Le débat sur la scolarisation des jeunes filles enceintes refait surface en République Démocratique du Congo à la suite de la note circulaire N° MINEDU-NC/SG/80/DEVC/90/1245/2025 du Secrétariat Général à l’Éducation Nationale et à la Nouvelle Citoyenneté. Cette note invite les établissements scolaires à maintenir les filles enceintes dans le circuit éducatif, une mesure saluée mais aussi controversée, notamment dans les milieux religieux.
En réponse à cette directive, la Commission Épiscopale pour l’Éducation Chrétienne (CEEC) et la Coordination Nationale des Écoles Conventionnées Catholiques ont émis un document d’orientation à l’intention de leurs coordinateurs et enseignants, suscitant une vague de réactions dans les milieux éducatifs, sociaux et psychologiques.
Un enjeu psychosocial sous-estimé
Parmi les voix qui se sont élevées, celle de Prudent Murhula Shanvu, psychologue clinicien praticien et conseiller au Conseil Provincial de la Jeunesse du Sud-Kivu, apporte un éclairage particulier sur les conséquences psychologiques des grossesses précoces en milieu scolaire. Selon lui, « les adolescentes enceintes font souvent face à une accumulation de traumatismes émotionnels : anxiété, troubles de l’humeur, perte de l’estime de soi, isolement social, voire dépression profonde ». Ces effets psychologiques, souligne-t-il, sont parfois aggravés par le rejet de la part des familles, des communautés et même des institutions scolaires.
Une approche intégrée est indispensable
Face à cette réalité, M. Murhula plaide pour une approche multisectorielle et inclusive qui ne se limite pas à la simple autorisation de retour à l’école. Il recommande :
L’introduction de programmes d’éducation à la sexualité et à la santé reproductive dès le jeune âge ;
La sensibilisation des parents et des communautés sur l’importance du soutien familial dans le parcours éducatif des jeunes mères ;
La présence dans les écoles de psychologues, d’assistants sociaux et de conseillers scolaires pour accompagner les jeunes filles concernées ;
La mise en place d’aménagements scolaires spécifiques : horaires flexibles, cours à distance, programmes adaptés ;
Une campagne nationale de lutte contre la stigmatisation des adolescentes enceintes afin de favoriser leur réintégration sociale.
Appel aux autorités et partenaires éducatifs
Prudent Murhula rappelle au gouvernement congolais son engagement envers les normes nationales et internationales en matière d’égalité de genre et d’éducation inclusive. Il invite également les partenaires techniques et financiers à prendre conscience du risque psychologique et social auquel s’exposent les filles rejetées du système scolaire à cause de leur grossesse.
« Nous devons conjuguer nos efforts pour espérer une jeunesse forte, compétitive, intellectuelle et ambitieuse. Cela exige une coordination étroite entre tous les acteurs éducatifs », conclut-il.
Un message clair et une responsabilité collective
La réflexion de ce professionnel de la santé mentale met en lumière l’importance de l’accompagnement psychosocial dans la mise en œuvre de politiques éducatives sensibles au genre. Elle interpelle non seulement l’État, mais aussi les écoles, les églises, les familles et la société dans son ensemble, sur leur rôle dans la construction d’un environnement scolaire inclusif.
Bukavu, 18 juillet 2025 –
Prudent MURHULA SHANVU
Contact de l’auteur de la réflexion :
Fonction : Psychologue clinicien et conseiller en charge des projets au Conseil Provincial de la Jeunesse du Sud-Kivu
murhulashanvuprudent@gmail.com
0820026180 / 0991713204
SOURCE : OASIS FM TV

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