Déjà lors des élections de 2018, l’Observatoire de la parité et de l’égalité F/H avait mis en évidence les mécanismes de la tricherie électorale dans un article intitulé « La CENI aussi connaît le vainqueur » , publié 5 jours après le scrutin, avant même la proclamation des résultats par la CENI. La même méthodologie du trucage des élections sera employée à nouveau le 20 décembre  par l’utilisation des technologies numériques et l’outil de la « machine à voter » , rebaptisée par les Congolais la « machine à voler », re-rebaptisée aujourd’hui par la CENI et devenue le « Dispositifif électronique de vote » (DEV).

Comme en 2018, tous les résultats des différents scrutins seront transmis immédiatement avant même le dépouillement manuel, par voie électronique, vers le serveur central de la CENI, par les techniciens-informaticiens en charge de la machine à voter dans chaque bureau de vote. Cette transmission se fera conformément aux mesures d’application de la loi électorale qui (si elle n’ont pas été modifiées) prévoient que « Le technicien du centre de vote procède à la transmission de la fiche des résultats de chaque scrutin au centre local de compilation de résultats et au siège de la Commission électorale nationale indépendante, à l’aide d’un dispositif de transmission approprié. ». Cette transmission sera effectuée électroniquement à l’aide des cartes SIM des sociétés de télécommunication à partir de chaque machine à voter immédiatement après la clôture des votes.

En 2018, les Observatrices mandatées par l’Observatoire de la parité et le Réseau « Tous Electeurs – Tous Observateurs » ont pu constater de visu que les techniciens-informaticiens ont partout procédé à cette transmission des résultats issus des machines à voter vers le serveur central de la CENI.

Des instructions fermes dans ce sens avaient d’ailleurs été données aux techniciens lors de leur formation et figuraient clairement à la page 23, point 10 du « Manuel de formation des membres du bureau de vote et de dépouillement (MBVD) ».

Le module de formation de la CENI sur la machine à voter contenait aussi 5 diapositives ou slides sur la transmission / sauvegarde des données où l’on pouvait lire : « L’option de transmission sur la machine à voter a pour but principal de créer la sauvegarde des fichiers et le transfert des données de la mémoire de la carte SD vers la clef USB qui devra être transmis au CLCR pour un archivage ». « C’est une tâche obligatoire que doit accomplir le secrétaire du bureau de vote après la clôture des votes sur la machine » ; « Le TCV (technicien du centre de vote) est chargé de passer dans chaque bureau de vote pour s’assurer de l’effectivité de l’exécution de la tâche. Dans le cas où aucune trace n’est imprimée, il se chargera d’exécuter cette tâche et d’imprimer la trace de transmission ».  Suivent des instructions sur les étapes de la transmission tel que « Toucher sur le bouton « Transmettre Résultats ».

Autre preuve : le document « Tâches du chef de centre de vote et du formateur électoral » mentionnait explicitement parmi les tâches à accomplir après le scrutin : « s’assurer sur base de la trace de transmission des résultats, du transfert des données au SEN (Secrétariat exécutif national), contacter le TICV (Technicien Informaticien du Centre de Vote) pour le transfert des données du CV (Centre de vote) vers le SEN, en cas de besoin ».

Il est très probable que les mêmes instructions seront répétées en 2023 et que les résultats seront bel et bien transmis électroniquement vers le serveur central de la CENI dès le soir du scrutin.

En 2018, il a  aussi pu être constaté par tous que l’Internet et les réseaux de communication ont été coupés  durant la journée du 31 décembre seulement après que cette opération de transmission électronique des résultats a pu être réalisée. La CENI a donc été en possession des résultats des scrutins dès le soir du 30 ou la matinée du 31 décembre. Il en sera vraisemblablement de même le soir du 20 décembre 2023.

Le danger le plus grand, en 2018 comme en 2023,  est que les résultats sortis des urnes puissent être modifiés, trafiqués, lors de ce processus de transmission et de compilation au niveau du serveur central. Un serveur que personne ne contrôle, en dehors de la CENI, en laquelle la grande majorité des candidats et des électeurs n’a aujourd’hui, comme hier,  plus aucune confiance.

 Ce très grave danger de fraude électorale à grande échelle doit être dénoncé et faire l’objet d’un monitoring très strict, ce qui n’a pas été le cas en 2018.  Le serveur central de la CENI doit pouvoir être contrôlé par des témoins des partis, par des observateurs nationaux et internationaux indépendants, etc. afin de pouvoir vérifier que les résultats enregistrés dans le serveur correspondent effectivement à ceux issus du comptage manuel qui, espérons-le, auront été soigneusement enregistrés par les observateurs des différentes missions d’observation électorale, dont celle de la CENCO-ECC.

A BON ENTENDEUR, SALUT !