Officialisée par les Nations unies en 1977, la Journée internationale pour les droits des femmes est, chaque 8 mars, l’occasion de faire un bilan sur la situation des femmes dans le monde. Si certaines considèrent que cette journée est essentielle parce qu’elle remet la problématique sur le devant de la scène, d’autres considèrent qu’elle n’a pas lieu d’être.

Ce n’est pas une journée pour célébrer la femme, mais un jour pour mettre en lumière les luttes pour les droits des femmes dans le monde.

Dans de nombreux pays, leurs droits sont, en 2022, toujours bafoués et nombre d’entre elles sont opprimées. Célébrer les femmes a une connotation d’ailleurs sexiste, estime Ibtissame Betty Lachgar, psychologue clinicienne, militante féministe et porte-parole de Mali au Maroc (Mouvement alternatif pour les libertés individuelles). Elle déplore le côté marketing du 8 mars. « On leur offre des fleurs, des cadeaux, on leur dit qu’elles sont de super mères, épouses, etc. Bref, se fonder sur des stéréotypes complètement sexistes ! »

« Ce qu’on exige le 8 mars, c’est ce qu’on exige tous les jours. Mais symboliquement, comme toutes les causes, il faut une journée pour mettre en avant ladite cause qu’on défend. On ne veut pas de cadeaux, on veut des droits ». Et Ibtissame Betty Lachgar de noter qu’il n’y a d’ailleurs pas d’émancipation des femmes possible sans déconstruire la rhétorique des dominants. « Les femmes ne forment pas un bloc monolithique. Le pluriel est donc de mise pour parler de « LA FÂÂME » », comme elle dit.

Le patriarcat responsable ?

Pour la militante féministe, les revendications des femmes sont globalement les mêmes partout dans le monde : l’émancipation des femmes au-delà de l’égalité. Si en France, par exemple, l’égalité des droits entre les femmes et les hommes est juridiquement effective, il existe toujours des inégalités dans le domaine des retraites ou de l’égalité salariale. « Cette journée est faite pour dénoncer toutes les lois et toutes les pratiques portant atteinte aux droits et à la dignité des femmes dans le monde », insiste-t-elle.

« Le problème, c’est que ce sont toujours les hommes qui ont dominé les femmes ». Les pays où les droits des femmes sont les plus bafoués, note la psychologue, sont ceux où le système patriarcal est le plus présent, et à cet égard, « à des degrés divers, toutes les femmes du monde sont touchées ».

Le patriarcat capitaliste, majoritaire en Europe (on pense à la prostitution, à la GPA) mais aussi le patriarcat religieux. « Toutes les religions sont misogynes, c’est un fait. Les textes religieux, tous, sont sexistes et patriarcaux. » Dès lors, dans les pays où la religion prime, les femmes sont opprimées. C’est le cas au Maroc, dans certains pays d’Amérique latine et d’Asie centrale, en Israël.

« Ça me désole de voir que certaines féministes, sous-couvert de relativisme culturel, m’accusent d’islamophobie ou autre (au sujet de la polygamie, de l’excision, etc.) et qui finalement font le jeu du patriarcat, qui mettent en pratique la stratégie du « diviser pour mieux régner » entre nous. Or, on ne peut pas diviser les opprimées. »

Texte par :Anne Berna

SOURCE : Texte complet sur https://www.rfi.fr/fr/europe/20220307-la-journ%C3%A9e-internationale-pour-les-droits-des-femmes-est-elle-toujours-n%C3%A9cessaire

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