Mission de l’Observatoire de la parité

L’Observatoire de la parité (OP) est une organisation de la société civile congolaise dont la mission fondamentale est la promotion et la défense des droits des femmes.

En 2020, la démarche de l’Observatoire de la parité et de l’égalité H/F (OPE) est fortement novatrice en ce que cet organisation féministe congolaise veut réaliser la plupart des activités de formation, d’information, de sensibilisation, de plaidoyer, de réseautage, etc. pour atteindre ses objectifs (accroitre la jouissance des droits fondamentaux des femmes et des filles et faire progresser l’égalité des sexes en RDC ), EN FAISANT UN RECOURS INTENSIF AUX NOUVELLES TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION (NTIC) de plus en plus répandues et utilisées en RDC (Internet, Réseaux sociaux (Facebook, WhatsApp, Smartphones) par la plupart des groupes cibles  : femmes, jeunes filles et jeunes gens, femmes rurales, dirigeant.e.s d’OSC, femmes leaders, femmes et hommes politiques, entrepreneur.e.s, autorités nationales, provinciales et locales, etc.)

Domaines d’intervention et d’expertise de l’Observatoire de la parité

ainsi que, pour chaque domaine, quelques exemples de principales activités exécutées, et d’activités récentes faisant recours aux NTIC (suivre les liens)

L’Observatoire de la parité et de l’égalité H/F (OPE) est une OSC très engagée depuis plus de 12 ans dans le combat qui vise à renforcer la parité, l’égalité des sexes et les droits des femmes. Il possède une expertise et a développé des actions et des projets dans plusieurs problématiques en relation avec les droits des femmes :

  1. La participation des femmes à la prise de décision[1] :

La participation égalitaire des femmes au processus de prise de décision est au cœur de la mission de l’Observatoire de la parité depuis sa création, il y a plus de 12 ans, comme en témoigne les « états des lieux de la parité » publiés et mis à jour régulièrement pour la Province du Sud-Kivu et la Province du Nord-Kivu et de tous leurs territoires[2] ainsi que des états des lieux de la parité plus spécialisés, comme ceux réalisés dans des universités et établissements d’enseignement supérieur ou encore au sein du secteur de sécurité (PNC, FARDC, etc.)

L’Observatoire développe de multiples activités de formation, de sensibilisation, de lobbying / plaidoyer, etc. visant à contribuer à l’augmentation du nombre de femmes dans les instances de prise de décision des organisations et institutions de nombreux secteurs (politiques, économiques, sociaux, culturels, etc.). de la société congolaise. Un accent particulier est mis sur l’adoption indispensable de « mesures spéciales temporaires » (appelées aussi de « discrimination positive du type quotas obligatoires de femmes) à intégrer dans la Constitution ou dans les lois (comme la loi électorale) pour aboutir à l’élection ou à la nomination d’un plus grand nombre de femmes.

L’Observatoire travaille depuis plus de 12 ans avec les autorités locales, provinciales et nationales pour créer un espace de participation politique de la femme et défendre les droits des femmes, des filles et des jeunes.

Description des principales menaces contre les droits des femmes identifiées par l’organisation

Le principe de la parité des sexes au sein des institutions nationales, provinciales et locales est certes clairement inscrit dans l’article 14 de la Constitution : « La femme a droit à une représentation équitable au sein des institutions nationales, provinciales et locales. L’État garantit la mise en œuvre de la parité hommes-femmes dans lesdites institutions». Pourtant, ce droit à une représentation équitable et à la parité n’est toujours pas appliqué et il est même aujourd’hui menacé. Les femmes congolaises ont même connu ces dernières années un certain recul de ces droits légaux et constitutionnels. À titre illustratif, les modifications de la loi électorale introduites par le Parlement en février 2015 ont imposé de nouvelles conditions d’éligibilité qui peuvent avoir de fortes conséquences discriminatoires envers les femmes. Les dernières élections, directes et indirectes, n’ont pas permis d’enregistrer de progrès significatifs dans la participation politique de la femme (Voir Rapport final de l’Observatoire de la parité sur l’implication de la femme dans les élections)

L’Observatoire de la parité considère qu’il est indispensable et urgent aujourd’hui de stimuler, au sein du mouvement féministe congolais, une réflexion et une évaluation autocritique des stratégies développées depuis les premières élections de 2006, stratégies qui n’ont malheureusement pas produit les résultats positifs attendus en matière de parité.

Il est tout aussi indispensable de promouvoir un « féminisme pour les 99% » et non un « féminisme pour les 1% », c’est-à-dire un féminisme qui  émancipe toutes les femmes congolaises, et pas seulement quelques-unes, principalement le 1% de femmes les plus riches et les plus privilégiées.

  1. La lutte contre les stéréotypes et les normes socio-culturelles sexistes

Le combat pour la parité et l’égalité des chances entre hommes et femmes, filles et garçons, ne peut être gagné que si l’on s’attaque avec vigueur aux racines, aux causes profondes qui sont à la base de ces disparités : les stéréotypes sexistes, le partage inégal des rôles sociaux entre H/F, filles/garçons, les coutumes rétrogrades et les normes socio-culturelles patriarcales, etc.

L’Observatoire de la parité développe donc de multiples activités et projets d’information, de sensibilisation, de formation, etc. pour une éducation familiale et scolaire non sexiste, etc. En témoigne, par exemple, le projet « Tugawe Kazi » et la mise en place dans les écoles de Clubs MALALA ou encore le magazine féministe en ligne www.deboutcongolaises.org dont de nombreuses rubriques sont consacrées à la lutte contre les stéréotypes et les normes socio-culturelles sexistes. 

  1. L’engagement des hommes dans la transformation des normes de genre

La « masculinité hégémonique », très prégnante en RDC, est le  produit  d’un long processus de socialisation, à travers l’éducation familiale, scolaire, religieuse, etc. La violence à l’encontre des femmes et des filles notamment, est entretenue par cette socialisation différentielle des garçons et des filles.  On apprend à la fille dès le plus jeune âge à tolérer et même parfois à accepter son statut inférieur et même la violence à son encontre. Certains comportements dominateurs du garçon/mari/partenaire (produits souvent des stéréotypes, coutumes, croyances religieuses sexistes) peuvent être précurseurs et facilitateurs d’actes de violence plus graves contre la femme.

Trop peu de programmes et projets sont mis en œuvre pour combattre ces causes profondes à la base des VS&BG et des inégalités H/F. L’Observatoire de la parité et de l’égalité H/F (OPE) est donc particulièrement attentif à l’implication et à la participation active des hommes dans le combat pour transformer les rôles des hommes et des femmes et renforcer le soutien des hommes aux droits des femmes. Par exemple, de nombreux articles du magazine en ligne de la rubrique « HeForShe » sur www.deboutcongolaises.org combattent la « masculinité toxique », sensibilisent les hommes et les encouragent à s’engager sur la voie d’une masculinité positive (En RDC, pour combattre les violences faites aux femmes, il est grand temps de sensibiliser les hommes ! et Quelles mesures contre la violence conjugale mettre en œuvre en RDC ?)

  1. L’autonomisation économique des femmes :

L’Observatoire est également actif depuis quelque temps dans la promotion de l’entreprenariat féminin, toujours en lien avec les NTIC. Il ambitionne de former les femmes aux métiers du XXIème siècle, particulièrement à ceux liés aux NTIC, et à renforcer leurs capacités dans l’utilisation de ces nouvelles technologies dans le cadre de leur entreprise ou de leur AGR. Par exemple, la Cellule « GenTIC » (Genre et NTIC) de l’Observatoire de la parité travaille actuellement à l’adaptation sous la forme de cours en ligne ou MOOC (Massive Online Open Course) du Manuel « Crééz votre entreprise » du Programme GERME de l’Organisation Internationale du Travail, un outil de formation en ligne qui peut contribuer efficacement (et à faible coût) à l’autonomisation économique des femmes et jeunes filles.

Une rubrique du magazine en ligne Debout Congolaises est consacrée à l’entreprenariat féminin.

  1. La lutte contre les diverses formes de la violence contre les femmes et les filles

L’Observatoire de la parité a constaté que l’accent mis sur les « viols armes de guerre » ou les violences contre les femmes en période de conflit a conduit parfois à sous-estimer et négliger de nombreuses autres formes de la violence contre les femmes et les jeunes filles en RDC :

  • une sous-estimation des violences sexuelles non liées au conflit[3]
  • une sous-estimation des autres formes deviolences sexuelles autres que le viol, comme le mariage forcé et précoce[4]
  • une sous-estimation des autres formes de violence contre les femmescomme les violences domestiques et conjugales, le harcèlement sexuel, etc.[5]

L’Observatoire de la parité préconise donc une prise en compte holistique de l’ensemble des formes et manifestations de la violence contre la femme et la jeune-fille en considérant que les formes de violence sous-estimées et/ou parfois considérées comme « mineures » sont en réalité des formes de violence constitutives de la « culture du viol » et donc précurseures des formes de violence considérées comme.  « majeures ». Cette démarche de l’OP est illustrée par les nombreux articles d’information et de sensibilisation publiés dans la rubrique « Violences » de Debout Congolaises.

L’Observatoire propose aussi des outils concrets de lutte contre les VS&BG comme, par exemple, le « violentomètre »,  un outil de sensibilisation pour les jeunes femmes en couple, une jauge qui permet de déterminer si sa relation est saine ou non. C’est l’exemple parfait d’un outil dont la diffusion, dans l’immense RDC, en version papier serait pratiquement impossible et surtout très coûteuse alors que la diffusion en version numérique peut être quasi gratuite, facile, très large et donc susceptible d’atteindre des milliers de jeunes femmes par les vertus « virales » des réseaux sociaux tels WhatsApp, Facebook, etc. utilisés de plus en plus par une grande partie de la jeunesse congolaise.

  1. La promotion des droits à la santé sexuelle et reproductive

L’Observatoire de la parité veut aider les jeunes congolais.es à trouver des réponses aux questions qui touchent à l’identité, au corps, à la relation à l’autre, aux pratiques sexuelles et aux risques sexuels (maladies sexuellement transmissibles, VIH/sida, grossesse non désirée), à la sexualité et à l’amour, à travers une série d’articles (reliés à des programmes radiophoniques disponibles aussi en podcasts) publiés dans la rubrique « Parlons sans tabou ! » du magazine en ligne « Debout Congolaises ! » (ou mieux, si les moyens le permettent,  d’un magazine en ligne qui serait spécialement dédié au public des jeunes filles : « Allez les filles ! ») Cette série de Questions – Réponses constitue une éducation complète à la sexualité qui propose  des pistes de réponses et des éléments de réflexion pour combattre les idées reçues, les préjugés et les fausses croyances souvent sources de souffrances pour soi-même et pour les autres. A l’heure où les jeunes sont tentés de trouver les réponses aux questions qu’ils se posent sur la sexualité (et auxquelles ils ne trouvent pas de réponse dans la famille où à l’école) en allant visionner facilement des sites pornos avec leur smartphone, il est urgent de leur offrir une alternative fiable à cette ersatz d’« éducation sexuelle » qui porte atteinte à la dignité de la femme et à la beauté d’une relation amoureuse harmonieuse. Cette éducation complète à la sexualité s’intègre dans un programme plus vaste de promotion des droits à la santé sexuelle et reproductive dont aura une idée plus claire en consultant le site www.kwaafyabora.net (créé et mis à jour par l’Observatoire de la parité) ou encore en consultant la rubrique Droits à la santé sexuelle et reproductive de Debout Congolaises !

  1. Le renforcement de la société civile et des OSC de défense des droits des femmes à l’heure de la « transition/révolution numérique » :

A la lecture de ce qui précède, on peut constater que l’Observatoire de la parité et de l’égalité H/F (OPE)  est une organisation de la société civile congolaise qui défend les droits des femmes en recourant intensivement aux nombreux outils numériques mis à la disposition des associations, des OSC, etc. pour rendre plus efficace et aussi moins coûteux le  travail d’information, de sensibilisation, de formation, de plaidoyer, de mobilisation sociale, etc. (voir le détail des nombreux avantages de l’utilisation novatrice des outils numériques ci-dessous).

Grâce à cette expérience et à cette expertise, l’Observatoire de la parité a la capacité non seulement d’améliorer l’impact et les résultats de ses propres actions mais aussi d’aider les autres OSC de promotion et de défense des droits des femmes à opérer cette transition/révolution numérique et à les outiller pour revendiquer activement leurs droits en utilisant ces outils du XXIème siècle.

L’Observatoire est déjà un membre très actif et dynamique de plusieurs réseaux et consortium dans lesquels il a assuré la création et la maintenance des sites web ou promu l’utilisation des outils numériques : le mouvement Rien sans les femmes ( www.riensanslesfemmes.org  ), le Consortium Kwa afya bora sur les droits à la santé sexuelle et reproductive (www.kwaafyabora.net ), le Réseau « Tous électeurs, Tous observateurs » (CLC, ACAJ, Nouvelle Société Civile Congolaise, Observatoire de la parité) qui a assuré un monitoring des élections en recourant intensivement aux outils numériques, pour la première fois en RDC, etc.

Avec un appui décisif, d’un point de vue institutionnel, opérationnel et programmatique de partenaires techniques et financiers, l’Observatoire de la parité et de l’égalité H/F (OPE) peut renforcer ses capacités, son expertise et son professionnalisme non seulement pour améliorer ses propres services ou projets, mais aussi pour accompagner les organisations, consortiums et réseaux de la société civile féministe congolaise  ou de la région des Grands Lacs et les aider à s’engager dans « la transition/révolution numérique » et à moderniser et rendre plus efficaces –  et moins coûteuses – leurs méthodes de formation, de sensibilisation, de plaidoyer, de mobilisation sociale, etc. à l’heure de l’Internet, des smartphones et de WhatsApp.

« Stand up », un projet réellement novateur

Le constat fait par l’Observatoire de la parité et de l’égalité H/F (OPE) est celui de la généralisation et de la pénétration inexorables des outils numériques, de plus en plus répandus et utilisés (Internet, Réseaux sociaux, WhatsApp, Smartphones, etc.) par la plupart des groupes cibles de l’Observatoire de la parité et de l’égalité H/F  (femmes, jeunes filles et jeunes gens, dirigeant.e.s d’OSC, femmes leaders, femmes politiques, entrepreneures, autorités nationales, provinciales et locales, etc.) permettent dorénavant de réaliser, de façon plus efficace et moins coûteuse, la plupart des activités de formation, de sensibilisation, de plaidoyer, de réseautage, de mobilisation sociale, etc. EN FAISANT UN RECOURS INTENSIF AUX NOUVELLES TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION (NTIC).

En un mot, on ne peut plus, à l’époque de l’Internet et des smartphones, développer des activités, des projets et des programmes, comme si l’on était encore à l’époque de la phonie et du téléphone fixe.

L’Observatoire de la parité a donc, depuis plusieurs années déjà, pris pleinement en compte cette « transition/révolution numérique » et se propose d’en tirer le plus grand impact grâce aux nombreux avantages que présente la réalisation d’activités de formation, de sensibilisation, de plaidoyer, de réseautage, etc. AVEC LES OUTILS NUMERIQUES OFFERTS PAR LES NOUVELLES TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION (NTIC).

Quels sont les principaux avantages des outils numériques ?

  1. Les activités réalisées avec les outils numériques atteignent un public plus large.

Prenons l’exemple de la « Clinique électorale en ligne » déjà mise en place par l’Observatoire de la parité à l’intention des candidates aux dernières élections législatives nationales et provinciales en RDC. Ouvrir une Clinique électorale dans un bureau à Kinshasa, à Bukavu ou ailleurs est très coûteux et ne permet d’atteindre qu’un nombre très limité des femmes candidates, celles qui habitent dans ces grandes villes et/ou celles très rares qui ont les moyens de s’y déplacer. Seules quelques privilégiées peuvent donc y prendre part, laissant les candidates issues de circonscriptions dans les endroits les plus reculés dans l’incapacité de bénéficier de ces formations et de ces renforcements de capacité. La « Clinique électorale en ligne » par contre, permet d’atteindre les candidates vivant dans les territoires ruraux, plus reculés ou enclavés. Une adaptation des contenus de la Clinique électorale en ligne peut être aisément réalisée à faible coût pour rendre les modules de formation des candidates utilisables dans d’autres circonstances ou contextes, par exemple les élections locales en RDC, les élections législatives au Burundi, etc.

  1. Les activités réalisées avec les outils numériques ont un moindre coût

En continuant avec le même exemple, l’organisation d’ateliers ou sessions de formation pour les candidates présente les mêmes obstacles d’accessibilité et aussi de coûts d’organisation (location de salle, transport, per diem, rémunération des formateurs et intervenants, etc.). La diffusion de Guides et Manuels en version papier est elle aussi très restreinte pour les mêmes raisons. Pour l’OPE, il est donc urgent et prioritaire de renverser ces obstacles en utilisant à bon escient les nouvelles technologies de l’information et de la communication, les NTIC, pour atteindre potentiellement toutes les candidates aux élections, y compris dans les circonscriptions rurales.

De même, de nombreuses activités internes et externes des OSC, telles certaines conférences, ateliers, réunions d’organes dirigeants, sessions de formation, etc. ont des coûts très élevés en raison de la taille du pays, du prix élevé des transports aériens, des frais de mission, de per diem, des dépenses pour location de salle, impression des supports papier, etc. Le recours aux NTIC permet de remplacer beaucoup de ces activités « en présentiel » par des activités « en mode virtuel », « en ligne » (online) grâce aux technologies numériques. L’organisation de webinaires[6], de vidéo-conférences[7], de forums de discussion, de groupes WhatsApp centrés sur une thématique ou réunissant un groupe-cible, de formations en ligne ou MOOC[8] (Massive Online Open Course), etc. permet d’intensifier ces activités tout en en réduisant considérablement les coûts, ce qui n’est pas à négliger à l’heure des restrictions budgétaires.

  1. Les activités réalisées avec les outils numériques sont plus durables et plus interactives

Par exemple, la « Clinique électorale en ligne » déjà mise en place par l’Observatoire de la parité à l’intention des candidates aux élections législatives nationales et provinciales en RDC ne doit pas être remise en place à l’intention des futures candidates aux prochaines élections locales. L’ensemble des modules de formation et de renforcement des capacités des candidates restent valables et disponibles pour cette cible, moyennant quelques adaptations et ajouts. Ce qui représente également une économie de coûts.

De plus les outils numériques permettent d’instaurer une relation durable et interactive avec les différentes cibles puisqu’une fois leur adresse e-mail, leur numéro WhatsApp, etc. enregistrés dans des bases de données (qui peuvent être segmentées selon les cibles visées), il est très simple et peu couteux d’entretenir une relation durable, par l’envoi régulier de e-mails, d’une newsletter, par des messages et appels vocaux ou vidéo gratuits, etc. C’est ainsi que les milliers d’abonnés au magazine féministe en ligne www.deboutcongolaises.org sont avertis plusieurs fois par mois de la publication d’un nouvel article (Pour vous abonner à Debout Congolaises ! ou vous inscrire à la Clinique électorale en ligne, CLIQUEZ ICI).

  1. Les activités réalisées avec les outils numériques permettent un approfondissement plus important des sujets traités

Les modules de formation en ligne ou les MOOC (Massive Online Open Course) ou les articles publiés sur un média en ligne, par exemple, peuvent contenir des liens vers des études, rapports, ouvrages, modules de formation, vidéos, podcasts, etc. qui permettent aisément à l’apprenant ou au lecteur d’entrer en profondeur dans les questions étudiées, beaucoup plus que lors de la participation à un traditionnel atelier ou lors de la lecture d’un article sur un support papier. Presque tous les articles de www.deboutcongolaises.org contiennent ce genre de liens.

  1. Les activités réalisées avec les outils numériques exigent un engagement personnel plus important

Les activités de formation en ligne nécessitent évidemment un effort personnel plus important de la part de l’apprenant qui ne doit pas se contenter d’écouter un exposé mais doit consacrer du temps de lecture, d’exercices et de travaux pratiques, de recherche personnelle de documentation, etc. en « autodidacte. Cela pousse donc chacun à retrouver ce sens de l’effort personnel que trop de personnes et d’acteurs de la société civile ont abandonné,  parfois par facilité ou paresse intellectuelle.

  1. Les activités réalisées avec les outils numériques ont un impact bien au-delà du lieu où elles sont exécutées

Pour reprendre l’exemple de la Clinique électorale en ligne, créée initialement à Bukavu pour atteindre les femmes candidates du Sud-Kivu, elle a permis d’atteindre ces cibles non seulement dans les Territoires de cette province mais aussi des candidates dans d’autres provinces et jusqu’à Kinshasa et cela sans aucune augmentation de coût. De même des formations en ligne (MOOC) ne s’adressent pas à un groupe de 20-30 personnes mais peuvent atteindre des centaines, des milliers d’apprenants pourvu qu’ils disposent simplement d’un smartphone à écran de quelques pouces (accessible aujourd’hui pour quelques dizaines de $) et d’un accès à Internet (autant que possible via des points d’accès Wifi gratuit).

  1. Les activités réalisées avec les outils numériques peuvent être délocalisées facilement.

Dans l’hypothèse où la réduction de l’espace civil et humanitaire dans certaines zones ou que la situation sécuritaire et sanitaire ne permet pas l’exécution efficiente et continue des actions et activités de l’Observatoire de la parité ou de tout OSC dans certains territoires, la délocalisation ou l’extension des zones de mise en œuvre des activités vers d’autres territoires ou provinces est aisément réalisable, de nouveau à coût modéré. Sans compter que certaines activités de sensibilisation, de formation, etc. peuvent se poursuivre « à distance » même sans la présence physique sur terrain des animateurs responsables de ces activités

C’est en fonction de tous ces nombreux avantages que l’Observatoire et d’autres OSC de défense des droits des femmes peuvent de plus en plus réaliser de nombreuses activités (d’information, de sensibilisation, de formation, de renforcement des capacités, de plaidoyer, de mobilisation sociale, etc.) en faisant appel aux NTIC et aux multiples outils numériques aujourd’hui disponibles parce qu’ils sont susceptibles d’atteindre plus efficacement et à moindre coût les résultats attendus.

Il faut noter aussi que cette « transition numérique » ou cette « révolution digitale » peuvent être mises en application par les OSC dans d’autres domaines d’action que celui de la défense des droits des femmes puisque tous ces outils numériques (et les avantages qu’ils procurent) sont évidemment transposables et utilisables dans d’autres champs d’activité.

La durabilité de l’action d’une organisation est aujourd’hui assurée d’avantage par l’utilisation des NTIC que par les méthodes traditionnelles de formation, sensibilisation, etc. L’ancrage local d’une organisation peut aussi être mieux garanti aujourd’hui essentiellement par les « vertus relationnelles » des réseaux et des médias sociaux.

En conclusion, l’originalité et le caractère novateur du Projet STAND UP est qu’il propose de recourir plus intensivement aux NTIC dans la mise en œuvre d’un grand nombre d’ activités. Ce qui signifie de ne plus recourir uniquement aux vieilles méthodes traditionnelles utilisées pour la sensibilisation, la formation et le renforcement des capacités, le plaidoyer, etc. tels les ateliers, conférences, forums, sessions de formation en présentiel, etc. qui présentent les grands désavantages d’être très coûteux et de n’atteindre le plus souvent qu’un public restreint, limité le plus souvent les privilégié.e.s qui vivent dans les grands centres urbains.

Des résultats comparables, voire même bien supérieurs, peuvent être obtenus en utilisant tous les outils de la « révolution numérique » c’est-à-dire l’Internet, les réseaux sociaux, et les smartphones de plus en plus répandus et de moins en moins chers.

Les OSC de la RDC accusent aujourd’hui un grand retard en ce domaine, au regard des expériences et des pratiques développées dans d’autres pays africains. Pour s’en convaincre, il suffit de parcourir des rapports et études récentes sur ce sujet : Les civic tech en Afrique : citoyens et technologies pour dynamiser la démocratie ou Les tendances du secteur des technologies et des médias en Afrique selon Deloitte ou encore Citoyenneté numérique : ce que l’ Afrique prépare.

Ce retard accusé par la RDC et sa société civile n’est pas une fatalité.

Le challenge auquel veut faire face le Projet STAND UP de l’Observatoire de la parité, avec l’appui de partenaires techniques et financiers, est de ne pas se laisser creuser ce fossé numérique (surtout pour les femmes et les filles), mais de s’engager résolument dans la voie de l’utilisation des nouvelles technologies au service du développement, de l’autonomisation de la femme, de l’égalité et de la parité H/F, de la participation politique de la femme, de l’entrepreunariat féminin, de la masculinité positive, de la bonne gouvernance, de la démocratie, etc.

Comme plusieurs études et sondages le prouvent, un très grand nombre d’africain.e.s, de Congolais.es et des cibles de l’Observatoire de la parité et des OSC  sont déjà ou seront bientôt utilisatrices d’un smartphone (téléphone intelligent) qui leur permet non seulement :

  • de téléphoner à moindre coût (via WhatsApp) et d’utiliser les réseaux sociaux (Facebook), mais aussi
  • de s’informer (via les médias en ligne de + en + nombreux),
  • de lire (via les e-books),
  • de se former (via les plateformes de E-learning et les MOOC),
  • de se documenter (via les bibliothèques numériques) mais encore
  • de revendiquer, de se mobiliser (par ex. pour une observation citoyenne des élections)

bref, de participer à la « transition/révolution numérique » et d’exercer de plus en plus et de mieux en mieux leur « citoyenneté numérique ».

Dans cette optique, l’Observatoire de la parité se propose d’accompagner les OSC   dans la mise en œuvre, dans les années à venir, de leurs activités programmées, en ayant recours plus intensivement aux NTIC, activités qui se retrouvent dans leurs champs d’activité de formation, de renforcement des capacités, de réseautage, de plaidoyer, de sensibilisation, d’analyses/études, etc.

Une grande partie de ces activités (donc pas toutes) peuvent aujourd’hui être réalisées de façon plus efficace en utilisant les outils modernes numériques de préférence aux outils traditionnels, pour les raisons évoquées ci-dessus.

La mise en œuvre de toutes ces activités réalisées avec les outils numériques demande de disposer d’infrastructures techniques au service de la communauté et des différentes cibles sous la forme de « Maisons digitales de la femme et de la jeune-fille » localisées de la manière la plus adéquate pour atteindre facilement le plus grand nombre de cibles/personnes/clients visés par l’Observatoire de la parité et les OSC de défense des droits des femmes et jeunes filles.

LES MAISONS DIGITALES DE LA FEMME ET DE LA JEUNE-FILLE

La mise en œuvre de toutes ces activités utilisant intensivement les technologies de l’information et de la communication nécessite un nouveau type d’infrastructures de base (différentes des traditionnels bureaux) disposant de l’équipement indispensable à leur bonne exécution.

La proposition de l’Observatoire de la parité est d’ouvrir, à titre de projet-pilote, une ou des MAISONS DIGITALES DE LA FEMME ET DE LA JEUNE-FILLE qui devraient fournir un accès aux services suivants utiles aux OSC pour la réalisation à la base d’un grand nombre d’activités et de services évoqués plus haut :

  • Formation à la « Transition numérique » des OSC centrée sur l’utilisation plus intensive des outils numériques dans leurs champs d’activité de formation, de renforcement des capacités, de réseautage, de plaidoyer, de sensibilisation, d’analyses/études, etc.
  • Point d’accès WiFi gratuit (cybercafé) pour les OSC de femmes, leurs membres, les organisations locales partenaires, etc.
  • Centre de documentation et bibliothèque spécialisés sur les questions de genre y compris l’entreprenariat féminin. La recherche de documentation sur les questions de genre sur le web sera aussi encouragée grâce au cybercafé.
  • E-Bibliothèque ou E-library (Salon de lecture numérique) mettant à la disposition des lectrices des laptops, tablettes et liseuses (e-readers) donnant accès à des livres, à des modules de formation, à des cours en ligne et à de la documentation en version numérique sur les mêmes questions
  • E-Learning ou Centre d’éducation numérique où les femmes et jeunes filles seront initiées et auront accès aux MOOC (Massive Online Open Course / Cours en ligne gratuits ouvert à tous)
  • Incubateur d’entreprises et de start-up : formation (y compris via les MOOC ou cours en ligne) sur la méthodologie GERME « Créez votre entreprise » (étude de faisabilité, élaboration de business plan, etc.) à l’intention des femmes et des jeunes.
  • Salle de réunion/conférence équipée (laptop, projecteur, écran, etc.) de capacité de 20-25 places pour diverses activités (formation, conférence, atelier, réunion, etc.) sans devoir débourser des frais de location de salle.
  • Dans le contexte d’organisation d’élections, Local de permanence de la « Clinique électorale en ligne » encourageant les femmes à se porter candidates, les aidant à se former et les accompagnant sur le chemin de la victoire.
  • Dans le même contexte électoral, Local de permanence d’un Réseau d’observation citoyenne des élections « Tous électeurs, tous observateurs » pour un processus électoral démocratique, transparent et apaisé.  La mise en œuvre des activités et mécanismes de prévention par un tel réseau (Voir l’expérience du Réseau d’observation citoyenne du processus électoral  en RDC) pourrait être facilitée, sur un plan technique, logistique et financier, par la mise à disposition de ce réseau des infrastructures de la Maison digitale)
  • Salle de rédaction « digitale » du magazine online multimédia « Debout congolaisEs !» : L’espace de travail pour les rédactrices et correspondantes locales du magazine deboutcongolaises.org
  • Studio de production digitale : équipé pour la production de podcasts et vidéos réalisés sur smartphone (mobile journalism) à l’aide des logiciels de production audio-visuelle multimédia.

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NOTES :

[1] C’est un pilier fondamental de la résolution 1325 sur les Femmes, la Paix et la Sécurité (2000) et de ses résolutions sœurs, en particulier les résolutions les plus récentes du Conseil de sécurité, la résolution 2122 (2013) et la résolution 2242 (2015). En plus de réaffirmer l’importance de la participation des femmes, la résolution 2242 place aussi une emphase particulière sur la nécessité d’augmenter les financements des organisations et programmes promouvant l’égalité de genre et l’autonomisation des femmes dans les situations de conflit et post-conflit. Sur le plan législatif national, le gouvernement congolais a dévelopé en 2010 un Plan d’action national pour la mise en œuvre de la résolution 1325, s’engageant à augmenter la participation des femmes aux instances décisionnelles.

[2] Les Etats des lieux de la parité publiés par l’Observatoire de la parité peuvent être consultés entre autres sur le site du mouvement Rien sans les femmes (RSLF) géré par l’Observatoire à l’adresse http://riensanslesfemmes.org/dossiers/dossier-etats-des-lieux/

[3] Actuellement, les violences sexuelles (dues à l’insécurité et dans les ménages) sont commises dans toutes les provinces, y compris dans celles non touchées par les conflits armés, et les femmes, quelle que soit leur catégorie sociale, en sont toujours les cibles principales.

[4] Selon l’EDS (Etude Démographie et santé 2013)  ,en RDC, la proportion de femmes en union est de 21 % chez les 15-19 ans. Un très grand nombre de jeunes filles sont mariées précocement dès 15-16 ans. Très peu de programmes se préoccupent de ce problème qui contribue beaucoup à la marginalisation de la femme.

[5] Selon l’EDS (Etude Démographie et santé 2013)  ,en RDC, 46 % de femmes, en union ou en rupture d’union, ont déclaré avoir subi à un moment quelconque des actes de violence physique de la part de leur mari/partenaire actuel ou le plus récent, 37 % de la violence émotionnelle et 26 % des actes de violence sexuelle.

[6] Webinaire est un mot-valise associant les mots web et séminaire, créé pour désigner toutes les formes de réunions interactives de type séminaire faites via internet généralement dans un but de travail collaboratif ou d’enseignement à distance.

[7] Vidéo-conférence : Téléconférence permettant, en plus de la transmission de la parole et de documents graphiques, la transmission en direct d’images animées des interlocuteurs éloignés. Outre la possibilité de voir et d’entendre ses interlocuteurs, la vidéo-conférence est souvent associée à une solution qui permet de présenter des documents et de travailler de manière collaborative. De nombreuses OSC pourraient à l’avenir se servir d’Internet pour communiquer par smartphone ou laptop en vidéo-conférence en utilisant des logiciels ou des applications gratuites.

[8] MOOC (acronyme formé des initiales de massive open online course, en français formation en ligne ouverte à tous ou FLOT, ou encore cours en ligne ouvert et massif ou CLOM) est un type ouvert de formation à distance capable d’accueillir un grand nombre de participants.