L’Observatoire de la parité et de l’égalité H/F (OPE) est une organisation de la société civile (OSC), dont la mission fondamentale est la promotion et la défense des droits des femmes. L’OPE est très engagé depuis près de 15 ans dans le combat pour renforcer la parité, l’égalité des sexes et les droits des femmes. Il possède une expertise et a développé des actions et des projets dans plusieurs axes/thématiques :

  1. La participation des femmes à la prise de décision

La participation égalitaire des femmes aux processus de prise de décision est au cœur de la mission de l’OPE depuis sa création. En témoignent les « Etats des lieux de la parité » publiés et mis à jour régulièrement pour la Province du Sud-Kivu et la Province du Nord-Kivu et de tous leurs territoires[1] ainsi que des états des lieux de la parité plus spécialisés, comme ceux réalisés dans des établissements d’enseignement supérieur ou au sein du secteur de sécurité.

L’Observatoire développe de multiples activités de formation, de sensibilisation, de lobbying / plaidoyer, etc. ainsi que des outils[2] visant à contribuer à l’augmentation du nombre de femmes dans les instances de prise de décision des organisations et institutions de nombreux secteurs (politiques, économiques, sociaux, culturels, etc.). L’OPE met l’ accent sur l’adoption indispensable de « mesures spéciales temporaires » (ou de « discrimination positive » du type quotas obligatoires de femmes) à intégrer dans la Constitution ou dans les lois (comme la loi électorale) pour aboutir à l’élection ou à la nomination d’un plus grand nombre de femmes dans les instances de prise de décision.

Aujourd’hui, pour que ces Etats des lieux de la parité puissent continuer à remplir leur rôle d’outils de sensibilisation et de plaidoyer et surtout leur rôle d’instrument de suivi/évaluation, desdéfis doivent être surmontés :

LE PROJET A SOUTENIR : La réalisation des états des lieux de la parité et leur mise à jour périodique afin de pouvoir évaluer les résultats obtenus.

 

  1. La lutte contre les stéréotypes et les normes socio-culturelles sexistes

Le combat pour la parité et l’égalité des chances entre hommes et femmes, filles et garçons, ne peut être gagné que si l’on s’attaque avec vigueur aux racines, aux causes profondes qui sont à la base de ces disparités : les stéréotypes sexistes, le partage inégal des rôles sociaux entre H/F, filles/garçons, les coutumes rétrogrades et les normes socio-culturelles patriarcales, etc. L’OPE développe donc de multiples activités et projets d’information, de sensibilisation, de formation, etc. pour une éducation familiale et scolaire non sexiste, etc. En témoigne, par exemple, le magazine féministe en ligne www.deboutcongolaises.org dont de nombreuses rubriques sont consacrées à la lutte contre les stéréotypes et les normes socio-culturelles sexistes. L’objectif est aussi de combattre. la « masculinité hégémonique ou toxique », très prégnante en RDC, qui est le  produit  d’un long processus de socialisation, à travers l’éducation familiale, scolaire, religieuse, etc. La violence à l’encontre des femmes et des filles notamment, est entretenue par cette socialisation différentielle des garçons et des filles.  On apprend à la fille dès le plus jeune âge à tolérer et même parfois à accepter son statut inférieur et même la violence à son encontre. Certains comportements dominateurs du garçon/mari/partenaire (produits souvent des stéréotypes, coutumes, croyances religieuses sexistes) peuvent être précurseurs et facilitateurs d’actes de violence plus graves contre la femme[3].

L’Observatoire de la parité préconise donc une prise en compte holistique de l’ensemble des formes et manifestations de la violence contre la femme et la jeune-fille en considérant que les formes de violence sous-estimées et/ou parfois considérées comme « mineures » (comme le mariage forcé et précoce[4], les violences domestiques et conjugales, le harcèlement sexuel, etc.[5]) sont en réalité des formes de violence constitutives de la « culture du viol » et donc précurseures des formes de violence considérées comme « majeures ». Cette démarche de l’OPE est illustrée par les nombreux articles d’information et de sensibilisation publiés dans la rubrique « Violences » de Debout Congolaises   et par la mise à disposition de divers outils[6].

LE PROJET A SOUTENIR : Le média féministe en ligne www.deboutcongolaises.org

 

  1. La promotion des droits à la santé sexuelle et reproductive

L’OPE veut aider les jeunes à trouver des réponses aux questions qui touchent à l’identité, au corps, à la relation à l’autre, aux pratiques sexuelles et aux risques sexuels, à travers des médias en ligne de plus en plus accessibles aux jeunes via leur smartphone. Une série d’articles de la rubrique « Parlons sans tabou ! » du magazine en ligne « Debout Congolaises ! » ou encore du magazine en ligne spécialement dédié au public des jeunes filles  www.kwaafyabora.net apportent des réponses à leurs questions. Cela constitue une éducation complète à la sexualité pour combattre les idées reçues, les préjugés et les fausses croyances souvent sources de souffrances pour soi-même et pour les autres. A l’heure où les jeunes sont tentés de trouver les réponses aux questions qu’ils se posent sur la sexualité (et auxquelles ils ne trouvent pas de réponse dans la famille où à l’école) en allant visionner facilement des sites pornos avec leur smartphone, il est urgent de leur offrir une alternative fiable à cette ersatz d’« éducation sexuelle » qui porte atteinte à la dignité de la femme et à la beauté d’une relation amoureuse harmonieuse

LE PROJET A SOUTENIR : Le média en ligne pour la jeunesse www.kwaafyabora.net d’éducation complète à la sexualité en cours de transition vers www.parlons-sans-tabou.info ­

 

  1. La lutte contre l’impunité et la justice transitionnelle sensible au genre

Avec le parrainage du Prix Nobel de la paix, le Dr. Mukwege, l’OPE a accepté d’héberger et de soutenir le Mémorial en ligne des victimes des crimes de masse commis en RDC. Ce mémorial virtuel sous la forme d’un site web et d’un calendrier, rappelle, presque quotidiennement, les « incidents », selon la terminologie utilisée par le Rapport Mapping, c’est-à-dire les massacres, les exécutions sommaires, les viols, les pillages, etc. qu’a connus la RDC ces dernières décennies. Ce Mémorial est aussi un « agenda » qui aide à garder en mémoire les choses que nous avons à faire : agir pour que soient enfin mis en œuvre en RDC les mécanismes de la « justice transitionnelle », de poursuite judiciaire, de recherche de la vérité, de réparation et de réforme institutionnelle. Sans oublier le 5ème pilier de la justice transitionnelle, le travail de mémoire, en impliquant les femmes dans toutes les initiatives de préservation de la mémoire historique qui émanent des acteurs de la société civile : les journées et cérémonies commémoratives des victimes des massacres, la construction de monuments, les tribunaux citoyens pour la vérité, l’identification, la préservation et les demandes d’exhumation des fosses communes, la diffusion du film « L’empire du silence », etc.

Le soutien apporté par l’OPE à cet essentiel travail de mémoire se traduit aussi par une attention particulière apportée à l’intégration de la dimension de genre dans ces différents mécanismes de la justice transitionnelle.

LE PROJET A SOUTENIR : le Mémorial en ligne des victimes des crimes de masse commis en RDC

 

  1. L’éco-féminisme

L’écoféminisme rappelle que les ressources naturelles – toutes – sont épuisables et ne sont pas accessibles à toutes et tous de façon égale. Il fait réfléchir au travail reproductif, invisibilisé et précaire et souvent gratuit, des femmes, et ne leur donnant pas accès aux droits économiques et sociaux. Pour résumer en une phrase, l’écoféminisme pose que c’est le même système, la même logique, qui entraîne l’appropriation des corps des femmes et celle des ressources naturelles.

L’Eco-centre des Grands Lacs est un projet animé en grande partie par des membres de l’OPE dont un des principaux objectifs est l’implication des femmes et des jeunes filles ainsi que la prise en compte des questions de genre, en tant que priorité « transversale », dans les différents secteurs d’activité de l’Eco-centre[7] : l’éco-construction, l’agro-écologie, l’éco-tourisme, l’expérimentation, la réflexion, la sensibilisation, la formation, la mobilisation, ayant trait aux grands défis environnementaux d’aujourd’hui : le changement climatique, la réduction de la biodiversité, la pollution par le plastique, etc.

LE PROJET A SOUTENIR : l’Eco-centre des Grands Lacs basé à Idjwi (lac Kivu) et à Bujumbura (lac Tanganyka).

 

  1. La fracture numérique / transition numérique

A la lecture de ce qui précède, on peut constater que l’OPE est une OSC qui défend les droits des femmes et lutte contre les discriminations y compris celles liées à la « fracture numérique entre les genres » qui désigne, dans tous les pays, les différences entre les hommes et les femmes en matière de ressources, de capacités d’accès et d’utilisation efficace des technologies de l’information et de la communication (TIC).

L’OPE encourage donc fortement la participation des citoyens et des citoyennes[8], en recourant intensivement aux « technologies citoyennes » ou « technologies civiques / civic tech[9] » et aux outils/plateformes numériques mis aujourd’hui à la disposition des associations, des OSC, etc. pour rendre plus efficace (et aussi moins coûteux) le travail d’information, de sensibilisation, de formation, de plaidoyer, de mobilisation sociale, etc.

Les « plateformes numériques de participation », véritables outils d’engagement citoyen, peuvent jouer un rôle déterminant, par exemple, lors des processus électoraux. Citons :

  • Une plateforme numérique d’encouragement et de « soutien aux candidatures féminines aux élections » à travers une Clinique électorale en ligne[10]
  • Une plateforme numérique d’un « réseau citoyen d’observation du processus électoral » qui peut mobiliser les femmes (sans oublier les hommes) et exercer une surveillance citoyenne de la régularité du processus électoral afin que les élections soient libres, transparentes, apaisées[11].
  • Une plateforme numérique de « comptage parallèle des résultats » qui peut permettre de contrecarrer la fraude sur les résultats le jour du scrutin et durant le processus de compilation[12].
  • Une plateforme numérique de « veille (monitoring) de la violence à l’égard des femmes pendant les élections (VEFE)[13]»  qui est un mécanisme d’alerte et d’intervention rapide permettant aux victimes de VEFE, aux témoins, aux observateurs, aux simples citoyen.ne.s, etc. de communiquer les incidents de VEFE  à une « Salle de veille des femmes » et de (faire) réagir rapidement

Grâce à l’expérience et l’expertise acquises dans ce domaine, l’OPE a la capacité non seulement d’améliorer l’impact et les résultats de ses propres actions mais aussi d’aider les autres OSC, particulièrement celles de promotion et de défense des droits des femmes, à opérer cette transition/révolution numérique et à les outiller pour revendiquer activement leurs droits en utilisant ces outils du XXIème siècle[14].

L’OPE est également actif dans la promotion de l’entreprenariat féminin et ambitionne de former les femmes aux métiers du XXIème siècle, particulièrement à ceux liés aux NTIC, et à renforcer leurs capacités dans l’utilisation de ces nouvelles technologies dans le cadre de leur entreprise ou de leur AGR.

LE PROJET A SOUTENIR : Les Esp@ces de coworking « La force des femmes »

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NOTES :

[1] Les Etats des lieux de la parité publiés par l’Observatoire de la parité peuvent être consultés entre autres sur le site du mouvement Rien sans les femmes (RSLF) géré par l’Observatoire à l’adresse : http://riensanslesfemmes.org/dossiers/dossier-etats-des-lieux/

[2] Voir le Guide pratique d’élaboration d’un rapport annuel et d’un plan d’actions pluriannuel en matière de parité et d’égalité femmes / hommes

[3] Trop peu de programmes et projets sont mis en œuvre pour combattre ces causes profondes à la base des VS&BG et des inégalités H/F. L’Observatoire de la parité et de l’égalité H/F (OPE) est donc particulièrement attentif à l’implication et à la participation active des hommes dans le combat pour transformer les rôles des hommes et des femmes et renforcer le soutien des hommes aux droits des femmes. Par exemple, de nombreux articles du magazine en ligne de la rubrique « HeForShe » sur www.deboutcongolaises.org combattent la « masculinité toxique », sensibilisent les hommes et les encouragent à s’engager sur la voie d’une masculinité positive (En RDC, pour combattre les violences faites aux femmes, il est grand temps de sensibiliser les hommes ! et Quelles mesures contre la violence conjugale mettre en œuvre en RDC ?)

[4] Selon l’EDS (Etude Démographie et santé 2013)  ,en RDC, la proportion de femmes en union est de 21 % chez les 15-19 ans. Un très grand nombre de jeunes filles sont mariées précocement dès 15-16 ans. Très peu de programmes se préoccupent de ce problème qui contribue beaucoup à la marginalisation de la femme.

[5] Selon l’EDS (Etude Démographie et santé 2013)  ,en RDC, 46 % de femmes, en union ou en rupture d’union, ont déclaré avoir subi à un moment quelconque des actes de violence physique de la part de leur mari/partenaire actuel ou le plus récent, 37 % de la violence émotionnelle et 26 % des actes de violence sexuelle.

[6] L’Observatoire propose aussi des outils concrets de lutte contre les VS&BG comme, par exemple, le « violentomètre »,  un outil de sensibilisation pour les jeunes femmes en couple, une jauge qui permet de déterminer si sa relation est saine ou non. C’est l’exemple parfait d’un outil dont la diffusion en version papier serait pratiquement impossible et surtout très coûteuse alors que la diffusion en version numérique peut être quasi gratuite, facile, très large et donc susceptible d’atteindre des milliers de jeunes femmes par les vertus « virales » des réseaux sociaux tels WhatsApp, Facebook, etc. utilisés de plus en plus par une grande partie de la jeunesse.

[7] En témoignent les nombreux articles déjà publiés sur cette problématique par le  magazine féministe en ligne édité par l’OPE  www.deboutcongolaises.org :Que pouvez-vous faire pour appuyer l’action climatique des femmes ?, Eco-féminisme : des africaines s’impliquent dans le recyclage du plastiqueEn Tanzanie, la seconde vie du plastique, Les naufragé.e.s du lac Kivu : les femmes sont les principales victimes, Farmerline, un outil pour les femmes rurales, Egalité des sexes et crise climatique : 5 moyens de favoriser le changement.

[8] En savoir plus sur la participation citoyenne ou la démocratie participative :

[9]  les civic tech recouvrent l’utilisation des technologies numériques de l’information et la communication pour renforcer :
>> l’ouverture et la transparence du gouvernement et des autorités locales :
Par exemple : l’ouverture des données et la transparence, la facilitation du processus de vote, la cartographie et la visualisation des données publiques, l’exploitation et l’utilisation des données publiques, la participation à l’élaboration des lois et des décisions gouvernementales etc.
>> la participation citoyenne :
Par exemple : le développement de réseaux citoyens, l’engagement de communautés locales, le financement participatif, le partage de données citoyennes, la création de plateformes de lobbying citoyens et de mobilisation citoyenne, etc.

[10] Pour une présentation détaillée voir la Clinique électorale en ligne,

[11] Pour une présentation détaillée voir https://deboutcongolaises.org/bientot-vous-serez-les-sentinelles-des-elections/

[12] Pour en savoir plus sur ce qu’est le « comptage parallèle (et rapide) des résultats » :

https://www.youtube.com/watch?v=-96lo9wtRt0&t=158s

[13] Pour une présentation détaillée voir Les « SentinELLES » contre les violences envers les femmes pendant les élections : un projet de l’Observatoire de la parité   

[14] L’Observatoire est déjà un membre très actif et dynamique de plusieurs réseaux et consortium dans lesquels il a assuré la création et la maintenance des sites web ou promu l’utilisation des outils numériques : le mouvement Rien sans les femmes ( www.riensanslesfemmes.org  ), le Consortium Kwa afya bora sur les droits à la santé sexuelle et reproductive (www.kwaafyabora.net ), le Réseau « Tous électeurs, Tous observateurs » (CLC, ACAJ, Nouvelle Société Civile Congolaise, Observatoire de la parité) qui a assuré un monitoring des élections en recourant intensivement aux outils numériques, pour la première fois en RDC, etc.