Dans une interview à l’agence de presse américaine AP diffusée ce mercredi, le pape François a critiqué les lois qui criminalisent l’homosexualité, les qualifiant d’« injustes ». « Etre homosexuel n’est pas un crime », a-t-il déclaré, mais demeure toutefois un « péché » à ses yeux, au même titre que « le fait de manquer de charité envers quelqu’un ».

Affirmant que Dieu aime tous ses enfants tels qu’ils sont, le souverain pontife a appelé les évêques catholiques qui soutiennent ces lois à accueillir les personnes LGBT dans leurs églises. Il a appelé de ses vœux un « processus de conversion » pour que ces derniers, dont le point de vue est fondé sur « des contextes culturels », accordent une dignité égale à chacune et à chacun. « La tendresse, s’il vous plaît, comme Dieu l’a fait pour chacun de nous », a-t-il ajouté.

Le pape François, qui estime que l’Eglise doit participer à l’abrogation de telles réglementations, a cité le catéchisme de son Eglise, selon lequel les personnes homosexuelles y sont les bienvenues et ne doivent pas être marginalisées. D’après l’approche catholique, les personnes homosexuelles doivent être traitées avec respect mais cette orientation demeure « intrinsèquement désordonnée ».

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Une doctrine que le pape n’a pas (encore) réformée, tout en tendant la main à la communauté homosexuelle depuis le début de son pontificat. François joue aux équilibristes sur cette question très sensible pour l’Eglise, oscillant entre discours d’ouverture et propos conservateurs. « Une personne qui vit cette condition, qui a une bonne volonté, qui cherche Dieu, qui sommes-nous pour la juger ? », avait-il demandé en 2013, et répété en 2016. Mais en 2018, il préconisait « la psychiatrie » lorsqu’une « tendance » homosexuelle se « manifeste dès l’enfance ».

 

Gabriel Ringlet au «Soir»: «Les propos du Pape sur l’homosexualité sont une grande déception»

Ancien vice-recteur de l’UCL, prêtre et théologien, ancien vice-recteur de l’UCL, parole reconnue d’un catholicisme très ouvert et progressiste, le prêtre catholique Gabriel Ringlet réagit aux propos du Pape sur l’homosexualité et à la nouvelle crise de la pédophilie qui secoue l’Église.

« C’est une très grande déception et je le dis avec d’autant plus de force que je n’ai cessé de parler positivement de François – le tournant qu’il essaie de faire prendre à son Église, la façon dont il ose cogner avec la curie et toute une série d’actions entreprises méritent qu’on lui tire son chapeau – il s’est aventuré sur un terrain qu’il ne maîtrise pas. »

Il revient sur les divergences que ces questions de mœurs suscitent au sein de l’Eglise

« Décidément, c’est chaque fois qu’on touche à ces questions de mœurs, que l’Église me semble être en faiblesse d’expertise. Je me demande s’il ne s’agit pas moins d’une question idéologique que de ne pas vraiment savoir de quoi elle parle. Il y aurait largement matière à débat sur ces questions de mœurs, mais le Pape s’est avancé en parlant de psychiatrie d’une manière qui m’a choqué. C’est d’autant plus questionnant qu’il y a des avancées : notre cardinal De Kesel dit par exemple qu’on doit inventer des liturgies originales pour le mariage homosexuel. Chacun, quel que soit son chemin, doit pouvoir célébrer son amour. C’est tellement évident et naturel ! Je comprends mal comment l’Église continue à stigmatiser l’homosexualité du côté de la maladie. La médecine est pourtant au rendez-vous depuis longtemps pour nous dire que ce n’est pas comme cela que se pose la question ! »

Par Elodie Blogie

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