Le 8 mars 2023, plus que jamais, ne sera pas la journée de la « fête des femmes ».
En ce jour où notre pays est victime d’une nouvelle agression, en ce moment où nos maris, nos pères, nos fils, nos frères meurent ou sont blessés en combattant pour la patrie, en cet instant où des millions de déplacés, femmes, enfants, vieillards, ont dû abandonner leurs maisons et leurs terres, nous ne ferons pas la fête : nous ferons du 8 mars la journée internationale des Droits de la femme, du droit à la paix, du droit des victimes à la justice, à la vérité, à la réparation, aux garanties de non-répétition, du droit de retourner dans notre lieu d’origine, du droit à la restitution des terres dont nous avons été dépossédées, du droit à des élections libres, crédibles, transparentes, apaisées, tenues dans les délai constitutionnel.
Dans le contexte de la guerre qui nous est à nouveau imposée, nous pensons que les thèmes décidés internationalement et nationalement sur l’éducation numérique égalitaire sont certes importants mais pas prioritaires et que nous pourrons en reparler après le 8, durant tout le mois de la femme.
Le 8 mars, nous serons en lutte.
Nous descendrons dans la rue, vêtues de noir, aux côtés des hommes épris d’égalité, de justice, de démocratie et de paix.
Nous marcherons, non pas en silence, mais en faisant un bruit assourdissant en frappant sur nos casseroles.
Nous nous ferons entendre car le changement de paradigme ne se produira pas sans la moitié de la population !
- Nous nous ferons entendre de nos gouvernants pour qu’ils donnent à notre armée les moyens de mettre fin victorieusement à cette agression, pour qu’ils écartent de nos FARDC les « brebis galeuses », afin qu’il ne soit plus nécessaire de recourir à des forces étrangères pour sauvegarder notre souveraineté et notre intégrité territoriale.
- Nous nous ferons entendre de ces mêmes gouvernants pour qu’ils mettent fin à la « culture de l’impunité », une des causes principales de la perpétuation des crimes de masse dont nous sommes victimes depuis 30 ans, et pour qu’ils mettent enfin en œuvre les mécanismes de la justice transitionnelle, de justice, de vérité, de réparation, de garantie de non-répétition de ces atrocités.
- Nous nous ferons entendre des Nations unies et de l’Union africaine pour qu’elles veillent, conformément à la Résolution 1325, à ce que toutes les parties aux conflits armés fassent participer les femmes à tous les processus et mécanismes de mise en œuvre des futurs accords de paix.
- Nous nous ferons entendre de nos sœurs, et aussi de nos frères, pour qu’elles et ils fassent activement preuve de compassion et de solidarité envers les déplacés internes.
- Nous nous ferons entendre de nos sœurs pour qu’elles s’enrôlent massivement comme électrices, pour qu’elles s’opposent fermement au glissement, pour qu’elles se portent candidates, pour qu’elles se mobilisent comme observatrices et sentinelles d’un réseau d’observation citoyenne des élections pour que ne se reproduise pas la tricherie de 2018 et que les élections de 2023 soient intègres, apaisées, transparentes, et conformes à la volonté du souverain primaire, le peuple congolais.
- Nous nous ferons entendre de nos frères et sœurs pour qu’ils n’achètent plus les produits « made in Rwanda » mais nos produits « made in Congo », issus de nos champs, de nos plantations, de nos élevages, transformés et commercialisés chez nous.
- Nous nous ferons entendre des citoyens du monde et des touristes qui visitent en grand nombre le Rwanda voisin et ses gorilles alors que ce pays entretient depuis des décennies, par ses multiples agressions, l’insécurité et l’instabilité à l’Est de notre beau pays, l’empêchant ainsi de tirer profit de son immense potentiel touristique.
- Nous nous ferons entendre des Etats et des multinationales pour qu’ils n’achètent plus à vil prix dans les pays voisins, y compris en Ouganda, au Rwanda et au Burundi, nos minerais, nos terres rares et nos autres ressources naturelles qui ont été, en toute illégalité, volées ou pillées au Congo.
- Nous nous ferons entendre de la communauté internationale pour qu’elle sorte de l’hypocrisie, de la passivité, du « deux poids, deux mesures » et pour qu’elle sanctionne durement ceux qui nous agressent continuellement, ceux qui violent impunément la Charte des Nations Unies, les droits de l’homme et le droit international humanitaire.
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