Apprends-lui à ne pas se soucier de plaire . Elle n’ a pas à se rendre aimable mais à être pleinement elle-même, une personne sincère et consciente que les autres sont humains autant qu’elle.
Souviens-toi , je t’ai raconté à quel point cela me contrariait que notre amie Chioma me dise régulièrement que telle ou telle chose que j’avais l’intention de dire ou de faire n’allait pas « plaire » aux « gens » . J’ai toujours ressenti de sa part une pression silencieuse pour me changer , afin de correspondre à un certain moule qui serait au goût d’une vague entité nommée « les gens » . Cela me contrariait parce que nous voudrions que nos proches nous encouragent à être vraiment nous-mêmes, sans tricher .
Ne fais jamais peser, je t’en prie , ce genre de pression sur ta fille . Nous apprenons aux . filles à être aimables, gentilles, hypocrites . Et nous n ‘ apprenons pas la même chose aux garçons . C’est dangereux . Tant de prédateurs sexuels en ont tiré parti. Nombre de filles gardent le silence alors qu’on abuse d’elles parce qu’elles veulent se montrer gentilles. Nombre de filles perdent leur temps à essayer d ‘ être « gentilles » avec des gens qui leur font du mal. Nombre de filles pensent aux « sentiments » de ceux qui sont en train de les blesser. C’est là la conséquence catastrophique du souci de plaire. Nous vivons dans un monde rempli de femmes incapables de respirer librement parce qu’on les a conditionnées depuis si longtemps à se contorsionner pour s ‘ efforcer de se rendre aimables.
Au lieu d’apprendre à Chizalum à plaire, apprends-lui à être sincère. Et bienveillante. Et courageuse. Encourage – la à exprimer ses opinions , à dire vraiment ce qu’elle pense, à parler vrai . Et félicite-la quand elle le fait . Félicite – la en particulier quand elle défend une position difficile ou impopulaire, parce que c’est ce qu’elle pense . vraiment.
Dis-lui que la bienveillance compte. Félicite-la quand elle en témoigne aux autres . Mais apprends-lui que la bienveillance ne devrait jamais être considérée comme allant de soi. Dis-lui qu’elle aussi mérite la bienveillance des autres .
Apprends-lui à revendiquer ce qui lui appartient. Si un autre enfant lui prend son jouet sans sa permission, demande-lui de le reprendre, parce que son consentement importe.
Dis-lui que si quoi que ce soit la met mal à l’aise, elle doit s’exprimer, le dire, le crier. Montre-lui qu’elle n’a pas besoin de plaire à qui que ce soit. Dis-lui que si quelqu’un ne l’apprécie pas, quelqu’un d’autre le fera.
Dis-lui qu’elle n’est pas seulement un objet qu’on aime ou qu’on n’aime pas, elle est également un sujet qui peut aimer ou ne pas aime. À l’adolescence, si elle rentre en pleurant parce que des garçons ne l’aiment pas, montre-lui qu’elle peut choisir de ne pas aimer ces garçons – c’est difficile , je le sais bien : je me souviens du béguin que j’avais pour Nmadi au collège. Et pourtant j’aurais bien voulu que quelqu’un me dise ça .
Les suggestions précédentes :
Pour une éducation féministe. Suggestion N°1 : Sois une personne pleine et entière.
Pour une éducation féministe : Suggestion N°2 : « Faites les choses ensemble ».
« Apprends-lui à questionner les mots » Suggestion N°6 pour une éducation féministe
EN SAVOIR PLUS sur Chimamanda Ngozi Adichie :
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