Une école se veut un lieu calme où les élèves doivent être concentrés pour apprendre et assimiler leurs leçons. Hélas, à Mbujimayi, l’environnement dans lequel sont implantés certains établissements scolaires ne facilite pas la tâche aux enseignants. Des cinémas sont érigés juste à côté des écoles, et proposent en pleine journée des films de violence et de pornographie.
En RDC, les écoles ouvrent à 7 heures, les cinémas aussi. Le matin, les élèves, en uniforme bleu et blanc, passent par devant pour aller à l’école. Du coup, ils doivent faire le choix : entrer en classe ou entrer dans le ciné ? Déjà le programme affiché au cinéma pour la journée est alléchant et irrésistible : 7h30 Jack Bauer 8e saison. 9h00 Porno 4×4 ; 10h30 Classico Réal-Barcelone… Beaucoup d’enfants choisissent alors de déserter leurs classes pour aller regarder ces films. Et devant l’écran, ils crient et exultent comme dans un stade de football.
Au quartier Dipumba, une enseignante raconte : « Dans ma classe (5e primaire), je compte 24 élèves présents le matin. À 10h30 après la récré, je regarde ils ne sont plus que 12 ou 13. Un jour, l’idée m’est venue d’aller voir dans le ciné à côté. J’y ai trouvé environ 9 de mes élèves entrain de regarder des pornographies à l’heure des classes. J’ai convoqué leurs parents… »
Les leçons des cinés mieux assimilées que celles de l’école
Force est de constater que les enfants maîtrisent mieux ce qu’ils ont vu au cinéma que ce qu’ils ont appris à l’école. « L’image a beaucoup plus d’influence sur les enfants que tout. Par exemple, chaque fois qu’il y a une bagarre entre les élèves dans la cour de l’école, vous vous rendez compte que les enfants essaient de mettre en pratique les techniques de combat qu’ils ont vues dans un film », fait remarquer André, le proviseur d’une école privée à Mbujimayi. Et de conclure : « La télévision détruit la morale des enfants ! »
Mamu Véronique est vendeuse de farine de maïs. Elle a constaté que chaque fois qu’elle laisse son sac à main dans sa chambre, le lendemain elle perd 500 FC. Elle a piégé un jour son fils de neuf ans et l’a finalement pris en flagrant délit, la main dans le sac : « Cet enfant est un voleur. Souvent il me dit : ‘’Maman, on nous a demandé 1000 FC à l’école. On nous a demandé 500 FC ‘’… Pourtant c’est pour aller dans les cinés. Ce jour-là je l’ai fouetté et il a avoué qu’il me volait l’argent pour payer le droit d’entrée au ciné. »
L’implication des institutions provinciales
L’école et les salles de cinéma ont des objectifs diamétralement opposés et ne peuvent cohabiter. Si l’école instruit et façonne l’enfant sur base d’un programme d’études qui s’étale sur 12 ans maximum (6 pour le primaire et 6 autres pour le secondaire) afin de rendre l’enfant utile à la société, il n’en est pas ainsi du ciné qui est un lieu de divertissement. Le tenancier du ciné programme ses films aux heures qui lui conviennent et pour ses besoins financiers. Que ces films montrent des danses obscènes, incitent aux actes de barbaries, à la pornographie, etc. Il ne tient pas compte de l’âge de ses clients. C’est l’argent qui l’intéresse.
La député provinciale Lucie Shungu Ndjeka élue du territoire de Lodja a initié au Kasaï-Oriental une question orale avec débat au ministre provincial ayant dans ses attributions l’Enseignement. Un édit a été adopté et l’autorité provinciale a publié un arrêté interdisant l’existence ou l’érection des cinés près des écoles. Hélas, à ce jour, plusieurs établissements scolaires continuent à cohabiter avec les tintamarres des marchés, des églises et des salles de cinéma.
Source : Noella Lusamba sur habarircd.net
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