L’Observatoire de la parité et de l’égalité F/H (OPE) a réuni, dans l’urgence, le jeudi 30 novembre, dans les locaux de son Centre de ressources numériques « La force des femmes » (créé avec l’appui technique et financier de la GIZ),  une quinzaine de femmes candidates aux élections communales dans les trois communes de Bukavu (Bagira, Kadutu, Ibanda) pour échanger sur la campagne électorale qui démarre le 4 décembre.

Lors du tour de table de présentation des participantes, les candidates, toutes inscrites à la Clinique électorale en ligne mise en place par l’OPE, ont exprimé la même préoccupation : le « manque de moyens » pour battre campagne dans leur commune. La demande unanimement exprimée par les candidates est de pouvoir disposer des moyens pour imprimer des tracts, des affiches et affichettes, des calicots, des t-shirts, des képis, etc. Aussi pour pouvoir distribuer à leurs potentielles électrices et électeurs des « motivations » : un peu d’argent, des boissons ou « à manger », le « transport », un t-shirt, etc.

L’OPE a clairement répondu que ces demandes sont non seulement irréalistes mais aussi inefficaces et surtout non respectueuses de l’éthique qui doit être respectée dans une campagne électorale.

  • Demandes irréalistes parce que, à 4 jours du démarrage de la campagne électorale des élections communales (le 4 décembre) aucun partenaire technique et financier (PTF) ne déliera les cordons de sa bourse pour accorder à un grand nombre de candidates des moyens aussi considérables.
  • Demandes inefficaces parce que ces moyens « traditionnels » de campagne électorale (tracts, affiches, affichettes, calicots, etc.), déjà massivement déployés par les candidats aux élections présidentielles, aux élections nationales et aux élections provinciales, vont rendre totalement illisibles ou invisibles ces mêmes moyens (de communication) utilisés par les candidates aux élections communales.
  • Demandes non respectueuses de l’éthique électorale puisque la distribution par les candidats aux électeurs et électrices de « motivations » sous la forme de quelques $ ou francs congolais, de « transports » ou encore de boissons, de repas, de t-shirt, etc. constitue une mauvaise  pratique d’ « achat des consciences » dénoncée par tous ceux qui sont soucieux du respect de l’intégrité du processus électoral. L’OPE, et les PTF également, ne peuvent évidemment se faire les promoteurs de ces pratiques qui , selon les mots employés par une participante, « abîment » le processus électoral et le débat démocratique. Il a été ajouté que ces mauvaises pratiques d’achat des consciences ne sont même pas efficaces pour gagner les votes des électeurs et électrices. Ces « bénéficiaires » acceptent et reçoivent ces « motivations » non pas d’un seul candidat mais de 5, 10, 20  candidats différents. Une fois dans l’isoloir, l’électeur-trice ne choisira librement qu’un seul candidat et pourra très  bien apporter sa voix à une candidate qui n’a pas fait partie de ces « faux bienfaiteurs », de ces « acheteurs de conscience ».

En conséquence, l’OPE a proposé aux femmes candidates de lancer de toute urgence 4 appels qui ont été approuvés par les candidates participantes à cette assemblée :

Le 1er appel est adressé aux Partenaires Techniques et Financiers (PTF)  leur demandant de disponibiliser de toute urgence les moyens pour imprimer massivement un petit tract (ou flyer) non pas individuel (pour chaque candidate) mais collectif (pour l’ensemble des candidates conseillères communales). Au recto de ce mini-tract figurerait le message ci-dessous (à discuter et améliorer). Au verso, chaque candidate inscrirait, manuellement ou par cachet, son NUMERO (qui est l’information essentielle permettant à l’électeur-trice, une fois devant la machine à voter, de retrouver facilement et rapidement la candidate pour laquelle il veut voter)

Au RECTO DU TRACT :

ELECTRICES ET ÉLECTEURS, VOTEZ SELON VOTRE CONSCIENCE !

Je suis candidate pour devenir conseillère communale dans notre chère commune. Je n’ai ni la capacité, ni la volonté d’acheter votre conscience et votre vote en vous distribuant de l’argent, des « transports », des boissons, des repas, des t-shirt, etc. Mais j’ai la capacité et la volonté de défendre au sein de notre Conseil communal vos intérêts et vos préoccupations quotidiennes concernant l’accès à l’eau, à l’électricité, aux soins de santé, aux infrastructures sportives, etc. et à la sécurité des biens et des personnes.

Vous pouvez compter sur moi pour vous écouter et pour faire entendre votre voix au Conseil communal.

Vous pouvez recevoir tous les « cadeaux » venant des « candidats qui ont les moyens », mais, le 20 décembre, une fois dans l’isoloir, n’écoutez que votre conscience honnête et libre et donnez votre voix, votre vote à une femme candidate !

Au verso, mon numéro de candidate.

Gardez-le jusqu’au moment du scrutin pour pouvoir me voter !

Il ne manque qu’un petit coup de pouce financier de la part d’un ou plusieurs partenaires techniques et financiers pour imprimer uelues milliers de ces mini-tracts, les faire distribuer par les équipes de campagne des candidates et ainsi changer la donne et augmenter fortement les chances des femmes d’être élues et de devenir conseillères communales à Kadutu, Ibanda, Bagira.

Le 2ème appel est adressé à toutes les radios de Bukavu afin qu’elles ouvrent largement et GRATUITEMENT leur porte aux femmes candidates aux élections dans les trois communes. Cela peut beaucoup contribuer à faire entendre leur voix et à faire élire un plus grand nombre de femmes dans les 3 conseils communaux, jusqu’à atteindre 30% ou même 50% de femmes élues conseillères communales.

Le 3ème appel est adressé à des personnalités jouissant d’une grande influence à Bukavu afin qu’elles fassent passer le message de rejet de l’ « achat des consciences » par les candidats et appellent les électeurs et les électrices à voter massivement pour les femmes candidates aux élections communales ou municipales dans les trois communes de Bagira, Kadutu, Ibanda.

Le 4ème appel est adressé aux femmes candidates qui ont décidé pour diverses raisons de se désister et de ne pas faire campagne. Il leur est demandé de rendre public leur désistement et d’en informer leurs sympathisant.e.s et potentiel.le.s électeurs et électrices pour qu’ils et elles reportent leur voix sur les autres femmes qui ont maintenu leur candidature. Cela évitera le gaspillage des votes et leur dispersion sur un grand nombre de candidates augmentant ainsi les chances d’avoir plus de femmes élues dans les trois conseils communaux.