Près de 9 000 cas de choléra dont 145 décès ont été enregistrés dans l’ex-Province du Katanga au cours de l’année 2016. Le manque d’accès à l’eau potable, la mauvaise conservation de celle-ci et la méconnaissance des bonnes pratiques d’hygiène sont les principales causes de cette maladie encore meurtrière à l’heure actuelle…
En vue de prévenir la propagation des cas de choléra en 2017 dans le Haut-Katanga, une campagne a été organisée du 1er au 30 Avril 2017 par le cluster Eau, Hygiène et Assainissement (EHA) du Katanga. Grâce à celle-ci, plus de 70 000 personnes de la ville de Lubumbashi et de ses environs, ont été sensibilisées sur l’importance de la consommation d’une eau potable ou préalablement traitée.
Cette campagne à grande échelle a été décidée la veille de la célébration de la journée mondiale de l’eau, le 22 mars 2017, pour sensibiliser les populations des zones de santé de Kampemba et Mumbunda, les plus touchées par l’épidémie de choléra au cours de l’année 2016, aux risques auxquelles elles sont exposées en consommant une eau non potable.
Un engagement participatif général
« Nous avons voulu marquer d’un cachet spécial la commémoration de la journée mondiale de l’eau à Lubumbashi en sensibilisant l’ensemble de la communauté » souligne Richard Manda, chargé des Urgences au bureau d’hygiène de la division provinciale de la santé. Une initiative rendue concrète grâce aux cotisations de chaque membre du cluster EHA. Avec une souscription de 50 dollars Américains (USD) par membre et l’appui de certaines entreprises de traitement de l’eau de Lubumbashi, près de 5.000 USD ont été collectés. Ces fonds ont servi à financer les agents sensibilisateurs, l’organisation de la cérémonie de commémoration de la journée mondiale de l’eau 2017 et au lancement de la campagne de prévention « Consommons tous de l’eau potable ».
L’UNICEF a par ailleurs apporté son appui technique en renforçant les capacités des agents sensibilisateurs et en fournissant des outils de travail tels que des boîtes à images, des affiches, des dépliants et des fiches de rapportage et de monitorage. Outre la sensibilisation sur les mesures d’hygiène, la campagne a aussi introduit les bienfaits de la chloration. Quelques produits chlorés ont été distribués dans les quartiers où l’eau est fortement turbide. Sonyi, représentant d’ADAM, une ONG locale membre du Cluster EHA, espère que ces messages transmis continueront à être mis en pratique par la communauté le plus longtemps possible.
« D’emblée 50 USD semblait insignifiant […] mais en associant nos efforts, nous avons pu atteindre un grand nombre de personnes » Sonyi
Sensibilisation marathon pour lutter contre le choléra
Boîtes à images et Mégaphones en mains, habillés en gilet vert avec mention « Relais communautaire », une trentaine d’agents sensibilisateurs et mobilisateurs sont passés de maison en maison pendant trente jours d’affilée en vue de sensibiliser les populations et de les accompagner dans le respect des règles d’hygiène de l’eau. Après avoir travaillé toute la matinée, nous croisons Perpétue Mahanda, fiche de collecte de données en mains, faisant son rapport auprès de ses superviseurs du centre de santé Munua. « J’ai sensibilisé aujourd’hui […] vingt ménages soit 109 personnes dont 20 hommes, 34 femmes et 55 jeunes ». Comme Perpétue, plusieurs autres relais communautaires ont sensibilisé les familles sur la consommation d’eau traitée ou provenant d’une source aménagée et les mesures d’hygiènes en passant dans les écoles, les églises et les marchés.
Un groupe d’enfants se lavant les mains dans une fontaine de Kabanga (UNICEF RDC Mputu)
Une mobilisation qui porte ses fruits
Le médecin chef de zone de Kampemba, aimerait que de telles initiatives soient régulièrement organisées : « Je suis très content de cette campagne de sensibilisation car elle est préventive. Toutes les fois que nous avions sensibilisé, c’était en pleine épidémie. Cette fois au moins nous pensons que cela va contribuer efficacement à réduire le risque ».
Et en effet depuis le mois de mars 2017, aucun cas de choléra n’a été enregistré dans les deux zones de santé ciblées. Si ce résultat n’est pas uniquement imputable à la campagne de sensibilisation, il ne fait aucun doute qu’elle y a fortement contribué. Grâce à la volonté et à l’engagement de ces courageux volontaires, les populations et notamment les enfants n’ont pas été exposés aux risques de choléra depuis cette période.
A propos de l’eau, l’hygiène et l’assainissement
Comme il est inscrit dans la Convention relative aux droits de l’enfant, tous les enfants ont le droit d’avoir accès à une eau propre et à un assainissement élémentaire. Le but ultime du travail de l’UNICEF dans le domaine de l’eau, de l’hygiène et de l’assainissement (EHA / WASH) est d’assurer que tous les enfants puissent bénéficier de la concrétisation de ce droit, et qu’aucun enfant ne soit laissé sur le bord du chemin.
Nickey Mputu
est Chargée de communication, plaidoyer et communication pour le développement (C4D) pour le programme Eau, hygiène et assainissement du bureau de Zone Sud de l’UNICEF RDC, basé à Lubumbashi.
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