C’est l’idée selon laquelle il y aurait des conditions à l’égalité entre hommes et femmes. Refuse cela en bloc, je t’en prie. C’est une idée vaine, lénifiante et vouée à l’échec.

Être féministe, c’est comme être enceinte. Tu l’es ou tu ne l’es pas. Tu crois à l’égalité pleine et entière entre les hommes et les femmes ou tu n’y croîs pas.
Le féminisme light a recours à des analogies ineptes comme : « II est la tête et tu es le cou. » Ou encore : « C’est lui qui conduit mais c’est toi qui es assise à lavant.» Plus grave encore, dans le féminisme light il y a l’idée que les hommes sont naturellement supérieurs, mais qu’on doit attendre d’eux qu’ils « traitent bien les femmes». Non. Trois fois non. Le bien-être des femmes ne doit jamais dépendre de la bienveillance des hommes. 
Le féminisme light utilise le vocabulaire de la «permission». Theresa May est Première ministre du Royaume-Uni, et voici comment un journal britannique progressiste présentait son mari: «Philip May est connu dans le monde politique comme un homme qui s’est mis en retrait pour permettre à sa femme, Theresa, de briller. »
Permettre. 
Maintenant, essayons d’inverser la proposition. Theresa May a permis à son mari de briller Est-ce que cela fonctionne ? Si Philip May était Premier ministre, on nous dirait peut-être que sa femme l’a « soutenu » en coulisses, ou qu’elle a été « derrière » lui, mais jamais qu’elle lui a « permis » de briller.
Permettre est un terme problématique. Permettre renvoie au pouvoir. Tu entendras souvent les membres de la section nigériane de la Société du féminisme light dire : « Laissez cette femme faire ce qu’elle veut, tant que son mari le lui permet. » Un mari n’est pas un directeur d’école. Une épouse n’est pas une écolière. Les expressions « permettre » et « autoriser à », quand on les utilise ainsi de façon unilatérale (et on ne les utilise pratiquement que comme ça), ne devraient jamais appartenir au vocabulaire d un mariage égalitaire.

Voici un autre exemple flagrant du féminisme light, les hommes qui disent : « Bien sûr que ce n’est pas toujours à la femme de s’occuper des tâches domestiques, je m’en suis chargé quand mon épouse était en déplacement. »
Te souviens-tu de cette fois où nous avons tellement ri devant un papier sur moi particulièrement mal écrit, il y a quelques années ? L’auteur m’avait accusée d’être « en colère», comme si « être en colère» était quelque chose dont il fallait avoir honte. Bien sûr que je suis en colère. Le racisme me met en colère. Le sexisme me met en colère. Mais j ai récemment pris conscience que le sexisme me met plus en colère encore que le racisme.
Parce que dans ma colère contre le sexisme, je me sens souvent seule. Parce que nombre de gens que j’aime et de personnes qui m’entourent reconnaissent facilement l’existence d’injustices raciales, mais pas celle d’injustices de genre.
Tu n’imagines même pas le nombre de fois où des personnes auxquelles je tiens (hommes comme femmes) m’ont demandé de faire la démonstration du sexisme, de «prouver» en quelque sorte son existence, alors qu’elles n’auraient jamais exigé la même chose s’agissant du racisme (bien évidemment, trop de gens à travers le monde doivent encore «prouver» l’existence du racisme, mais pas dans mon entourage immédiat). Tu n’imagines même pas le nombre de fois où des personnes auxquelles je tiens ont nié ou minimisé des exemples de situations sexistes.
Ainsi Ikenga, lui toujours si prompt à réfuter l’idée que quoi que ce soit puisse être misogyne, lui qui n a jamais envie d’écouter ou de s’intéresser, lui qui est toujours si avide d’expliquer qu’en réalité ce sont les femmes qui sont des privilégiées. Il a dit un jour : « À la maison, même si en théorie c’est mon père le chef, en fait c’est ma mère qui commande en coulisses. » II pensait ainsi démontrer que le sexisme n existe pas, mais en réalité il abondait dans mon sens. Pourquoi «en coulisses»? Quand une femme a du pouvoir, pourquoi avons-nous toujours besoin de déguiser le fait qu’elle ait du pouvoir ? 
Voici pourtant la regrettable vérité : notre monde est plein d’hommes et de femmes qui n’aiment pas les femmes qui ont du pouvoir. Nous avons été tellement conditionnés à considérer le pouvoir comme masculin qu’une femme puissante est une aberration. Il faut donc l’avoir a l’œil. Une femme de pouvoir suscite des interrogations: est-elle modeste ? Sourit-elle ? Est-elle suffisamment reconnaissante ? A-t-elle par ailleurs des qualités domestiques? Toutes sortes de questions que nous ne nous posons pas au sujet des hommes de pouvoir, démontrant ainsi que ce qui nous met mal à l’aise n’est pas le pouvoir en tant que tel, mais bien les femmes. Nous jugeons les femmes de pouvoir plus durement que nous ne jugeons les hommes de pouvoir.

Et le féminisme light permet cela.

Les précédentes suggestions :

Pour une éducation féministe.  Suggestion N°1 : Sois une personne pleine et entière.

Pour une éducation féministe : Suggestion N°2 : « Faites les choses ensemble ».

Suggestion N°3 pour une éducation féministe : « Apprends-lui que les « rôles de genre » n’ont absolument aucun sens »

Méfie-toi des pièges de ce que j’appelle le féminisme LIGHT ! Suggestion n°4 pour une éducation féministe

Pour une éducation féministe : Suggestion N°5 : « Apprends à lire à Chizalum. Apprends-lui à aimer les livres »

« Apprends-lui à questionner les mots » Suggestion N°6 pour une éducation féministe