Les Jeunes Ecologistes est une organisation de jeunesse qui a pour but de promouvoir l’écologie politique auprès des jeunes. Cela passe par de la formation, de la sensibilisation mais aussi de la mobilisation. Annah Bikouloulou et Emma Chevalier sont les nouvelles secrétaires nationales des Jeunes Ecologistes, deux jeunes écologistes très investies dans leur parti.

Annah et Emma quelle est votre parcours personnel ?

Annah Bikouloulou : j’ai 26 ans et je suis engagée en politique depuis un peu plus de 2 ans. Auparavant j’étais engagée dans l’égalité femmes /hommes je faisais partie de l’association humans for women. Nous faisions de la sensibilisation à l’égalité entre les femmes et les hommes dans les collèges. Nous avions monté 2 bibliothèques féministes et nous proposions des cours de français aux femmes exilées, nous avions organisé des gardes d’enfants pendant les cours.

Emma Chevalier ; j’ai 20 ans, je suis étudiante en troisième année de droit à Bordeaux. Très jeune j’étais sensibilisée à l’environnement, au bien-être animal… Dès le lycée j’ai eu cette volonté de m’engager sur les questions de l’environnement, mais j’étais un peu seule sur cette question. Quand je suis arrivée à Bordeaux j’ai cherché une organisation qui défendait ces valeurs et j’ai trouvé les jeunes écologistes.

Quel est votre parcours politique ?

Annah Bikouloulou : je suis entrée chez les écologistes à la fin de la primaire des écologistes. Ce fut un peu par hasard je venais d’avoir mon master et je ne savais pas exactement où m’engager. J’avais un ami qui était membre des Verts. Il m’a dit d’aller voir sur le terrain J’ai bien aimé les premiers temps. J’ai intégré le bureau des jeunes écologistes d’Ile de France, j’étais responsable de la formation, puis responsable ile de France Ce fut une année fulgurante. Ensuite rapidement j’ai intégré le bureau national des jeunes écologistes également sur les questions de formation. Nous avons été élues secrétaires nationales des Jeunes Ecologistes en août 2023 pour 2 ans. J’ai gravi plusieurs échelons de la fédération. J’ai toujours eu une fibre écolo, je m’épanouis vraiment chez les jeunes écologistes

Emma Chevalier : Mon parcours ressemble un peu au parcours d’Annah. Je suis arrivée chez les jeunes écologistes et j’ai mené des actions au niveau nationale, régional et local. J’ai également fait la campagne présidentielle pour Yannick Jadot qui était notre candidat, je me suis aussi engagée pendant les législatives. Ce fut une expérience très enrichissante, on rencontre beaucoup de personnes et cela nous permet aussi d’avoir du recul sur soi-même et d’évoluer en termes de compétences, ce fut un temps très intéressant. Ensuite je suis entrée au bureau exécutif, au poste de la communication internationale. J’ai pris la casquette de la mobilisation, j’ai suivi les groupes régionaux, j’ai essayé de développer nos antennes un peu partout en France et ensuite comme Annah j’ai été élue en août 2023. J’ai donc gravi tous les échelons, c’est un parcours qui peut paraître rapide mais en fait c’est très long car se construire en politique quand on est jeune ce n’est pas facile il y a beaucoup de remises en question du fait de notre âge. Il n’y a pas beaucoup de personnes qui veulent prendre des responsabilités. Le parcours est à fois court et long.

Qu’est ce que l’Ecoféminisme pour vous ?

Annah Bikouloulou : l’écoféminisme est à la fois une théorie politique et en même temps un état de fait, c’est une théorie qui part du postulat que les dominations qui sont faites à la nature résultent des dominations de l’homme sur la femme et des riches sur les pauvres. Il faut prendre les violences comme un continuum et si on veut mettre fin à la destruction de la nature, il faut aussi que l’on mette fin à cette domination capitaliste et patriarcale. Aujourd’hui les femmes sont les premières concernées par le dérèglement climatique et sont celles qui sont les plus pauvres. De ce fait, elles sont les premières à se battre pour l’écologie, contre les projets destructeurs.

Les premières actions qui peuvent être définies comme ecoféministes c’étaient des femmes qui se battaient contre le nucléaire en France, aux USA et en Grand Bretagne. C’était dans les années 60 /70. Elles étaient mobilisées en tant que femmes, en tant que mères elles disaient : « nous voulons protéger nos enfants, protéger leur avenir ». De plus, elles menaient leurs actions en non mixité. Elles ont très tôt considéré qu’il y avait des besoins de non mixité pour s’affranchir des codes virilistes.

Il y a un problème entre les humains et il faut que l’on arrive à mettre un peu de care et d’émotion, pour réussir à avoir un monde plus sain.

Emma Chevalier : L’écofémisme permet de lutter contre toutes les formes de domination. Les hommes ont dominé en exploitant excessivement les terres. Il y a aussi l’exploitation des femmes sur le plan sexuel, économique etc. Le but est de pouvoir lutter contre toutes ces formes de domination. On sait que les femmes subissent toutes les formes de domination notamment sur le plan économique et salariale. Il existe d’autres formes de discrimination quand on est une personne racisée ou une personne précaire par exemple. C’est important de pouvoir aussi porter un projet qui soit intersectionnel avec les personnes racisées, les personnes trans … On ne se limite pas à des objectifs environnementaux. Il s’agit de pouvoir allier toutes les luttes pour se battre contre la société patriarcale. Il s’agit de créer un monde plus sain et plus juste.

Qu’en est-il de la parité au sein du parti écologiste et des jeunes écologistes ?

Annah Bikouloulou : En termes de valeur, le féminisme est fondamental au sein des écolos. La parité en découle forcément. Dans nos pratiques militantes, nous essayons de mettre à l’honneur la parité. Nous considérons qu’un binôme de femmes est paritaire ce qui fait débat de temps en temps et se traduit par le fait que nous mettons en place ce que l’on appelle la fermeture éclair, c’est à dire qu’il faut qu’il y ait une alternance dans les prises de parole. Les hommes prennent trop la parole, il faut légitimer la parole des femmes et leur montrer que ce qu’elles ont à dire est important. Les ecolos mettent aussi en place des binômes paritaires dans toutes les commissions. Il n’est pas possible qu’il y ait un homme seul à la tête des commissions. Aujourd’hui chez les écologistes ce sont des femmes qui sont aux postes de pouvoir : Marine Tondelier est secrétaire nationale des écologistes, Cyrielle Chatelain présidente du groupe à l’Assemblée Nationale, Marie Toussaint, tête de liste aux Européennes. Ce sont des femmes jeunes qui apportent un nouveau souffle au parti.

Il y a aussi un travail sur la lutte contre les violences, Au niveau national il y a une cellule de lutte contre tous les types de violences, aussi bien le harcèlement que les violences sexistes et sexuelles. Cette cellule est chargée de faire des enquêtes, de faire de la sensibilisation, de former des personnes de confiance. Chez les Jeunes Ecologistes, nous avons aussi des personnes dédiées à la bienveillance. Nous avons une vingtaine de groupes régionaux qui sont composés de personnes qui sont en alerte. Pour moi Il faut créer un cadre de militantisme safe.

Emma Chevalier : chez les jeunes écolos nous avons repris le même fonctionnement que celui du parti, qui est pour la parité. Quand nous avons été élues au secrétariat national, nous avons eu des difficultés car nous étions deux femmes, c’était la première fois. On se rend compte que l’on fonctionne beaucoup mieux entre nous, on se sent plus écoutées et on sait que l’on peut aussi parler du sexisme que l’on peut vivre en politique. Il y a un vrai mouvement de sororité entre nous et dans le binôme. Nous imposons un binôme paritaire au niveau régional. Pour une femme il n’est pas forcément possible de s’imposer, c’est toujours un peu difficile, elles ne sentent pas forcément légitimes. Le but est de donner possibilité à toutes et tous de prendre des postes à responsabilité, de se sentir légitimes. Il n’est pas facile quand on est une femme de s’imposer Il est important dans nos réunions au niveau régional et national d’imposer « la fermeture éclair » (alternance de paroles) C’est important pour nous de laisser les femmes s’exprimer, de légitimer leurs paroles. Nous avons également des espaces non mixtes ; Nous avons une boucle spécifiquement pour les femmes et les minorités de genre, des espaces de discussion sur tous les sujets pas uniquement sur le sexisme ou le féminisme. Nous organisons également en non mixité des week-end de formation, certains se font en non mixité. Ce sont des moments où l’on parle, et l’on se forme sur les prises de paroles, les négociations, des sujets où les femmes se sentent moins légitimes. Notre but est de dire « tu es légitime si tu veux être rassurée, on te donne des outils clefs en main ». Nous essayons d’instaurer un climat de confiance et de légitimité. Nous organisons également des moments en non mixité pour favoriser la libération de la parole des femmes et des minorités de genre. Nous organisons aussi des formations sur le sexisme pour les hommes car nous savons que le sexisme ne se voit pas toujours. Notre but est de corriger ça. Il est important de lutter contre les violences qui peuvent défavoriser l’engagement des femmes en politique. Nous nous battons pour favoriser la parole des femmes, leur donner confiance en elles. Le but n’est pas de forcer une personne à prendre un poste, à prendre la parole. Le but bien évidemment n’est pas de forcer la personne

Il est important et nécessaire dans toutes les organisations politiques, et de jeunesse de mettre en place ce système visant à favoriser la parole

Propos recueillis par Caroline Flepp 50-50 Magazine

Photo de Une : Emma Chevalier à gauche, Annah Bikouloulou à droite

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