Le numérique révolutionne l’éducation … en RDC aussi. De nombreuses start-up africaines, dont une congolaise, présentes au salon VivaTech se sont penchées sur la manière dont le numérique pouvait aider à délivrer une meilleure éducation.
De la santé à l’énergie en passant par la finance, les projets et sociétés présents cette année couvrent de nombreux secteurs. Et cette année, le bandeau « edtech » – les technologies de l’éducation et de la formation – se lit sur tous les stands pays. Chaque pavillon a son entrepreneur de l’éducation numérique. Tous sont réunis sous le même objectif : faciliter l’accès à l’éducation.
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Schoolap
C’est dans ce but que le groupe Labes Key, une société de promotion de l’enseignement numérique, a créé Schoolap en 2018. Basée en République démocratique du Congo (RDC), la plateforme compile tous les programmes scolaires de l’Éducation nationale. « Un site qui profite aux élèves comme aux enseignants », explique Tanya Mukendi, office manager indépendante. Avec Schoolap, les élèves de tout le pays ont accès à leurs leçons. Et les enseignants, aux programmes officiels. « Grâce à la plateforme, ils peuvent préparer leurs cours n’importe où. Cela facilite énormément le travail de certains professeurs, qui, pour certains, n’ont pas accès à des bibliothèques ou aux manuels pédagogiques », ajoute-t-elle.
Via le site, Schoolap tente de répondre à une problématique spécifique à la RDC : celle de la centralisation. « Notre projet est innovant dans le sens où le gouvernement lui-même n’a pas le contrôle de l’enseignement sur l’ensemble de son territoire, affirme Tanya Mukendi. Compiler et centraliser toutes les données est indispensable aujourd’hui pour relancer le chantier de l’éducation. » Et ça fonctionne. Schoolap – qui comptabilise 91 000 élèves en quelques mois – a remporté le prix de la meilleure application Edtech au Seedstars Summit en Suisse, en avril dernier. Une récompense qui a même valu à l’équipe d’être reçue par Félix Tshisekedi, défenseur de l’école gratuite pour toute, à Kinshasa. Faut-il y voir le signe d’un éventuel partenariat public-privé ?
Synoos Studio
Avec Synoos Studio, c’est avec le téléphone ou la tablette de leurs parents que les enfants révisent leurs leçons. De trois applications au départ, la start-up en compte désormais vingt. Apprentissage des langues (arabes et français), mathématiques, sciences… les enfants de cinq à douze ans ont l’embarras du choix. « On compte aujourd’hui plus de deux millions de téléchargements », affirme fièrement Dehoushe Nazih, fondateur de Synoos Studio. L’application star ? Celle qui permet aux enfants d’apprendre l’alphabet arabe.
« C’est un succès dans les pays du Maghreb, mais aussi en France », assure le développeur. Aujourd’hui, les téléchargements viennent du monde entier. La version française – il en existe une en arabe – trouve preneur en Afrique, comme au Sénégal. La clé du succès, pour l’entrepreneur algérien : « le compromis entre apprentissage et nouvelles technologies ». « Et cela déculpabilise les parents de voir que leurs enfants, tout en passant du temps devant un écran, apprennent des choses. Le savoir devient un jeu. »
Accent Éducation
Si la Edtech, dans le sillon de la Tech For Good, un secteur qui conjugue croissance et finalité positive, séduit en Afrique, c’est que la demande est forte. Et que la problématique de l’accès à l’éducation est la même partout. Cette situation, et le potentiel économique qu’il représente, les grands groupes l’ont aussi compris. DBM Maroc, société spécialisée dans la fabrication d’outils informatiques fondée il y a 22 ans, s’est lancée elle aussi dans la Edtech. Avec Accent Éducation, l’entreprise propose donc aujourd’hui des outils numériques à destination des écoles, comme la valise pédagogique. Destiné aux enseignants, cet outil de quinze kilos, à roulettes, « permet d’emporter avec soi toutes ses données et de donner cours n’importe où, même dans les endroits les plus isolés », explique Oualid Mazouzi, à la tête de la filiale.
À l’intérieur, une dizaine de tablettes pour enfants, branchées directement à la valise. D’après le dirigeant, le modèle s’exporte aujourd’hui au-delà du Maroc, et séduit aussi bien en Afrique de l’Ouest que celle de l’Est. Si Accent Éducation défend le bienfait de ses actions, la Tech For Good lui permet aussi de se diversifier, face à la concurrence ardue du secteur informatique en Afrique représentée par les poids lourds Huawei ou Apple. « On essaye de trouver des moyens innovants de se reconvertir, avoue Oualid Mazouzi. Apporter une valeur ajoutée à notre outil nous permet de nous démarquer des autres. »
Par Marlène Panara Publié le | Le Point.fr
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