
Survie aquatique
Nombreux sont les Zanzibaris à ne pas savoir nager. Résultat, la noyade est ici un fléau. Une ONG a donc décidé de donner des cours de natation… y compris aux filles. Ce qui suppose, dans cet archipel tanzanien à 98 % musulman, de surmonter bien des tabous. La photographe américaine Anna Boyiazis a plongé elle aussi dans le grand bain. Un portfolio exceptionnel à découvrir en intégralité dans le magazine GEO de juillet 2018 (n°473, Les Canaries).
Cette jeune fille apprend à flotter dans les eaux de Nungwi, dans le nord de l’île d’Unguja, à Zanzibar. Ces cours de “survie aquatique” sont dispensés aux enfants de sept à quatorze ans depuis 2013 par le Panje Project (panje désigne un gros poisson en swahili), une ONG zanzibarie.

Le plus dur : mettre la tête sous l’eau
Pour se rassurer, ces jeunes filles entrent et sortent de l’eau en se tenant par la main. Selon l’Organisation mondiale de la santé, quarante-deux personnes meurent noyées chaque heure à travers la planète, et c’est l’Afrique qui détient le triste record du plus fort taux de mortalité par noyade dans le monde (7,9 décès pour 100 000 habitants contre 1,6 en France).

Souvent, seuls les garçons ont le droit de barboter
Ces élèves se détendent après un cours de natation. À Zanzibar, explique la photographe Anna Boyiazis, les marées sont de grande amplitude, comparables à celles du Mont-Saint-Michel, et pourtant, de nombreux Zanzibaris ne savent pas nager. Notamment parmi les femmes. En barbotant dans les vagues, les petits garçons, eux, acquièrent spontanément quelques rudiments de natation. Mais les filles, élevées dans des communautés musulmanes conservatrices, ne vont tout simplement pas se baigner.

Révolution
Plus de 5 000 enfants ont appris à nager depuis le début des cours en 2013, dont 3 600 sur ces deux dernières années. Et surtout, on compte désormais 41% de filles parmi les élèves, alors qu’elles n’étaient qu’une poignée il y a cinq ans. Une révolution.

Les monos
Kazija, vingt-deux ans (au milieu) et Siti, vingt-quatre ans (à droite sur la photo), font partie des onze monitrices de l’association, sur un total de trente instructeurs. De plus en plus de communautés auparavant réfractaires acceptent désormais d’envoyer leurs filles à ces cours de natation.

Une expérience excitante pour les unes, terrifiante pour les autres
Apprendre à nager peut se révéler être une expérience terrifiante pour ces jeunes filles. Dans leurs communautés, il n’y a pas d’eau courante. Donc pas de baignoire, ni piscine privée ou municipale. La plupart de ces filles n’ont donc jamais eu la tête complètement immergée !

Premier contact
L’apprentissage débute en douceur, à marée basse. En quinze jours à peine, 85 % des élèves réussiront l’examen final de natation.

En guise de planche
Exercice : flotter en se cramponnant à des bidons. Les filles représentent désormais environ 40 % des élèves de ce cours de natation (à Unguja).

Des cours dispensés par une ONG
Comment battre des jambes, flotter sur le dos… Le Panje Project, une ONG basée à Nungwi, enseigne ces bases de la «survie aquatique» à Zanzibar depuis 2013.

Pas de mixité
Garçons et filles peuvent suivre la formation, mais séparément.

Le rituel de la tête sous l’eau
L’océan ne lui fait plus peur : Chema, 17 ans, est l’une des onze monitrices du Panje Project, sur un total de trente instructeurs.

Uniforme de natation
Ni bikini ni une-pièce pour les apprenties nageuses, mais ces uniformes jaunes en polyester, tee-shirt à manches longues, pantalon et foulard. Sans cela, familles et communautés locales ne les autoriseraient pas à participer au programme.

L’océan ne fait plus peur
En apprenant à nager, ces filles vont à contre-courant des traditions et repoussent les limites de leur liberté.
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