L’Observatoire de la parité et de l’égalité H/F tient à partager d’urgence une « analyse genre » faite par CARE International de la situation humanitaire causée par le virus COVID-19 . Selon le Conseil Economique et Social des Nations Unies, l’intégration du genre se comprend comme la prise en compte des implications pour les femmes comme pour les hommes de toute action planifiée, y compris en matière de législation, de politique et de programme, en vue de la réduction des disparités entre les sexes. Cette analyse genre de la pandémie Coronavirus est en anglais (cliquez ICI) mais vous trouverez ci-dessous un petit résumé des points clés de l’analyse ainsi que les recommandations en francais.

ANALYSE (résumé)

* Les programmes de développement et humanitaires qui soutiennent les femmes et les filles sont souvent perturbés lors des urgences de santé publique, même si leurs besoins peuvent en fait être amplifiés. Cela peut avoir de graves conséquences pour les femmes et les filles à court et à long terme;

* Les normes sociales qui font peser le lourd fardeau du travail de soin  sur les femmes et les filles sont susceptibles de faire souffrir leur santé physique et mentale et d’entraver leur accès à l’éducation, aux moyens de subsistance et à tout autre soutien essentiel;

* Les besoins des femmes et des filles en matière de services de protection – y compris la prévention et l’atténuation de la violence sexiste (VBG) et de la violence entre partenaires intimes (VPI) – augmenteront probablement à mesure que l’accessibilité de ces services diminuera. Les enfants sont exposés à des risques de protection particuliers, notamment celui d’être séparés de leurs tuteurs;

* Les urgences de santé publique peuvent avoir un impact énorme et durable sur les moyens de subsistance. Cela est particulièrement vrai pour les femmes, qui sont plus susceptibles d’être engagées dans des activités informelles ou à bas salaire ou dans le travail des migrants;

* L’augmentation des charges de soins ou des pressions économiques peut forcer les filles à abandonner l’école, avec des conséquences désastreuses pour leurs résultats scolaires, économiques et sanitaires;

* Pendant les crises de santé publique, les ressources peuvent être détournées des services d’eau, d’assainissement et d’hygiène, ce qui peut contribuer à réduire l’accès à l’hygiène et aux équipements sanitaires pour les femmes et les filles;

* Les ménages dirigés par une femme sont plus susceptibles d’avoir un logement inadéquat que les ménages dirigés par un homme, ce qui les expose à un plus grand risque de maladie;

* La nourriture peut devenir plus rare lors d’une urgence de santé publique, forçant les ménages à s’engager dans des mécanismes d’adaptation négatifs, comme consommer moins de nourriture. Lorsque les femmes mangent en dernier et en dernier, cela peut entraîner des complications de santé supplémentaires, notamment une sensibilité accrue au COVID-19;

* Les dangers que posent les flambées de COVID-19 seront amplifiés pour près de 168 millions de personnes dans le monde qui ont déjà besoin d’aide et de protection humanitaires. Les conflits, les mauvaises conditions dans les sites de déplacement et les ressources limitées sont susceptibles d’amplifier le besoin de soutien et de financement supplémentaires.

RECOMMANDATIONS

Tous les acteurs devraient :

• S’engager à un partage et une coordination proactifs et précoces des informations pour garantir une réponse qui utilise des analyses intersectionnelles pour tenir compte des besoins de tous les individus, quels que soient leur appartenance ethnique, leur sexe, nationalité ou orientation sexuelle.
Ces efforts devraient être menés avec la pleine participation des populations, en particulier les femmes et les filles.

Les acteurs de la prestation des services de santé devraient :

• A court terme:

o S’engager avec les communautés locales pour donner accès à l’information à toutes les populations, en évitant de se réunir en grands groupes où cela peut augmenter le risque de transmission.
o Tenir compte de l’âge, du handicap, de l’éducation, du sexe, du statut migratoire, de l’orientation sexuelle et l’existence de conditions de santé préexistantes dans cet engagement, et être conscient du fait qu’aucun groupe n’est homogène, donc la programmation ne peut pas l’être non plus;
o Former les agents de santé pour identifier correctement les risques et les cas de VS&BG et de la violence entre partenaires intimes pour gérer ces cas dans un esprit de compassion, sans jugement, et savoir vers qui orienter les patients pour des soins supplémentaires;
o Faire participer les travailleuses de la santé et les femmes dirigeantes locales à la prise de décisions pour garantir que les réponses aux flambées de COVID-19 répondent adéquatement aux besoins des femmes et des filles dans chaque communauté;
o. Examiner les effets différents des mesures de quarantaine ou de distanciation sociale sur différentes populations;
o Travailler avec les organisations humanitaires pour planifier et atténuer les risques que les mesures de riposte au covid 19 pourraient avoir sur les mineur.e.s non accompagné.e.s ou séparé.e.s;
o Veiller à ce que l’hygiène menstruelle, les soins obstétricaux, reproductifs et autres soins de santé primaires soient bien approvisionnés et disponibles dans les établissements de santé;
o Ventiler les données relatives au coronavirus par sexe, âge et handicap afin que les experts en santé puissent comprendre les différences dans l’exposition et le traitement et adapter les mesures préventives appropriées.

• A long terme:

o Consacrer plus de ressources à la recherche sur les implications sexospécifiques des urgences de santé publique, en particulier les flambées de maladies, afin que les plans de préparation et d’intervention en matière de santé publique puissent atténuer les dommages sur les femmes, sur les filles et sur d’autres groupes vulnérables;
o Impliquer davantage de femmes de tous âges dans le leadership mondial en santé.
Bien que les femmes représentent la majorité des personnels de santé dans de nombreux pays, elles sont sous-représentées aux échelons supérieurs, en particulier dans les organismes mondiaux.
Les organisations qui n’incluent pas les femmes dans leurs processus de prise de décision ne peuvent pas prendre les meilleures décisions pour les femmes.

Les organisations humanitaires et de développement devraient :

• A court terme:

o Se préparer aux éventuelles augmentations des incidents de VS&BG, de violences entre partenaires intimes (VPI) chez les femmes, les filles, les LGBTQ et autres populations vulnérables.
o Prendre en charge des hotlines (lignes téléphoniques gratuites) mobiles pour atténuer ces problèmes et ces risques et y répondre là où cela peut être fait en toute sécurité, sachant que toutes les femmes et les filles n’auront pas accès au téléphone;
o Poursuivre le développement et la fourniture de services humanitaires autant que possible et en toute sécurité, y compris l’imposition potentielle de restrictions de mouvement et de mesures de distanciation sociale.
o Lorsque c’est possible, poursuivre la lutte contre les violences basées sur le genre, le soutien psychosocial et les services WASH ainsi que la fourniture de nourriture, de produits d’hygiène, abris, etc..

• A long terme :

o Élaborer des stratégies d’autonomisation économique ciblées et / ou explorer des programmes de transfert financier électronique afin d’atténuer l’impact des éclosions de COVID-19, y compris apporter le soutien aux populations qui étaient employées pendant l’urgence de santé publique et qui perdent leur source de revenus une fois l’épidémie contenue, et pour que les communautés récupèrent et renforcent leur résilience face aux chocs futurs;
o Poursuivre ou commencer à travailler pour trouver des solutions durables pour les déplacés internes et les réfugiés, les possibilités de logement et de subsistance et qui tiennent compte des vulnérabilités particulières liées à l’âge, handicap et sexe;
o Travailler avec les communautés locales, en particulier les groupes de femmes, avant, pendant et après les urgences de santé publique pour maintenir la confiance, l’accès et fournir les meilleurs services possibles.

Les gouvernements nationaux devraient :

• A court terme :

o Veiller à ce que les travailleurs humanitaires et de santé aient accès à toutes les populations dans le besoin, y compris au-delà des frontières, pour faire face à l’arrivée de personnel de santé et permettre le transport de secours humanitaires et médicaux, ainsi que des produits nécessaires aux activités de préparation et d’intervention;
o Préparer et mettre en place, si nécessaire, des plans pour assurer la continuité de l’éducation, y compris via l’apprentissage à distance ou la diffusion par les radios;
o Veiller à ce que les demandeurs d’asile, les déplacés internes et les réfugiés soient inclus dans la surveillance nationale, la préparation et les plans et activités d’intervention;
o Veiller à ce que toute restriction de mouvement liée au COVID-19 tienne compte des besoins des différents. groupes vulnérables;
o Maintenir le respect des obligations juridiques internationales, y compris le droit de demander l’asile.

• A long terme :

o Veiller à ce que les plans de préparation et de réponse aux situations d’urgence reposent sur de solides analyses de genre, en tenant compte des rôles, des risques, des responsabilités et des normes sociales liés au genre, et en tenant compte des capacités et besoins spécifiques des autres populations vulnérables. Cela implique de veiller à ce que les mesures d’intervention prennent en compte le fardeau supporté par les femmes et des filles en matière de travail de soin ainsi que des risques accrus de violence basée sur le genre.

Les donateurs internationaux devraient :

Faire preuve de flexibilité immédiate et fournir un financement supplémentaire pour garantir que les opérations d’urgence peuvent rapidement s’intensifier et s’adapter aux risques posés par COVID-19;
• Exiger que toutes les propositions de financement contiennent des analyses genre approfondies et que les programmes  de riposte  intègre bien la dimension de genre dans les mesures, actions projets et programmes.

 

CARE International / MARS 2020

gendered_implications_of_covid-19_-_full_paper

 

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