L’Académie française accepte (enfin) de féminiser les noms de métier

femmeactuelle.fr

Apr 14, 2019 7:32 PM

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« La fonction ne peut être identifiée à la personne qui l’occupe, le titre à la personne qui le porte, etc. ; pour cette raison, l’utilisation ou l’invention de formes féminines n’est pas souhaitable » peut-on lire sur le site de l’Académie française dans un chapitre consacré à la féminisation des noms de métiers, fonctions, grades ou titres. Mais cette phrase risque de bientôt disparaître du site. Des années de débats et de combats qui vont finir par aboutir à un résultat, dans les prochains jours : les Immortels sont sur le point de féminiser les noms de métiers.

Selon le magazine l’Express, la noble institution est en passe de valider ce changement. Comme le rapporte l’hebdomadaire, rien de nouveau sous le soleil : « Autrice n’est pas un néologisme : le vocable est attesté jusqu’au XVIe siècle et se construit comme actrice. Ce n’est qu’à partir du XVIIe que les femmes ont été exclues d’un certain nombre de professions et reléguées à la cuisine » en citant le linguiste Bernard Cerquiglini. Par ailleurs, nombre de mots féminisés sont, plus ou moins, entrés dans le langage courant : députée, procureure, préfète, professeure, directrice, acupunctrice…

Pourquoi tant de temps pour un changement qui, malgré certaines opinions, semble tomber sous le sens ? Toujours selon l’Express, « les blocages relevaient surtout de la sociologie.(…) l’institution est devenue au fil des siècles fondamentalement conservatrice. En règle générale, elle voit d’un mauvais oeil les innovations linguistiques. » Mais ce n’est pas la seule raison. Une autre réalité serait la cause de cette lenteur dans la procédure : une profonde misogynie de l’institution.

Déjà, en 1984, la féminisation des noms de métier avait été repoussée au motif que, selon l’Académie française, « le masculin est en français le genre non marqué et peut de ce fait désigner indifféremment les hommes et les femmes (…) Aussi la féminisation risque-t-elle d’aboutir à un résultat inverse de celui qu’on escomptait, et d’établir, dans la langue elle-même, une discrimination entre les hommes et les femmes. »

La commission de féminisation va rendre son rapport le 28 février prochain et sera soumis au vote des Immortels. Vous pourrez donc bientôt utiliser les termes de préfète, doctoresse, pharmacienne, députée, procureure et … autrice, sans vous faire traiter de barbare. N’en déplaise à certains.