Vous connaissez Margaret Mead ? Anthropologue, ethnographe, enseignante et intellectuelle engagée, elle observa et décrivit pendant plus de 50 ans autant les micro-comportements individuels que les grands équilibres sociaux. Elle contribua à l’essor d’une anthropologie interdisciplinaire et appliquée. Elle a défini notamment le concept de « sexe social », aujourd’hui dénommé « genre ».
Margaret Mead naît en 1901 à Philadelphie. Son père est professeur d’économie à l’Université de Pennsylvanie. Sa mère est docteure en sociologie et, même après avoir cessé l’enseignement, continue d’être attentive aux phénomènes sociaux et encourage sa fille à prendre des notes sur tout. Sa grand-mère paternelle, qui vit également avec elle, est une ancienne directrice d’école et institutrice. Elle encourage Margaret à observer, notamment le développement de ses 4 petites sœurs. Mère et grand-mère transmettent à Margaret l’idée qu’une femme n’est pas seulement une épouse et peut vivre d’autres aventures significatives.
Margaret, diplômée en psychologie, commence en 1923 des études d’anthropologie à l’Université Columbia avec Franz Boas et Ruth Benedict. Ses recherches l’amènent d’abord à Samoa, en Polynésie. Elle part seule et étudie la sexualité des jeunes filles dans une société où l’activité sexuelle est considérée comme naturelle et agréable. La publication de son livre Coming of Age in Samoa (Adolescence à Samoa) en 1928 fait l’effet d’une bombe dans l’Amérique puritaine.
Universitaire reconnue même si controversée, Margaret devient assistante-conservatrice du Musée d’Histoire Naturelle de New York (dont elle deviendra conservatrice en 1964 puis conservatrice émérite en 1969) et obtient son doctorat en 1929.
Dans les années 1930, elle repart pour la Nouvelle-Guinée, en Océanie, où elle mène une étude comparative entre Chambuli, Mundugumor et Arapesh. Dans Sex And Temperament In Three Primitive Societies (qui devient sobrement Trois sociétés primitives en Nouvelle-Guinée dans sa traduction française) publié en 1935, elle déconstruit l’idée d’une hiérarchie entre les civilisations, à contre-courant de la pensée dominante de l’époque.
Ses recherches l’amènent également à considérer que les qualités dites « féminines » ou « masculines » n’ont rien de naturel. Elle déconstruit ainsi la prétendue domination masculine en mettant en lumière un large éventail de rôles sexuels (dans la culture Chambuli par exemple, les hommes ornent leur corps pendant que les femmes travaillent).
Dans ses travaux, elle s’attache à l’importance de l’éducation, questionnant déjà, sans le savoir, ce que nous appelons aujourd’hui « l’éducation genrée ». Sa pensée nourrit les mouvements féministes, de libération sexuelle et anticoloniaux.
Dans les années 1950, Margaret devient professeure à l’Université Columbia et conférencière. Ses études sur la variété et la fluidité des expériences sexuelles dans d’autres cultures donnent un fondement scientifique aux critiques de la société puritaine et hétérocentrée des communautés LGBT (aujourd’hui LGBTQIA+).
En 1975, après avoir assisté l’année précédente à une conférence de l’ONU sur la surpopulation (dont elle rend compte pour la revue Science), Margaret organise une conférence intitulée « L’Atmosphère : menacée et menaçante » avec le parrainage du U.S. National Institute of Health pour alerter l’opinion mondiale sur le fait que les émissions anthropiques de gaz carbonique provoquent un réchauffement global de la Terre.
Quand elle meurt en 1978, Margaret fait la Une du New York Times. Elle reçoit la médaille présidentielle de la Liberté à titre posthume en 1979 et est inscrite au National Women’s Hall of Fame.
Auteur : juliette.raynaud ,Consultante en communication sur son blog de Mediapart
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