D’après le nouveau rapport de l’Union interparlementaire (UIP) publié mardi, intitulé Les femmes au parlement en 2023 « Les femmes au parlement en 2023,  Regard sur l’année écoulée »,2023-women in parliament_FR 05 infographie_0 , la proportion mondiale de femmes parlementaires n’a que très légèrement progressé : une augmentation de 0,4 point de pourcentage d’une année sur l’autre, soit un taux de croissance similaire à celui de 2022. La croissance est plus lente que les années précédentes, les élections de 2021 et 2020 ayant débouché sur une augmentation du nombre de femmes parlementaires de 0,6 point de pourcentage. Une fois encore, en 2023, les quotas se sont avérés déterminants pour la représentation des femmes au parlement. Dans les 43 chambres dotées d’une forme ou d’une autre de quotas, la représentation des femmes atteint 28,8 % en moyenne, contre 23,2 % dans les chambres sans quotas. La proportion des femmes est particulièrement élevée (33,5 %) dans les chambres dotées à la fois de quotas législatifs et de quotas volontaires.

Évolutions positives

Des progrès ont été accomplis dans certains domaines, par exemple :

  • Sur le continent américain, en 2023, les femmes ont remporté 42,5% des sièges renouvelés par élection ou nomination dans les chambres concernées, un résultat qui place le continent en tête des régions à l’échelle mondiale. Aussi, avec 35,1% de femmes parlementaires, le continent américain reste la région affichant la plus forte représentation de femmes parmi les parlements du monde. 
  • À l’échelle mondiale, le nombre de femmes occupant la présidence d’une chambre parlementaire est passé à 23,8%, ce qui représente une augmentation de 1,1 point de pourcentage. Des femmes ont été élues à ce poste pour la première fois au Cambodge et en Côte d’Ivoire.
  • La présence de quotas bien conçus et mis en œuvre continue de jouer un rôle déterminant dans la progression de la représentation des femmes. Dans les 43 chambres dotées d’une forme ou d’une autre de quotas, la représentation des femmes est de 28,8% en moyenne, contre 23,2% dans les chambres sans quotas.
  • L’Afrique subsaharienne a enregistré la plus forte progression de toutes les régions, avec une augmentation de 3,9 points de pourcentage lors des élections de 2023 par rapport aux scrutins précédents dans les mêmes pays. Les avancées les plus remarquables ont été enregistrées au Bénin, en Eswatini et en Sierra Leone, à la faveur des quotas.
  • Le Rwanda est toujours en tête du classement mondial de l’UIP avec 61,3% de femmes à la Chambre des députés. Il est suivi par Cuba et par le Nicaragua (55,7% et 53,9% respectivement). La parité est atteinte en Andorre, aux Émirats arabes unis et au Mexique.
Le Parlement européen à Bruxelles.Le Parlement européen à Bruxelles. European Parliament/Pietro Naj-Oleari

 Les questions de genre, enjeu déterminant dans certaines élections

Le rapport de l’UIP note que les questions de genre ont souvent été au cœur des débats lors des élections en 2023, notamment les droits reproductifs des femmes dans les pays où l’avortement reste controversé. 

Lors des élections en Pologne, la question a été centrale après qu’une décision de justice, soutenue par le gouvernement de l’époque, avait sérieusement restreint l’accès à l’avortement en 2020. Cette décision avait provoqué des manifestations de grande ampleur dans tout le pays, sous l’impulsion des femmes et des jeunes. Le rapport suggère que c’est l’un des facteurs qui a conduit le parti du gouvernement à perdre le pouvoir.

Cependant, Javier Milei, qui a été élu Président de l’Argentine, s’est engagé à organiser un référendum sur l’abrogation de lois progressistes sur l’avortement adoptées en 2020. Selon plusieurs rapports, les hommes, en particulier les plus jeunes, auraient davantage voté pour lui que les femmes.

Certaines femmes abandonnent la politique

Le rapport de l’UIP attire également l’attention sur le fait que plusieurs dirigeantes de haut niveau ont quitté l’arène politique en 2023, beaucoup d’entre elles ayant invoqué avant tout l’épuisement professionnel et l’intensification du harcèlement en ligne pour justifier leur départ.

Au début de l’année, Jacinda Ardern, Première ministre néo-zélandaise, a quitté ses fonctions et a également décidé de renoncer à son siège parlementaire. Quelques mois plus tard, Sanna Marin, ancienne Première ministre de Finlande, qui avait perdu le pouvoir à l’issue des élections d’avril, a également démissionné de son poste de parlementaire et décidé d’abandonner la politique. De même, plusieurs parlementaires néerlandaises de renom ont annoncé mettre un terme à leur carrière politique.

Le rapport souligne toutefois que certains parlements prennent des mesures pour faire des parlements des espaces plus sûrs, notamment l’Australie, le Bénin, l’Irlande, l’Islande et la Thaïlande.

« Plus de femmes au parlement est synonyme d’institutions plus inclusives et plus représentatives, et donc de démocraties plus fortes et plus saines. Nous devons convaincre les jeunes femmes et les filles que, malgré la difficulté de la tâche, elles méritent de s’asseoir à la table des négociations, de participer à la prise de décision et d’améliorer la vie des gens par le biais de leur travail », a souligné Tulia Ackson, Présidente de l’UIP et Présidente du Parlement de la République-Unie de Tanzanie. 

Cynthia López Castro, Présidente du Bureau des femmes parlementaires de l’UIP, a estimé, de son côté, que « les réactions hostiles que nous observons à l’égard des droits des femmes et des femmes parlementaires dans toutes les régions du monde sont inacceptables ». « Les femmes s’expriment et se soutiennent mutuellement, et de plus en plus d’hommes se joignent à la lutte contre la discrimination et la violence fondées sur le genre », a-t-elle ajouté.

Martin Chungong, Secrétaire général de l’UIP, a noté, pour sa part, que malgré certains progrès et de premières historiques pour les femmes au parlement cette année, « nous constatons également des tendances préoccupantes ». « Nos données montrent en effet que les femmes subissent de plein fouet la haine qui se manifeste dans la sphère politique, et cette tendance semble s’aggraver avec l’émergence de l’intelligence artificielle. Nous devons être vigilants et soutenir les parlements qui s’engagent et mettent en place des mesures pour devenir des espaces sûrs pour les femmes comme pour les hommes », a-t-il dit.

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