d’être acquis, et avec lui les velléités d’une meilleure représentativité.
SOURCE :
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/12/11/au-maroc-dans-le-sillage-du-mouvement-gen-z-des-lois-pour-rajeunir-et-feminiser-les-partis-politiques_6656897_3212.html
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